Une altercation aurait opposé le Président de la République, le Général Michel Aoun, et le Ministre des Finances Ghazi Wazni au cours du conseil des ministres qui s’est déroulé ce mardi, après que ce dernier ait déclaré que ses soutiens politiques s’opposent à un audit détaillé des comptes de la Banque du Liban, “et spécialement effectué par Kroll”.

Le ministre des finances aurait indiqué qu’il signera prochainement les contrats avec les firmes d’audit KPMG et Oliver Wyman pour un audit basic de ces comptes et non avec Kroll qu’il accuse d’avoir des liens avec Israël.

Face à la controverse, le Ministre de l’Industrie Imad Hoballah aurait suggéré au Premier Ministre Hassan Diab de reporter les discussions à la réunion du conseil des ministres qui aura lieu jeudi.

Un audit jugé nécessaire mais également qui fait face à de nombreux obstacles

Ces propos interviennent alors que le chef de l’état s’était interrogé sur les retards pris pour mener un audit financier des comptes de la Banque Centrale, 3 mois après qu’une décision en ce sens ait été prise par le gouvernement Hassan Diab. Il s’agit également de déterminer la taille exacte et les causes des pertes financières de la Banque du Liban, conformément à un engagement du cabinet à adopter une démarche de transparence notamment vis-vis de la communauté internationale alors que le Liban a entamé des négociations avec le Fonds Monétaire International.

Cet audit est jugé également nécessaire pour mener à bien la restructuration de la banque centrale, dont les comptes sont considérés assez obscurs. Ainsi, pour l’heure, on ignore la taille exacte des réserves monétaires nettes pourtant cruciales pour financer les produits nécessaires à la population, mais également pour régler la controverse concernant la taille des pertes du secteur financier.

Au sujet de la démission d’Alain Bifani, alors que le gouvernement a décidé de sursoir à la nomination d’un nouveau directeur du ministère des finances, Ghazi Wazni – considéré comme proche du Président de la Chambre Nabih Berri – aurait même mis sa possible démission en jeu en cas de rejet par le cabinet de la démission de ce dernier.

Alain Bifani avait ainsi accusé certains partis politiques et les banques libanaises de vouloir continuer à détourner les fonds publics et que l’audit qui devrait être mené concernant les comptes de la Banque du Liban démontrerait l’exactitude des pertes du secteur financier estimé à 241 000 milliards de livres libanaises par ses services, une somme décrite comme proche de la vérité par le FMI. Cependant, certains partis politiques souhaiteraient revoir ces pertes à 81 000 milliards de livres libanaises, ce qui complexifie les discussions avec la communauté internationale pour obtenir une aide jugée cruciale pour relancer l’activité économique.

Des sources proches de l’association des banques du Liban avait indiqué faire appel aux députés – dont un certain nombre sont également des actionnaires des établissements financiers – pour rejeter le plan de sauvegarde présenté par le gouvernement qui prévoit un approvisionnement à la totalité du capital des actionnaires existants pour couvrir les pertes du secteur financier.