La logique financiére des politiques étrangères des puissances mondiales

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Guerre économique, assassinat et guerre totale, ce sont là les moyens utilisés par les puissances économico-financières pour appliquer, en l’imposant, leur politique au niveau de n’importe quel pays faible du monde (1)(2). Ceci, d’autant qu’il s’agit d’un Etat d’Afrique, du Moyen Orient ou d’Amérique de Sud.

Selon cette logique, si ce pays est potentiellement riche (réserves de pétrole, gaz, minerais, or, uranium, …) ou s’il occupe une position stratégique aux yeux de cette puissance (militairement ou économiquement, …) alors il est candidat au désastre économique. Ce désastre est suscité par les financiers, de la dite puissance, dépêchés sur place pour développer l’argumentaire qui se veut convaincant, de l’absolue nécessité de s’industrialiser et de développer les infrastructures (routes, eau potable, électricité, réseau d’eaux usées, écoles, …) ; ce dont ils se chargeraient. Il faut donc que le pays en question emprunte des sommes colossales auprès du Fond Monétaire International (FMI) qui, après quelques tergiversations, finira par accepter de prêter.

– Si le dirigeant de ce pays se laisse convaincre, il permet alors implicitement à la puissante machine économico financière d’y prendre pied. Après un ou deux ans de répits, très vite les taux d’intérêt de l’emprunt iront crescendo, pour arriver à des niveaux asphyxiant le pays, le rendant dans l’incapacité de rembourser l’emprunt. Ceci le conduit, après bien des efforts, tout droit vers la banque route. Et donc vers l’exploitation et la soumission totale à la dite puissance, que ce soit sur le plan économique ou dans ses choix politiques futurs.

Si ce dirigeant en question, moins véreux que les autres, quelque peu « honnête » ou déjà engagé auprès d’une autre puissance sur cette thématique, refusait l’offre qui lui aura été faite, alors il s’exposerait à un accident corporel grave, voire létal (de voiture, train, hélicoptère ou d’avion) ou serait victime d’un attentat. L’assassinat politique devient le moyen par lequel ce qui n’a pas été possible d’obtenir par un exposé se voulant convaincant, le devient par la violence physique. L’on œuvrera pour qu’à l’avenir, celui qui s’est opposé à l’offre ne puisse plus le refaire. Le successeur devra immanquablement se soumettre, sinon, lui aussi s’exposerait …

– Si ce dirigeant qui avait refusé l’offre préalable avait pu, par je ne sais quel miracle, échapper à la mort, c’est le choix de la troisième option qui s’imposera pour le faire plier. L’armada militaire de la puissance en question se mettra en branle, pour lutter contre ce qui aura été présenté officiellement, comme disons, des armes de destruction massive que possèderait ce pays, pour « l’avènement de la démocratie » ou pour les deux. Également est envisageable, la destruction du pays dans son ensemble (Irak, Syrie). Ceci afin que les richesses possédées par ce pays soient exclusivement utilisées par la dite puissance.

Cette manière de procéder est celle adoptée par la super puissance pour traiter avec les pays du (tiers) monde qui lui sont stratégiquement intéressants : en Afrique, au Moyen Orient et en Amérique du Sud.

Il s’agit pour les multinationales – dans le fond, les véritables dirigeants du monde – de piller les pays du tiers monde, aidées en cela par les politiques qu’ils auront contribué à mettre en place. Ceci explique pourquoi l’avènement d’un Barak Obama après un Georges W Bush, à la présidence des USA, n’a pas permis de diminuer les théâtres d’action militaire des USA dans le monde, bien au contraire.
Il s’agit plutôt d’un continuum économico financier à l’échelon mondial et non d’une suite politique logique de lutte contre le terrorisme (alors que le terrorisme est alimenté par ceux-là même qui prétendent le contrer) ou pour l’avènement de la démocratie, appelée de ses vœux par l’opinion publique internationale.

Une fois que nous avons compris cela, il devient plus aisé de comprendre beaucoup de choses de la politique internationale des grandes puissances (USA, Russie, Chine), de l’Europe et des pays qui la composent (France, Grande Bretagne, Italie, Espagne).

