Le passé est chose difficile à assumer au Liban. On en fait l’expérience à chaque instant. Peu de souvenirs de la guerre civile ont survécu, arasés par la fièvre immobilière amnésique qui a suivi la fin de ce conflit, à quelques exceptions prêtes, dont celle du fameux immeuble Barakat, appelé également Maison Jaune ou encore Beit Beirut aujourd’hui.

Situé à l’angle des rues de Damas et de l’Indépendance, sur la ligne de démarcation dite ligne verte entre la partie Est, chrétienne, et Ouest, Musulmane, de Beyrouth, l’édifice a été largement endommagé durant la guerre civile. Il était notamment l’une des places fortes pour défendre la partie Est de la Ville et hébergeait par ailleurs des snipers ou comme on les appelait à l’époque des tireurs-francs.

Un peu à l’image de notre mémoire, l’immeuble arbore les traces des combats, avec ses multitudes balafres ailleurs bien vite effacées. Beit Beirut semble en porter fièrement ces traces d’un passé pas si lointain…

L’édifice original d’un style néo-ottoman a été construit en 1924 par l’architecte local Youssef Afandi Aftimos. En 1932, déjà, il a été rehaussé de 2 étages supplémentaires … un peu comme aujourd’hui avec les étages dits “Murr”.

Menacée comme beaucoup d’autres édifices, la structure fera finalement l’objet d’une procédure d’expropriation en 2003, pour y abriter un musée, un lieu de rencontre culturel et artistique, un lieu de conservation des recherches et études portant sur la ville de Beyrouth à travers l’histoire, un Bureau d’urbanisme de la Ville de Beyrouth, et des parkings en sous-sol (comme cela est malheureusement le cas un peu partout). Mais ce n’est qu’en 2011 après obtention d’un permis de construire (alors que la ville de Beyrouth était elle-même l’initiatrice de projet) que les travaux commenceront réellement pour ne s’achever qu’en 2017… 6 ans après…

Fruit d’une coopération entre les villes de Beyrouth et de Paris, le volet culturel ne démarre également qu’en 2017.  Il s’agit surtout d’un lieu ou l’on souhaite voir enfin les libanais apprendre ce qu’était la guerre civile, afin de ne plus recommencer, un peu à l’image de quartiers entiers dans de grandes villes européennes, qu’on n’a consciemment pas reconstruit après la deuxième guerre mondiale.

Cet édifice qui se souhaite être un lieu de rassemblement reste cependant fermé jusqu’à 11 heures du matin. Attention aux horaires.

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