Bagdad, Paris, Washington DC, New York, Genève, 26 février 2021

Le Musée de Mossoul (Irak), son bâtiment comme sa collection, a été violemment endommagé par Daech. Aujourd’hui, il est progressivement remis en état grâce à un partenariat international unique entre le Conseil national irakien des antiquités et du patrimoine (SBAH), le Musée du Louvre, la Smithsonian Institution, le World Monuments Fund (WMF) et l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH).

Depuis 2018, les membres fondateurs de ce consortium ont stabilisé le bâtiment et la collection qu’il abritait, formé et équipé ses équipes, et contribué à préparer sa réhabilitation complète. En 2020, ils ont été rejoints par le WMF, qui va définir le programme de restauration et de réhabilitation du musée. L’objectif est de rendre le plus rapidement possible cette institution culturelle importante aux citoyens de Mossoul, et de permettre de présenter à nouveau la richesse de la culture irakienne.

Il y a six ans, le 26 février 2015, Daech diffusait sur les réseaux sociaux des vidéos de la destruction du Musée de Mossoul, suscitant une onde de choc dans le monde entier. Ce musée, le deuxième plus grand en Irak après celui de Bagdad, abritait des trésors préislamiques de Nimrud et Hatra, ainsi que des chefs- d’œuvre parthes et assyriens. L’ampleur de cette destruction n’a été connue par la communauté internationale qu’après la libération de Mossoul, en juillet 2017. Un an plus tard, en juin 2018, le ministère irakien de la Culture, du Tourisme et des Antiquités demandait à ALIPH de soutenir financièrement la réhabilitation du musée et de ses collections. ALIPH a ainsi approuvé une première subvention de plus de 1,3 million USD, et le Musée du Louvre et la Smithsonian Institution se sont joints au projet pour apporter leur expertise et soutenir les équipes irakiennes.

A l’automne 2018, une première rencontre entre les représentants du Musée du Louvre, de la Smithsonian Institution et d’ALIPH et les équipes irakiennes a permis d’identifier les priorités du projet et les besoins immédiats. Rapidement, la Smithsonian Institution a stabilisé le bâtiment à travers la fortification de ses portes, le remplacement de ses fenêtres et le renforcement des clôtures extérieures. L’évaluation des dommages subis par la collection a en outre révélé qu’une grande partie, notamment un lion colossal de Nimrud, la Stèle du Banquet, un Lamassu monumental et un précieux cénotaphe en bois, avait été gravement endommagée, que 25 000 volumes de la bibliothèque avaient été brûlés et que de nombreux objets avaient disparus. Sur la base de cette évaluation et de celle du bâtiment, un plan d’action, coordonné par le Musée du Louvre et publié en novembre 2019, a déterminé les grandes étapes de la réhabilitation en vue de la réouverture du musée.

Première étape de la préservation de la collection, les fragments des artefacts ont été minutieusement triés, documentés, nettoyés et stockés par l’équipe du Musée de Mossoul, avec l’appui des experts du Musée du Louvre. Pour préparer la restauration de cette collection, le musée parisien, en étroite collaboration avec l’équipe du Musée de Mossoul, a livré du matériel et des produits de conservation. La Smithsonian Institution et l’équipe de Mossoul ont ensuite mis en place un laboratoire de conservation de première urgence, afin de pouvoir restaurer les objets sur place.

Malgré les défis posés par la pandémie, les équipes locales ont poursuivi leur travail tout en respectant les consignes sanitaires. Ainsi, en juillet 2020, du matériel informatique a été livré au personnel du musée, en vue notamment de pouvoir suivre le programme complet d’études muséales préparé par le Musée du Louvre, et dont la première composante était dédiée à la conservation à distance. L’équipe du Louvre a en effet enregistré 18 vidéos de formation appliquée à la restauration de la pierre. Celles-ci proposent des conseils de restauration en arabe, étape par étape, illustrés par des exemples concrets, et complétés par des documents écrits et des exercices pratiques. Les futurs cours de formation du Musée du Louvre porteront sur des sujets tels que les techniques de restauration des métaux et du bois, ainsi que la gestion des collections. Ils incluront également des sessions avec des experts sur la conduite d’un projet de restauration de cette ampleur.Au second semestre 2020, la Smithsonian Institution a fourni du matériel au personnel du musée et a soutenu d’autres mesures de stabilisation du bâtiment, notamment relatives à la tombe assyrienne située à l’extérieur, ainsi que le déblaiement du sous-sol de l’aile administrative, la réparation des sanitaires ou encore le nettoyage des jardins, afin de garantir une meilleure sécurité, y compris contre les incendies. Le personnel de la Smithsonian Institution a par ailleurs dispensé des formations complémentaires de celles du Louvre. Cette formation professionnelle du personnel du musée va se poursuivre dans les mois à venir.Enfin, en 2020, le WMF a rejoint le consortium et s’est vu confier la tâche de définir le programme de restauration et de réhabilitation du bâtiment du musée et de ses abords. Une mission d’expertise a ainsi été menée sur le terrain en février 2021, qui va permettre d’ouvrir la voie à une nouvelle étape de cet effort collectif : la reconstruction et le développement du futur musée, qui devrait rouvrir au public d’ici quelques années.