Nous saisissons dès lors, que ce qui fait bouger les puissances ce sont moins la volonté d’instaurer la démocratie, de lutter contre le despotisme, du terrorisme ou les fictives armes de destruction massive, que les richesses dans les sols, sous sols et sous les mers, détenues par ces pays du (tiers) monde qui deviennent « émergents ».

Nous savions déjà que, dans ces pays cibles, la corruption y est galopante ; le niveau de (sur) vie, très bas ; le niveau d’instruction, très faible ; les soins à personnes, très sommaires et les infrastructures, inexistantes.

Les pays concernés sont potentiellement très riches mais totalement dans l’incapacité d’exploiter, par eux-mêmes, leurs propres richesses. Ils sont donc en pratique des pays (très) pauvres (Mali, Niger).

En définitive, c’est cela qui attire les convoitises des grandes puissances multinationales dont le crédo est l’exploitation des richesses, à moindre coût, dans un contexte de mondialisation de l’ultralibéralisme. Le programme de développement des pays du tiers monde, si tant est qu’il y en ait un, n’est pas leur priorité, loin s’en faut. Tout programme de redressement du pays, dans cette logique exposée plus haut, sera stoppé net afin de tenter, sans y arriver, de rembourser la dette colossale contractée auprès du FMI.

La logique des multinationales guide donc l’orientation politique des puissances. En cas d’intervention d’une puissance à l’étranger, l’alibi politique invoqué n’a rien à voir avec les véritables raisons qui la poussent à le faire. Les orientations politiques des puissances ne répondent, pour ainsi dire, qu’aux exigences financières des multinationales. Il faut de véritables talents d’équilibristes aux politiciens pour faire croire à  leur opinion publique, la noble cause défendue, en allant faire la guerre sur un théâtre extérieur (lutte pour l’avènement de la démocratie). Les médias prennent leur part de responsabilité en (dés) informant l’opinion publique. L’objectif financier à moyen, voir à court terme, est en contradiction totale avec toute politique digne de ce nom, qui se conçoit sur du long terme.

Ceci explique, pour celui qui veut savoir, la difficulté de compréhension des politiques étrangères des différentes puissances qui concernent aussi bien, le Moyen Orient (facilement présenté comme très compliqué) qu’ailleurs. Pour peu que nous ne voyions que l’aspect officiel et à long terme, d’une politique idéale proche des gens. Politique qui s’inquiéterait de la santé des gens, de leur travail, leur éducation, leur auto suffisance dans un monde apaisé et cherchant à effacer les tensions.
Penser cela est source d’une désillusion sans nom et tellement grande que l’on ne pourrait même plus oser réfléchir sur ce qui se trame réellement.

Nous pensons être libres en vivant dans un pays libre (comme en France, où la pensée correcte n’est pas la pensée libre de ceux qui se posent des questions, mais celle du politiquement correct, qui adopte des réponses toutes faites, à des questions de société qui n’en sont plus).
Nous pensons être correctement informés par les médias, de l’état du monde (les journalistes peuvent être libres pour témoigner de ce qu’ils ont vu ou entendu, ils seraient indépendants certes mais au chômage, les médias étant tous sous contrôle des multinationales qui préfèrent contrôler qu’ informer l’opinion publique).
En politique interne, nous pensons élire celui qui va défendre nos idées (la politique de droite ou de gauche ne semble pas si différente, sauf peut être sur quelques détails).
Nous pensons vivre heureux et libres (nous pensons avoir le choix, alors que pour 99% de la population, il n’y a pas véritablement de choix).

Il faut savoir que les richesses de la planète ainsi acquises sont entre les mains d’un petit nombre de familles dont les Rockefeller et les Rothschild. Ces derniers contrôlent la banque d’Angleterre, la réserve fédérale, la banque centrale européenne, le FMI, la banque mondiale et la banque des règlements internationaux. Aussi ils possèdent la plus grande partie de l’or dans le monde ainsi que le London Gold Exchange. On dit que cette famille est propriétaire de plus de la moitié des richesses de la planète (231 milliards de dollars d’après le Crédit Suisse).

