Bilan de 42 ans de narcissisme: Du fossoyeur de la cause nationale arabe au fossoyeur de son peuple.
Le fossoyeur de son peuple ou la RĂ©volution comme alibi
René Naba | 04.03.11 | Paris
Objet dâune tentative de renflouement de la part des pays occidentaux en raison du fabuleux marchĂ© que reprĂ©sente son pays et du possible rĂŽle de gendarme quâil est destinĂ© Ă jouer aux portes de lâEurope contre lâimmigration clandestine africaine, le «Guide de la rĂ©volution», vu de la rive sud de la MĂ©diterranĂ©e, est un homme qui nâinspire ni de bons sentiments, ni de beaux souvenirs.
Pays mĂ©connu, longtemps mis au ban de la communautĂ© internationale, dirigĂ© par un homme qui a longtemps encombrĂ© lâinconscient collectif par ses extravagances, la Libye a fait son grand retour sinon sur la scĂšne internationale Ă tout le moins sur la scĂšne mĂ©diatique avec la permanence des contorsionnements qui ont fait sa rĂ©putation et les malheurs du monde arabe. Au point de lâaccuser de cultiver «lâalibi comme rĂ©volution», tant les officiels libyens sont passĂ©s maĂźtres dans lâart de triturer la rĂ©alitĂ©, de torturer la vĂ©ritĂ© dans lâunique but de sâexonĂ©rer de tout ce gĂąchis.
A- La reddition Ă lâordre israĂ©lo amĂ©ricain
Six ans aprĂšs le raid amĂ©ricain contre Tripoli et Benghazi, la Libye Ă©tait en effet frappĂ©e dâembargo par lâONU, en avril 1992, Ă la demande des Etats-Unis qui avaient attendu la fin de la 1Ăšre guerre contre lâIrak (1990-1991) pour activer la machinerie diplomatique internationale en vue de remettre la pression sur le Colonel Mouammar al-Kadhafi, considĂ©rĂ© alors comme un chef de file rĂ©volutionnaire dans le tiers-monde et commanditaire dâattentats de type terroriste. Pendant sept ans (12 avril 1992- 11 dĂ©cembre 1999), la Jamahiriya vivra en autarcie Ă©conomique et en rĂ©clusion mĂ©diatique, comme zappĂ©e des Ă©crans mondiaux. Le trublion ne faisait plus recette, faute de ressources, faute de recette miracle pour amuser la galerie. Hagard, livide, Kadhafi errait de campement en campement dans son grand dĂ©sert libyen, subitement dĂ©sertĂ© par la cohorte des satrapes en manque de sinĂ©cures.
La Libye nâĂ©tait pas dâun abord facile. Elle est devenue dâun accĂšs difficile. Douze heures de route depuis Djerba en Tunisie, mĂȘme en limousine climatisĂ©e, mĂȘme Ă travers une route goudronnĂ©e, pouvaient rebuter le plus endurci des voyageurs: Tripoli est lâune des villes les moins riantes du pourtour mĂ©diterranĂ©en et le discours libyen dâune indigence soporifique. Et puis la Libye nâĂ©tait pas lâEmpire du milieu ni Kadhafi le centre du Monde, dont le centre de gravitĂ© sâĂ©tait dĂ©placĂ© depuis le dĂ©but de la dĂ©cennie 1980 vers lâAsie occidentale, la zone Afghanistan Irak, lâautre point dâendiguement du camp antioccidental.
LâIrak, fort de son exploit dâavoir fixĂ© la RĂ©volution chiite khomeyniste pendant dix ans (1979-1989) sur le champ de bataille irako iranien dans la plus longue guerre conventionnelle de lâhistoire moderne, convoitait le KoweĂŻt en guise de butin de guerre pour renflouer sa trĂ©sorerie dĂ©faillante. Une «tempĂȘte du dĂ©sert» soufflĂ©e par lâAmĂ©rique pulvĂ©risera et ses rĂȘves et ses projets, renvoyant lâIrak Ă un Ăąge quasi-nĂ©olithique, en marge de lâHistoire et Saddam Hussein, le Nabuchodonosor des temps modernes, rĂ©duit au rang de simple mercenaire des pĂ©tromonarchies du Golfe. Un constat dâautant plus amer que la tempĂȘte chamboulant tout sur son passage rompait la logique des blocs en cimentant dans une mĂȘme alliance dâanciens adversaires irrĂ©ductibles (Nord-Sud, producteurs et consommateurs de pĂ©trole, Arabes et IsraĂ©liens), un bouleversement stratĂ©gique prĂ©figurant les alliances du XXI me siĂšcle qui se reproduira lors de lâinvasion amĂ©ricaine de lâIrak, en 2003, qui se reproduira une troisiĂšme fois en 2007-2008 contre lâIran en phase de nuclĂ©arisation.