Dr. Laith Hussein, Directeur du Conseil national irakien des antiquités et du patrimoine

« Il est merveilleux de voir l’effort concerté des organisations internationales et leur coopération fructueuse en vue de la réhabilitation du Musée de Mossoul, qui conserve des trésors de la civilisation mésopotamienne, une partie importante du patrimoine mondial de l’humanité.La coexistence pacifique et la coopération dont nous sommes témoins aujourd’hui à Mossoul est une victoire de la puissance du bien contre l’obscurantisme. Nous sommes très reconnaissants de l’excellent travail soutenu par ALIPH et réalisé par le Musée du Louvre, la Smithsonian Institution et le World Monuments Fund, qui collaborent à la réhabilitation du Musée de Mossoul »

Jean-Luc Martinez, Président-directeur du Musée du Louvre

« L’une des missions fondamentales du Louvre est de se tenir aux côtés des peuples dont le patrimoine culturel et historique est en danger. Car le patrimoine culturel ne consiste pas en des pierres inertes : c’est avant tout le réceptacle du cœur battant d’une nation, sur lequel un avenir partagé peut se construire. Sa disparition n’est pas seulement une offense au passé, c’est une hypothèque sur le futur. C’est pourquoi, dès la tragédie du saccage du Musée de Mossoul en 2015, le Musée du Louvre s’est engagé pour participer avec les équipes sur place à la protection de ce joyau du patrimoine universel. Le Louvre continue à se mobiliser, avec ALIPH, la Smithsonian Institution, le World Monuments Fund et les autorités irakiennes, au service du projet de réhabilitation du Musée de Mossoul. Ce projet a d’autant plus de sens pour nous que nos deux musées ont en partage des collections mésopotamiennes dont la parenté est grande, et que nos équipes ont développé des liens scientifiques et amicaux très forts. Nous leur devons une grande solidarité ! »

Dr. Richard Kurin, Ambassadeur itinérant de la Smithsonian Institution

« La restauration du Musée de Mossoul représente une victoire de la connaissance sur l’ignorance, du respect sur l’intolérance, de l’unité sur la division, de l’humanité sur la brutalité. »

Bénédicte de Montlaur, Présidente et Directrice générale du World Monuments Fund (WMF)

« Nous sommes honorés de nous joindre aux partenaires du projet en vue de construire un avenir pour le Musée de Mossoul. Sa restauration est cruciale pour rétablir un lien entre le peuple irakien et son extraordinaire patrimoine, lui insuffler force et résilience après sa destruction. Ce projet s’inscrit dans la continuité de l’engagement du WMF en faveur de la gestion des sites culturels les plus importants du pays, qui a débuté en 2004 après le déclenchement de la guerre en Irak, et plus récemment en réponse aux attaques délibérées contre le patrimoine. Avec notre participation au Musée de Mossoul, nous renouvelons notre engagement en faveur de la sauvegarde du patrimoine irakien afin de garantir que l’apport de ce pays au monde soit protégé et célébré. »

Valéry Freland, Directeur exécutif d’ALIPH

« Pour ALIPH, la réhabilitation du Musée de Mossoul est un projet emblématique parce que c’est tout à la fois un signe de vie et d’espoir, un geste de solidarité entre acteurs internationaux et locaux, et enfin une magnifique aventure humaine, qui fait dialoguer ensemble des professionnels venus d’horizons divers et portés par une même ambition. »

