Le compte Twitter de Jan Kubis

Le coordinateur spécial de l’ONU pour le Liban Jan Kubis a estimé que la démission du directeur général du Ministère des Finances Alain Bifani constitue une perte pour le Liban, pays face à une crise économique d’une ampleur sans précédente.

Jan Kubis estime ainsi que cette démission d’un expert décrit comme étant de renommée internationale pourrait encore aggraver la crise du Pays des cèdres et intervient alors que la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva ne prévoit aucune percée dans les négociations avec l’institution financière internationale dans les négociations entreprises avec Beyrouth.

Le Liban, qui compte obtenir une aide financière de 10 milliards de dollars en vue de relancer son économie confrontée à une récession de 14% selon certains rapports pourrait ainsi voir les négociations encore être rendues plus complexes.

En cause notamment, selon le désormais ex directeur du ministère des finances, des différends quant aux pertes du secteur financier.

Les pertes estimées du secteur bancaire, correctes; le temps commence par manquer pour le Liban.

Il n’est pas possible d’obtenir un financement des réformes jugées nécessaires sans réformes majeures, répète Alain Bifani, qui rappelle également que “le Fonds monétaire international a annoncé que “les chiffres du gouvernement et leur approche sont corrects”.

Expliquant que la valeur des dépôts sortis des banques est de 17,3 milliards de dollars, les pertes nettes sont réparties de telle manière: environ 61 milliards de dollars et 10 milliards de dollars transférés par les banques dont certaines reversaient leurs bénéfices à l’étranger.

Alain Bifani était fortement critiqué par des parlementaires libanais en raison des estimations des pertes du secteur financier. Ces derniers les estiment être à hauteur de 81 000 milliards de livres libanaises, alors que le plan de sauvetage économique du Liban dont Bifani serait le principal auteur les estimerait proche de 241 000 milliards de livres. Ces chiffres seraient également proches des estimations du Fonds Monétaire International, avait indiqué le représentant du FMI, soutenant ainsi indirectement le directeur général du Ministère des Finances.

Concernant le plan de restructuration du secteur bancaire, Alain Bifani a indiqué, au cours de sa conférence, que l’implication des plus grands déposants dans la recapitalisation des banques ne signifie pas nécessairement une prise de participation directe au sein des établissements bancaires.

Des négociations avec le FMI plus complexes et qui ont de grandes chances d’échouer désormais

Cette démission pourrait complexifier, voire même faire échouer les négociations entreprises par le Liban avec le FMI, notent les experts. Face à la crise économique, Beyrouth demanderait une aide économique de 10 milliards de dollars. Cependant, certaines sources proches du FMI estiment que cette démission pourrait amener à la fin des négociations et indiquent que les autorités libanaises font face à de nombreux obstacles pour mener les réformes nécessaires pour sauver l’économie libanaise. En cas d’échec des négociations avec le FMI, d’autres experts financiers estiment que le risque de dévaluation incontrôlé et de crash bancaire augmente voire est très probable.

Cette démission fait suite également à la première démission d’un autre responsable dans les négociations.

M. Chaoul avait alors dénoncé l’absence « de réelle volonté de mettre en œuvre des réformes ou une restructuration du secteur bancaire, y compris de la Banque centrale » (ce dont ne semblent pas vouloir le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et ses soutiens comme l’ABL et certains partis comme le Courant du Futur des anciens Premiers ministres Fouad Siniora et Saad Hariri et le mouvement Amal du Président du Parlement Nabih Berri dont le ministre des Finances Ghazi Wazni était le conseiller jusqu’à sa nomination). Il accuse ainsi les « gens au pouvoir » d’« inaction préjudiciable » et de constituer « une résistance institutionnelle » à des « réformes profondes et douloureuses » sans lesquelles « nous nous embarquerions dans une décennie (ou deux) perdue et marquée par un environnement social chaotique et une hausse de la pauvreté qui augmente déjà à un rythme alarmant ». 
Il avait également indiqué que de nombreux députés s’opposent à la restructuration du secteur bancaire en raison de conflits d’intérêt. En effet, ils seraient actionnaires des banques.