LâAfghanistan, lâautre volet de la stratĂ©gie amĂ©ricaine, avait lui aussi clouĂ© au sol pendant dix ans (1980-1990) la glorieuse «armĂ©e rouge», accĂ©lĂ©rant la dĂ©composition de lâEmpire soviĂ©tique, mais les Talibans wahhabites, fruits de la copulation amĂ©ricano saoudienne, dĂ©sormais en dĂ©shĂ©rence de pouvoir, procĂ©daient au meurtre symbolique de leurs parrains respectifs par une sĂ©rie dâactions dâĂ©clats politique et militaire contre le royaume saoudien et les Etats-Unis dâAmĂ©rique. Alors que lâancien agent de liaison entre AmĂ©ricains et combattants islamistes, Oussama Ben Laden, ancien ressortissant saoudien, revendiquait la constitution dâune «RĂ©publique islamique du Hedjaz» sur le pĂ©rimĂštre des lieux saints de lâIslam pour chĂątier la dynastie «impie» des Wahhabites pour sa connivence avec lâAmĂ©rique lors de la guerre contre lâIrak, ses poulains se livraient en 1995 Ă des attentats contre des objectifs amĂ©ricains en Afrique (attentats contre les ambassades amĂ©ricaines de Dar es-Salaam (Tanzanie) et Nairobi (Kenya), ainsi que contre le QG de la garde nationale saoudienne, en prĂ©lude au grand exercice de pyrotechnie aĂ©rienne du 11 septembre 2001.
La Libye Ă©tait aux abonnĂ©s absents, Ă dire vrai, le cadet des soucis des AmĂ©ricains. En butte comme eux Ă lâopposition islamiste, Kadhafi retrouvera les attraits dâautant plus rapidement quâil avait rendu de signalĂ©s services aux occidentaux durant sa pĂ©riode faste, pourchassant les communistes soudanais, dĂ©capitant le mouvement chiite libanais Amal, apparaissant de surcroĂźt comme un utile contrepoint Ă lâAlgĂ©rie et Ă la Russie, deux pays hors de la sphĂšre occidentale, fournisseurs exclusifs de gaz Ă lâEurope continentale. Le blocus de la Libye a durĂ© sept ans (12 avril 1992-11 dĂ©cembre 1999), le plus court blocus de lâhistoire contemporaine. En comparaison, Cuba rĂ©siste depuis cinquante ans au blocus amĂ©ricain. MalgrĂ© toutes les privations, le rĂ©gime castriste continue de tenir tĂȘte Ă la premiĂšre puissance militaire de la planĂšte pourtant situĂ©e Ă quelques encablures de lâĂle. Fidel Castro assumera la transition du pouvoir aprĂšs sâĂȘtre assurĂ© de la relĂšve rĂ©volutionnaire en AmĂ©rique latine, Hugo Chavez au Venezuela et Evo Morales en Bolivie.
Saddam Hussein, pour sa part, aura rĂ©sistĂ© 13 ans Ă la pression amĂ©ricaine et tombera dans la dignitĂ©, faisant de son supplice un exemple de courage dans lâadversitĂ©, transcendant son passĂ© dictatorial au point de passer pour un «martyr» au regard dâune large fraction de lâopinion arabe et musulmane. Kadhafi, lui, sacrifiera deux de ses subordonnĂ©s en guise de solde de tout compte aux attentats aĂ©riens quâil est accusĂ© dâavoir commanditĂ© Ă Lockerbie (Ecosse) et au TĂ©nĂ©rĂ© (dĂ©sert africain). Il sacrifiera Ă©galement dans la foulĂ©e son programme nuclĂ©aire dĂ©voilant du coup tout un pan de la coopĂ©ration atomique avec les pays arabes et musulmans pour la survie de son rĂ©gime.
B â Le renflouement occidental
Premier dĂ©placement officiel en Europe occidentale depuis un quart de siĂšcle, la visite du Mouammar al-Kadhafi en France, le 10 dĂ©cembre 2007, se voulait un acte de rĂ©habilitation solennelle du dirigeant libyen par la communautĂ© occidentale par suite de son ralliement Ă sa stratĂ©gie tant en ce qui concerne son dĂ©sarmement, que la lutte contre le fondamentalisme islamique, lâimmigration clandestine africaine ou la politique Ă©nergĂ©tique mondiale. Mais ce processus de respectabilisation semble sâĂȘtre retournĂ© contre ses concepteurs tant les objectifs divergeaient sur le sens et la portĂ©e de ce voyage, leur conception respective de lâhospitalitĂ©, les pesanteurs du pays hĂŽte, la fulgurance de lâautre.