À propos le Musée du Louvre

À la suite de la destruction massive du patrimoine dans le courant des années 2010, à la demande du Président de la République française, le président-directeur du Musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, a rendu publiques en novembre 2015 « Cinquante propositions pour protéger le patrimoine de l’humanité ». Parmi celles-ci figurait la création d’un fonds international pour la sauvegarde du patrimoine en situation de conflit armé. Cette idée est devenue réalité au lendemain de la conférence internationale d’Abou Dabi de décembre 2016 sur le patrimoine en danger. Créée en mars 2017 à l’initiative de la France et des Émirats arabes unis, ALIPH a pour objectif de soutenir concrètement la protection et la reconstruction du patrimoine culturel dans des régions en conflit ou en situation de post-conflit.Forts du lien historique entre les collections du Musée du Louvre et celles de Mossoul, les équipes du Louvre apportent leur expertise à la restauration des collections martyres du musée de Mossoul, ainsi qu’à la formation et à l’accompagnement de ses équipes pour la réhabilitation complète du musée.En effet, le noyau des collections orientales du Louvre, présenté au public dès 1847, s’est formé grâce aux découvertes archéologiques pionnières de vestiges assyriens par Paul-Emile Botta, alors Consul de France à Mossoul. Le Musée du Mossoul a été créé en 1952 pour abriter notamment des œuvres héritées de cet empire assyrien qui a dominé le Proche Orient aux VII et VIe siècles avant notre ère. Cette histoire et ce matériel archéologique et documentaire communs donnent toute sa cohérence au fait que le Musée du Louvre ait à cœur de participer activement à préserver ce patrimoine exceptionnel solidaires de ses collègues irakiens.

À propos de la Smithsonian Institution

Depuis sa fondation en 1846, la Smithsonian Institution s’est engagée à inspirer les générations par la connaissance et la découverte. C’est le plus grand complexe de musées, d’éducation et de recherche au monde, composé de 19 musées, du parc zoologique national, de centres éducatifs, d’installations de recherche, de centres culturels et de bibliothèques. Le nombre total d’objets, d’œuvres d’art et de spécimens de la Smithsonian Institution est estimé à près de 155 millions.Depuis 2015, le Smithsonian Institution contribue à la formation des professionnels du patrimoine irakien par l’intermédiaire de l’Institut pour la conservation des antiquités et du patrimoine d’Erbil. L’institution a ensuite collaboré aux activités de sauvegarde à Nimrud et au Musée de Mossoul. Les efforts de la Smithsonian Institution en Irak ont été soutenus par des fonds du Congrès américain, du Département d’État américain, de la Banque d’Amérique, de la Fondation Mellon, du Fonds J. M. Kaplan et de la Fondation Getty, en plus de la Fondation ALIPH.

À propos du World Monuments Fund

Le World Monuments Fund est la principale organisation indépendante consacrée à la sauvegarde des lieux culturels importants dans le monde, afin d’enrichir les vies et de favoriser la compréhension mutuelle. Depuis plus de 55 ans, travaillant sur plus de 700 sites dans 112 pays, ses experts hautement qualifiés ont appliqué leurs techniques éprouvées et efficaces à la préservation d’importants sites du patrimoine architectural et culturel du monde entier. Par le biais du World Monuments Watch, un programme biennal basé sur les nominations, le WMF utilise la conservation du patrimoine pour renforcer les communautés et améliorer le bien-être humain. En partenariat avec les communautés locales, les bailleurs de fonds et les gouvernements, le WMF cherche à inspirer un engagement durable en faveur de la préservation pour les générations futures. Basée à New York, l’organisation possède des bureaux et des filiales dans le monde entier. wmf.org

À propos d’ALIPH

Fondée en mars 2017 en réponse à la destruction massive du patrimoine ces dernières années, ALIPH soutient des projets concrets de protection ou de réhabilitation du patrimoine, matériel ou immatériel, dans les zones en conflit ou en sortie de crise. Fondation de droit suisse basée à Genève, ALIPH a également le statut d’organisation internationale. Elle finance aujourd’hui plus de cent projets dans vingt-deux pays sur quatre continents pour un montant de 35 MUSD. En Irak, ALIPH a soutenu 28 projets depuis 2018, ce qui porte l’engagement de la Fondation dans ce pays à plus de 9,2 MUSD. aliphfoundation.org

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