Tout pourtant avait Ă©tĂ© mĂ©ticuleusement rĂ©glĂ© pour que le sĂ©jour français du dirigeant libyen soit vĂ©cu comme une apothĂ©ose, la justification a posteriori de ses reniements successifs et sa mise conformitĂ© avec les standards occidentaux. Tout jusques et y compris la date de la visite qui ne devait rien au hasard. En perfectionniste, le protocole français avait fait coĂŻncider la visite avec la date commĂ©morative du 8 me anniversaire de la levĂ©e des sanctions de lâOnu le 11 dĂ©cembre 1999. Manque de chance ou de perspicacitĂ©? Cette date lĂ coĂŻncidait aussi avec la cĂ©lĂ©bration annuelle de la JournĂ©e internationale des Droits de lâHomme. Un hasard de calendrier malheureux qui donnera lâoccasion Ă dâanciens commensaux de Kadhafi de se dĂ©marquer Ă bon compte, en un pur exercice de dĂ©magogie et dâopportunisme politique. Ce fut notamment le cas de Rama Yade, une participante aux agapes de Juillet Ă Tripoli avec le Colonel Kadhafi, qui nâhĂ©sitera pourtant pas Ă sâindigner opportunĂ©ment lors de la venue du dirigeant libyen Ă Paris. Ainsi se forgent les lĂ©gendes par le maniement dâune indignation sĂ©lective.
Chef dâun Etat Ă la richesse convoitĂ©e, Kadhafi se vivait Ă Paris de plain pied comme un nĂ©gociant majeur de la scĂšne mondiale, non comme un marginal. Sa visite au chĂąteau de Versailles casquĂ© en peau de lapin et bottĂ© nâavait pas dâautre sens. La oĂč ses dĂ©tracteurs, nombreux, dĂ©celaient des excentricitĂ©s, Kadhafi ancrait sinon son authenticitĂ© du moins son originalitĂ©: Installer une tente dans lâenceinte du Palais Marigny, la rĂ©sidence officielle des hĂŽtes de la France, pouvait accentuer lâimage caricaturale des Arabes, dĂ©jĂ passablement dĂ©gradĂ©e dans un pays en pleine poussĂ©e xĂ©nophobe. Et beaucoup se sont gaussĂ©s de ce Camp du Drap dâor, de ce camp du drap dâor griffĂ© Dior, qui a accentuĂ© dans lâopinion lâidĂ©e dâun Roi dâopĂ©rette, ce quâil peut ĂȘtre par moment, souvent, passionnĂ©ment mĂȘme devant la cohorte de ses flagorneurs.
Le dĂźner a minima Ă lâElysĂ©e dâoĂč sâexonĂ©rĂšrent de personnalitĂ©s de premier plan, tel Bernard Kouchner, en charge de la diplomatie et Ă ce titre un ancien commensal de Kadhafi en juillet Ă Tripoli, achĂšvera de convaincre le libyen que ce voyage prenait lâapparence dâun attrape-nigaud. LĂ oĂč Sarkozy faisait miroiter centrales nuclĂ©aires, avions de combat rafale invendables, le bĂ©douin du dĂ©sert libyen comptabilisait les manquements Ă son Ă©gard. LâEspagne, deuxiĂšme Ă©tape de la tournĂ©e europĂ©enne du dirigeant libyen, fera une abondante moisson de onze milliards de dollars de contrats. La France, un maigre kopeck. La mauvaise alchimie entre un dirigeant libyen erratique et un prĂ©sident français impulsif et compulsif a fait de ce voyage la plus grosse plaisanterie planĂ©taire de lâhistoire diplomatique rĂ©cente. Une mascarade qui tire son origine de lâexpression arabe une «Maskhara», une risĂ©e universelle.
C â La RĂ©volution comme alibi
FraĂźchement dĂ©gagĂ© de lâembargo qui lâĂ©tranglait, le pouvoir libyen sâest empressĂ© une nouvelle fois de se vautrer dans ses habitudes si abusivement corrosives tant pour la Libye que pour lâimage de lâArabe dans lâopinion internationale. A lâimage des princes du pĂ©trole quâil dĂ©nigre mais dont il est lâĂ©gal.
Un tel comportement sâapparente Ă une imposture doublĂ©e dâune calamitĂ©, tant ce rĂ©volutionnaire de pacotille ne tĂ©moigne la moindre considĂ©ration pour lâaustĂ©ritĂ© endurĂ©e par le peuple libyen du fait de la politique erratique de son pĂšre, les souffrances du peuple palestinien, les privations des peuples libanais et irakiens, la prĂ©caritĂ© du monde arabe et sa vassalisation Ă lâordre israĂ©lo amĂ©ricain.
Le guide de la RĂ©volution avait pourtant assurĂ© derniĂšrement quâil avait commis des erreurs et quâil avait changĂ©. Ce nâest assurĂ©ment pas le cas, tant aura Ă©tĂ© brĂšve la rĂ©mission et le remords absent. Pas un mot de regret pour tous ses forfaits antĂ©rieurs au point que la justice libanaise vient de lui administrer une douloureuse piqĂ»re de rappel par une citation Ă comparaĂźtre, pour lui rafraĂźchir la mĂ©moire dans son implication dans la disparition du dignitaire religieux libanais. Justifiant son virage et ses multiples reniements, Le colonel Kadhafi a confessĂ© derniĂšrement, en guise dâexcuse absolutoire, quâil sâĂ©tait trompĂ© durant la premiĂšre tranche de son rĂšgne. Il se murmure Ă Tripoli, Benghazi, Sebha et Syrte quâun cauchemar hante les Libyens, celui de se rĂ©veiller un jour avec un Kadhafi leur confessant Ă nouveau quâil sâest une nouvelle fois trompĂ© les trente annĂ©es suivant de son rĂšgne.
TrĂŽnant sur une nappe de pĂ©trole (1), le doyen des dirigeants arabes contemporains, la trĂ©sorerie dĂ©bordante de devises fortes, a manquĂ© singuliĂšrement de crĂ©dit. Nul nâĂ©tait dupe. Nul ne sera plus dupĂ©. La Fondation Kadhafi pour les droits de lâhomme, la structure ad hoc chargĂ©e de recycler le dirigeant libyen dans lâhonorabilitĂ© en rĂ©glant au plus fort coĂ»t le prix de ses turpitudes passĂ©es, notamment lâindemnisation des 288 victimes de Lockerbie ou la libĂ©ration des otages occidentaux de Mindanao (Philippines) a relevĂ© du domaine du rafistolage. Par ses foucades et ses rebuffades, ce militaire dâapparat et de parade, ce thĂ©oricien rĂ©volutionnaire de la troisiĂšme voie universelle, sâest mĂ» en bouffon des sommets arabes quâil menaçait rĂ©guliĂšrement de quitter, la risĂ©e universelle de lâopinion internationale, le dĂ©sespoir des peuples arabes lassĂ©s par ses frasques Ă rĂ©pĂ©tition.
Le dĂ©clic libyen sâest produit dans la foulĂ©e de sa dĂ©fense de son compĂšre tunisien, Zine el Abidine bel Ali, dĂ©boulonnĂ© aprĂšs 23 ans de dictature. Un plaidoyer pro domo injustifiĂ© pour celui quâil dĂ©signera «le meilleur dirigeant que la Tunisie pouvait avoir», une provocation qui encouragera les Libyens Ă lui rĂ©server le mĂȘme sort quâa son partenaire en affaires. Kadhafi a longtemps Ă©tĂ© un rescapĂ© politique sans pour autant ĂȘtre assurĂ© dâune pĂ©rennitĂ© historique. Un parfait exemple dâun naufrage politique. Un parfait contre-exemple dâune Ă©thique du commandement illustrĂ© par le comportement de lâhĂ©ritier du clan, prĂ©sumĂ© libĂ©ral, SeĂŻf Al Islam, qui menacera de partition son pays, pilonnant son peuple au mortier.
D- De «lâEtat des masses populaires» en «Etat des massacres populaires».
La dĂ©mesure de sa riposte suscitera une levĂ©e de boucliers de lâarmĂ©e, lâossature du rĂ©gime, et la dĂ©fection de certaines des figures les plus emblĂ©matiques du groupe historique des «officiers libres», artisan en 1969 du renversement de la monarchie: Le colonel Abdel Moneim Al-Houni, le colonel Al Khoueildy al Houeidy, le gĂ©nĂ©ral Abou Bakr Jaber Younes, inamovible commandant en chef de lâarmĂ©e depuis 30 ans, le gĂ©nĂ©ral Abdel Salam Awad Al-Hassy, chef opĂ©rationnel des forces spĂ©ciales et, dernier et non le moindre, son propre cousin, Ahmad-Kadhaf-Ad Dam, lâancien chef des services de renseignements et Ă©missaire auprĂšs de la France lors du conflit tchado-libyen.
Deux des anciens membres du groupe prendront mĂȘme la tĂȘte de la contestation populaire, lâun Ă Tripoli, Le colonel Abdel Moneim Al-Houni, et, le second le capitaine Al Khoueildy al Houeidy Ă Misratah, Ă lâOuest de la capitale, alors que le commandant en chef de lâarmĂ©e Ă©tait mis en rĂ©sidence surveillĂ©e.
Lâun des rares survivants du groupe rĂ©volutionnaire, le colonel Abdel Moneim Al-Houni, abandonnera son poste au Caire de reprĂ©sentant de la Libye auprĂšs de la Ligue arabe dans une dĂ©marche de dĂ©fiance contre les abus de son ancien compagnon dâarmes. Joignant le geste Ă la parole, il prendra la tĂȘte de la manifestation anti Kadhafi Ă Tripoli, le centre nĂ©vralgique du pays, pour «rallier la RĂ©volution», la vraie, la rĂ©volution du peuple, pas celle des charlatans
La dĂ©fection de son propre cousin, Ahmad Kadhaf ad-Dam, au mĂ©pris des rĂšgles de la solidaritĂ© clanique, fait unique dans les annales tribales, se superposant Ă la dĂ©mission en cascade du corps diplomatique libyen Ă lâĂ©tranger, de mĂȘme que la prise de distance de son ancien secrĂ©taire particulier, Abdel Rahman Chalgham, dĂ©lĂ©guĂ© de la Libye aux Nations Unies, accentueront lâisolement du rĂ©gime libyen et feront vaciller ses assises.
Ancien ministre des Affaires Ă©trangĂšres et ancien ambassadeur Ă Rome, M. Chalgham a Ă©tĂ© lâun des artisans du rapprochement entre la Libye et les pays occidentaux, le nĂ©gociateur de lâaccord accordant cinq milliards de dollars Ă la Libye par lâUnion EuropĂ©enne en vue de lutter conte lâimmigration clandestine africaine Ă destination de lâEurope.
Au terme de deux semaines de contestation, lâĂ©tat des lieux de la configuration tribale prĂ©sentait un paysage complĂštement bouleversĂ© avec plusieurs provinces en Ă©tat de sĂ©cession ouverte (2), notamment la zone orientale autour de Bengazi et le Fezzan. Seule la zone de Syrte, rĂ©gion natale de Kadhafi et zone de dĂ©ploiement de la tribu des Kazzafa ainsi que Sebha, qui abrite une forte proportion des membres de la tribu de Kadhafi, dans le sud du pays, nâavaient pas ralliĂ© le camp des adversaires du Colonel.
Jouant de la duplicitĂ© tout au long de son rĂšgne, lâhomme qui avait saturĂ© les ondes de la planĂšte de discours Ă tonalitĂ© panafricaniste et pan arabe, attisant le tribalisme sur le plan interne, fondant son pouvoir sur lâantagonisme inter tribal, a Ă©tĂ© piĂ©gĂ© Ă son propre jeu. La quasi totalitĂ© des tribus du pays rallieront le nouveau pouvoir transitoire sans tergiversations, ni Ă©tat dâĂąmes tant Ă©tait profonde la phobie que le guide inspirait.
Dans cette Ă©preuve de force avec ses opposants, le Colonel Kadhafi sera de surcroĂźt handicapĂ© par le bouleversement de la gĂ©o stratĂ©gie rĂ©gionale, avec la chute de ses deux alliĂ©s naturels, Hosni Moubarak (Egypte) et Zine El Abidine Ben Ali, ainsi que lâabsence dâun clair et ferme soutien dâun quelconque pays arabe. La sĂ©cession des Touareg, le groupement tribal le plus solidement implantĂ© dans le sud de la Libye, Ă proximitĂ© des frontiĂšres de quatre pays africains, (Mali, Niger, Tchad, Soudan), devrait rĂ©duire la marge de manĆuvre de la branche africaine dâAl Qaeda, lâAQMI, et ses Ă©ventuelles interfĂ©rences sur le thĂ©Ăątre libyen. Auteurs de plusieurs enlĂšvements dans la zone sahĂ©lienne, le verrouillage de la zone frontaliĂšre pourrait relancer, Ă moyen terme, la traque de ses combattants par un meilleur contrĂŽle de ce secteur saharienne rĂ©putĂ© pour sa porositĂ© saharienne.
Lors du printemps des peuples arabes, lâhiver 2011, lĂąchĂ© par la quasi totalitĂ© de ses anciens compagnons de route, arcboutĂ© sur son noyau familial, Kadhafi, ivre de fureur et de rage, donnera toute la mesure de sa fĂ©rocitĂ©, paradoxalement, Ă Benghazi mĂȘme, point de dĂ©part de son coup dâĂ©tat contre la dynastie Senoussi et berceau du hĂ©ros de lâindĂ©pendance libyenne, Omar Al-Mokhtar, ainsi quâĂ Al Bayda (1), siĂšge dâAl Zaouiya Al Bayda, la ConfrĂ©rie blanche, du nom du siĂšge de la confrĂ©rie senoussie.
ArcboutĂ© sur sa proie, Ă©paulĂ© par la garde prĂ©torienne du rĂ©gime, une milice de 30.000 hommes dirigĂ©e par ses quatre fils, SeĂŻf Al-Islam, Mouâtassem Billah (Hannibal), Saadi et Khamis, secondĂ© par un duo de collaborateurs sulfureux, son chef des services secrets Abdallah Senoussi, impliquĂ© dans lâattentat anti français de lâUTA au dessus du TĂ©nĂ©rĂ©, et de son ministre des affaires Ă©trangĂšres, Moussa Koussa, le colonel Mouammar Al-Kadhafi subit le dernier quart dâheure de son long mandat.
RetranchĂ© dans la caserne militaire dâAl Azizya, Ă Tripoli, qui lui tient lieu de rĂ©sidence, abandonnĂ© par ses anciens frĂšres dâarmes, y compris le commandant en chef de lâarmĂ©e, le commandant opĂ©rationnel des forces spĂ©ciales et son ministre de lâintĂ©rieur, le colonel Mouammar Al-Kadhafi ploie sous lâassaut de son peuple dans une vĂ©ritable guerre de libĂ©ration populaire contre sa dictature.
A lâaide de mercenaires recrutĂ©s aux confins de lâAfrique, principalement des Kenyans, de raids aĂ©riens incessants menĂ©s par des mercenaires de lâEurope de lâEst (BiĂ©lorussie, Ukraine, Serbie), il noiera dans un bain de sang et sa rĂ©volution et ses compatriotes qui ont bravĂ© son autoritĂ©, aprĂšs en avoir tant bavĂ© pendant 42 ans. PrĂšs de six mille tuĂ©s en deux semaines de contestation, selon la ligue libyenne des droits de lâhomme, infiniment plus que le nombre de Tchadiens tuĂ©s lors des dix ans de la guerre tchado-libyenne dans la dĂ©cennie 1980.
Tout au long du weekend end du 26 au 27 fĂ©vrier 2011, un spectacle surrĂ©aliste sâest offert aux observateurs arabes: En direct sur la chaĂźne transfrontiĂšre arabe «Al Jazira», chefs dâunitĂ©s combattantes des forces spĂ©ciales, de la police, de lâadministration centrale, des villes, des bourgades et des villages annonçaient leur ralliement Ă la rĂ©volution du 17 fĂ©vrier, dans une extraordinaire dĂ©monstration de rejet du clan Kadhafi, rejoint, paradoxalement, par le Cheikh dâAl Azhar, lâautoritĂ© suprĂȘme musulmane dâEgypte, plus timorĂ© lors de la chute du prĂ©sident Ă©gyptien Hosni Moubarak, qui invitait les Libyens Ă se rebeller contre lâautoritĂ© de leur guide.
Lâannonce samedi 25 fĂ©vrier 2011 par lâancien ministre de la justice de Libye, M. Moustapha Abdel Jalil, de la formation Ă Benghazi dâun comitĂ© national, sorte de Haut comitĂ© de salut public, reprĂ©sentatif de toutes les provinces du pays et de ses couches socio politiques en vue de piloter la transition de lâĂšre post Kadhafi a portĂ© le coup de grĂące Ă la lĂ©gitimitĂ© et Ă la reprĂ©sentativitĂ© du guide de la Jamahiriya.
Lâhomme tentera de conjurer le sort funeste le 2 mars. Prenant prĂ©texte du 34 me anniversaire de lâinstauration de sa Jamahiriya, la populocratie, il reprendra sa vieille antienne dâun pays gouvernĂ© par son peuple, quâil jugera pourtant prudent de gratifier de 500 euros exceptionnelles Ă titre de bonus pour obtenir sa neutralitĂ© dans le conflit. Dâun guide sans pouvoir, ni attributs, alors que ses placements Ă lâĂ©tranger sont estimĂ©s Ă prĂšs de cent trente milliards de dollars. Il tentera un coup de bluff, en reprenant temporairement une localitĂ© Ă proximitĂ© de Benghazi, le terminal pĂ©trolier dâAl-Braiga, dans le golfe de Syrte, le fief de sa tribu, avant dâen ĂȘtre dĂ©logĂ©. Pratiquant la dĂ©nĂ©gation, lâhomme parie en son for intĂ©rieur sur une intervention amĂ©ricaine dont il espĂšre quâelle ressouderait la population autour da sa personne ou lui redonnerait lâimage dâun martyr: Flambeur impĂ©nitent, Kadhafi joue Ă la roulette russe le sort de son pays.
Revanche posthume de tous les suppliciĂ©s innocents du fait pathologique du prince, la chute du tyran, Ă nâen pas douter, va ĂȘtre accueillie avec une particuliĂšre satisfaction par les chiites arabes et lâIran dont il avait ravi leur chef charismatique Ă son envol, Ă lâorĂ©e de la dĂ©cennie 1980.
Sous Kadhafi, pendant 42 ans, La Libye a Ă©tĂ© lâAlbanie de la dĂ©cennie 1950, la CorĂ©e du Nord de la dĂ©cennie 2000. Arme de destruction massive contre son propre peuple et contre les intĂ©rĂȘts gĂ©nĂ©raux du Monde arabe, nulle larme nâa Ă©tĂ© versĂ©e, nulle ne le sera pour ce fossoyeur de la cause nationale arabe, le garde chiourme de lâEurope, le fossoyeur de son peuple dans lâunique guerre quâil aura vĂ©ritablement menĂ©e. Contre son peuple, le peuple de la Jamahiriya, littĂ©ralement «lâĂ©tat des masses populaires», quâil transformera, en guise dâĂ©pilogue de son bilan sanguinaire, en «Etat des massacres populaires».
Références
1- QuatriĂšme producteur de pĂ©trole en Afrique, avec prĂšs de 1,8 million de barils par jour, la Libye possĂšde des rĂ©serves Ă©valuĂ©es Ă 42 milliards de barils. Le pĂ©trole libyen reprĂ©sente plus de 20 % des importations dâor noir de lâIrlande, de lâItalie et de lâAutriche et des parts significatives des approvisionnements de la Suisse, la GrĂšce ou lâEspagne, selon lâAgence internationale de lâĂnergie. Sur les 1,8 million de barils par jour (mbj) de pĂ©trole brut produits, la Libye en exporte 1,49 mbj, en immense majoritĂ© (85 %) vers lâEurope. Voici les pays qui dĂ©pendent le plus du pĂ©trole libyen: Irlande 23,3%, Italie 22,0%, Autriche 21,2%, Suisse 18,7%, France 15,7%, GrĂšce 14,6%, Espagne 12,1%, Portugal 11,1% Royaume-Uni 8,5% Allemagne 7,7% Chine 3%, Australie 2,3%, Pays-Bas 2,3%, Ătats-Unis 0,5%. GrĂące Ă ses rĂ©serves de pĂ©trole et de gaz naturel, la Libye a une balance commerciale en actif de 27 milliards de dollars annuels et un revenu moyen-haut par habitant de 12 mille dollars, six fois plus Ă©levĂ© que celui de lâĂ©gyptien. Environ 1,5 million dâimmigrĂ©s en majoritĂ© nord-africains travaillent en Libye.
Une intervention humanitaire ou militaire amĂ©ricaine, conjuguĂ©e ou non avec lâOtan, avec ou sans lâaccord de lâONU, permettrait aux Ătats Unis de mettre la main sur le robinet ravitaillant lâĂ©conomie europĂ©enne, dans un contexte marquĂ© par lâexacerbation des rivalitĂ©s entre les Occidentaux et la Chine pour la rĂ©partition des ressources africaines. La Chine, 2me puissance Ă©conomique mondiale, est dĂ©jĂ prĂ©sente au Soudan, voisin de la Libye.
Avec environ 5 millions dâentrepreneurs et ouvriers en Afrique, elle a dĂ©jĂ supplantĂ© la France et le Royaume Uni comme 2 me investisseur sur le continent africain. Pour contrer lâinfluence chinoise, les pays occidentaux ont scellĂ© un partenariat militaire avec lâUnion africaine, dont le quartier gĂ©nĂ©ral sera installĂ© Ă Addis AbĂ©ba. Les Ătats Unis sâappuient en effet sur le Commandement Africa (AfriCom) pour sâen servir comme principal instrument de pĂ©nĂ©tration en Afrique.
2- La zone orientale du pays, sous influence culturelle Ă©gyptienne, (Benghazi et Al-Bayda), a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă faire sĂ©cession. Jamais vĂ©ritablement acquise Ă Kadhafi, la zone rebelle Benghazi, la grande ville portuaire de lâEst du pays, a mĂȘme repris lâancien emblĂšme national en vigueur du temps de la Monarchie. LâEmirat de Barka, qui sâĂ©tend de la frontiĂšre Ă©gyptienne au Golfe de Syrte est demeurĂ© fidĂšle aux traditions de la dynastie senoussie, particuliĂšrement Al Bayda, La Blanche, ville des 250 000 habitants, au cĆur du Djebel El Akhdar, La Montagne Verte, est Ă Ă©gale distance Ă vol dâoiseau (800 km) de Tripoli et dâAlexandrie, mais elle est plus proche par la route de la mĂ©tropole Ă©gyptienne que de la capitale libyenne. Son nom Ă©tait Al Zaouiya Al Bayda, La ConfrĂ©rie blanche, du nom du siĂšge de la confrĂ©rie senoussie, dont le siĂšge domine la ville. Elle mĂ©rite aussi son nom par les abondantes chutes de neige qui la recouvrent en hiver. Vendredi 18 fĂ©vrier 2011, Al Bayda aurait Ă©tĂ© libĂ©rĂ©e du rĂ©gime kadhafiste, et la population, appuyĂ©e par la police locale, y aurait pris le pouvoir, au terme dâaffrontements qui auraient fait prĂšs de 200 tuĂ©s du cĂŽtĂ© des contestataires.
3- La zone loyaliste: Le centre du pays, autour de Syrte abritent les deux grandes tribus qui se sont partagĂ© le pouvoir sous lâĂšre post monarchique: Al Kazazafa (la tribu de Kadhafi) et Al Moukarfa (la tribu dâorigine du numĂ©ro du rĂ©gime libyen le commandant Abdel Salam Jalloud, Ă©vincĂ© du pouvoir en 1993 et dâAbdallah Senoussi, le plus proche collaborateur du Colonel Kadhafi et dâun des inculpĂ©s de lâattentat de Lockerbie Al Moukreif. Province choyĂ©e et cible dâune expĂ©dition punitive de lâaviation amĂ©ricaine, dans la dĂ©cennie 1980, pour chĂątier Kadhafi de son soutien au terrorisme, la zone centrale sâest divisĂ©e entre partisans et adversaires de Kadhafi. La configuration tribale de la zone qui comporte douze tribus parait partagĂ©e entre loyalistes et contestataires. La tribu Al Moukarfa du commandant Jalloud ayant rejoint les contestataires aprĂšs lâintervention de lâaviation contre la population civile ainsi que les tribus Wazen, Kaba, al Badr, Tiji.
La région capitale qui va de Tripoli à GhadamÚs, dans la zone frontaliÚre méridionale. Elle abrite les tribus de Zentane et Ourfala, ralliées à la révolution populaire.
La zone du Fezzan, elle, a, dĂšs le dĂ©but des troubles, tranchĂ© en faveur de la contestation. Les Touaregs, longtemps objet de vexations et de brimades, privĂ©s de passeport pour sâassurer leur soutien, ont ralliĂ© trĂšs tĂŽt la contestation populaire. Zone frontaliĂšre du Mali, du Tchad, du Niger, le trafic Ă destination de ces pays a Ă©tĂ© fermĂ©. Abritant la ville de Sebha, base arriĂšre de la guerre du Tchad, dans la dĂ©cennie 1980, la zone a beaucoup souffert des hostilitĂ©s et des variations dâhumeur du colonel Kadhafi dans sa politique Ă lâĂ©gard de la main dâĆuvre africaine.
4- La confrĂ©rie «Al Sannoussia» est une confrĂ©rie religieuse musulmane fondĂ©e Ă La Mecque, en 1837, par le Grand Senoussi Sidi Mohamad Ben Ali Al-Senoussi Senoussi (1791â1859) qui sâest implantĂ©e en Libye et les pays limitrophes (AlgĂ©rie, Egypte, Soudan, Niger, Soudan et au Tchad). Elle a combattu la prĂ©sence italienne et française et son chef dâalors, Sidi Mohamad Idriss Al-Mahdi Al Senoussi (1916-1969) avait accĂ©dĂ© au trĂŽne sous le nom du Roi Idriss Ier. Il sera renversĂ© en 1969 par le coup dâĂ©tat du colonel Mouammar Kadhafi. RĂ©fugiĂ© au Caire, il mourra en 1983. Depuis 1992, son descendant, Sidi Mohamad Ben Al Hassan Al-Senoussi est le prĂ©tendant au trĂŽne.
Sur le plan religieux, la confrĂ©rie se propose dâopĂ©rer un retour aux sources du Coran et Ă lâunitĂ© de lâIslam, dâune part, et, de rĂ©sister Ă lâoccupation europĂ©enne du monde arabe et plus particuliĂšrement en Afrique du nord. Son fondateur Mohammed Ben Ali As-Senoussi naquit en AlgĂ©rie en 1780. AprĂšs des Ă©tudes Ă Fez, quâil approfondit Ă La Mecque et Ă MĂ©dine, cet ascĂšte rassembla ses premiers disciples, prĂȘchant dans les pays quâil traversa. En 1843, ne pouvant rentrer en AlgĂ©rie, occupĂ©e par les Français, il sâĂ©tablit en CyrĂ©naĂŻque, dans lâactuelle Libye, oĂč il fonda ZaouĂŻa Al-Beida (le monastĂšre blanc), la premiĂšre cellule religieuse de la confrĂ©rie. Il sâest implantĂ©e en Libye et les pays limitrophes (AlgĂ©rie, Egypte, Soudan, Niger, Soudan et au Tchad). Elle a combattu la prĂ©sence italienne et française. Son chef dâalors, Sidi Mohamad Idriss Al-Mahdi Al Senoussi (1916-1969) avait accĂ©dĂ© au trĂŽne sous le nom du Roi Idriss Ier. Il sera renversĂ© en 1969 par le coup dâĂ©tat du colonel Mouammar Kadhafi. RĂ©fugiĂ© au Caire, il mourra en 1983. Depuis 1992, son descendant, Sidi Mohamad Ben Al Hassan Al-Senoussi est le prĂ©tendant au trĂŽne. Peu avant de mourir le 18 Juin 1992, le prĂ©tendant au trĂŽne, Hassan Al Rida a nommĂ© son second fils, Sayed Mohammed (nĂ© le 20 0ctobre 1962), son hĂ©ritier. Le Prince vit Ă Londres. Il hĂ©rite dâune situation politique inconfortable. Lâopposition libyenne nâa que peu de voix Ă lâextĂ©rieur de son pays et aucune dans son pays. CrĂ©e en 1981 Ă Londres par Mohamed Ben Ghalbon, lâUnion Constitutionnelle Libyenne lutte ouvertement pour le rĂ©tablissement de la monarchie en faveur des Senoussis.
Omar Al Mokhtar: HĂ©ros de lâindĂ©pendance libyenne (1862-1931), surnommĂ© « Cheikh des militants », est nĂ© en Libye Ă Zawia Janzour de la tribu arabe Al Abaidi de Mnifa. Omar El Mokhtar est le fils de Mokhtar Ben Omar et dâAĂŻcha Bent Mohareb. A 16 ans, orphelin de son pĂšre, il se rendit en pĂšlerinage Ă la Mecque et grandi dans les mosquĂ©es des Senoussie. Ses Ă©tudes seront couronnĂ©es par sa nomination comme cheikh de la mosquĂ©e Al-Okour. Au dĂ©part dâIdris Al-Senoussi vers lÂŽEgypte en 1922, Omar Al-Mokhtar prendra la relĂšve du chef de la confrĂ©rie, menant pendant vingt ans la guĂ©rilla contre lâItalie qui tentait de reconquĂ©rir la Libye au prĂ©texte que ce pays constituait une province de lâEmpire romain et quâelle revenait Ă lâItalie en vertu de ses droits historiques dĂ©coulant de la succession dâĂ©tats.