Dans un tel contexte, comment raisonnablement croire en nos politiques, quels qu’ils soient, dans le monde dit libre et riche (le G9) ou dans les pays du tiers monde et plutôt pauvres ?
Comment croire que nous sommes bien informés ou que les médias nous disent la vérité ?
Comment croire que nos impôts, qui vont financer les politiques économiques intérieures et les guerres menées à l’extérieur, vont dans le sens d’établir la  justice, de construire une protection de la santé, de construire les infrastructures, de lutter contre le chômage, etc. ?

Essayons de rapporter ce que nous venons d’exposer à l’échelle du Liban. Un petit pays du tiers monde où :
L’on a découvert, récemment des réserves de gaz et de pétrole en méditerranée.
Politiquement, les institutions sont bloquées depuis juin 2013 (le conseil des ministres démissionnaire, n’a pas été renouvelé alors que le futur Premier ministre est connu et reconnu, le parlement s’auto-prorogeant, n’a pu être renouvelé pour de fausses bonnes raisons, un conseil constitutionnel se décrédibilisant, servant des intérêts communautaires au lieu de l’intérêt national, prorogation au chef des armées ayant atteint l’âge de la retraite alors que bien d’autres généraux sont en capacité de prendre la suite et l’année prochaine la fin du mandat présidentiel). Nous frôlons le vide constitutionnel.
La dette colossale consentie par le FMI était de 60 milliards de dollars il y a quelques mois encore sera probablement augmentée.
Rafiq Hariri, ancien Premier ministre très influent au Liban, assassiné en 2005 alors qu’il était l’homme le plus protégé du monde.
Le bloc du futur de Saad Hariri, son fils et successeur politique de son père, servant les intérêts de l’Arabie Saoudite au Liban, sous l’appellation du 14 mars, contribue largement à bloquer ces dites institutions, rejoint en cela par une bonne partie de l’autre bord désigné sous le vocable du 8 mars, à savoir le Hezbollah et Amal soutenus par l’Iran, à l’exclusion du bloc du changement et de la réforme.

Aujourd’hui, nous sommes, pour ainsi dire, dans un des états de figure développés plus haut. Le bloc du futur est entrain de répondre, aux financiers des multinationales occidentales, saoudiennes et qatari, que le Liban va consentir d’autres prêts auprès du FMI. Emprunts servant à des reconstructions et ce sont ces multinationales qui viendront se charger de cela. Ceci n’est faisable qu’en bloquant les institutions. En effet, rien ne dit que si des élections législatives étaient organisées en temps et en heure le bloc du futur en sortirait vainqueur pour mener à bien la politique qui lui a été dictée.
Le Général Michel Aoun, comme à son habitude, joue le trouble fait. Il paraît avoir compris l’enjeu, et à son habitude, demeure incontrôlable (d’ailleurs par qui devrait-il l’être ?). Suivre la légalité et les règles de la démocratie (il y en a quelques unes quand même) comme le fait, à la lettre, le Général, ne convient visiblement à personne au Liban ou à l’étranger.

La très grande menace pour le Liban est représentée par la présence sur son sol d’un million de réfugiés syriens (plus du quart de la population). Ce qui représenterait pour la France, quinze fois plus peuplée que le Liban, 15 millions de réfugiés, disons italiens ou espagnoles, chez qui il faut assurer vivres, logement, protection sanitaire. Cet afflux excessif de réfugiés mettra très vite le Liban en très grande difficulté sécuritaire, économique et sociale. La banque route le guette. Dommage collatéral de la tension extrême en Syrie, c’est de cette façon que les intérêts des financiers occidentaux seraient sauvegardés (les intérêts occidentaux regroupent : les USA, l’Europe, Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar).

Dans cette affaire, les richesses iraniennes sont totalement en dehors du giron occidental et en grande partie dans le collimateur occidental. Faire tomber la Syrie par la guerre totale qui y sévit, après que celle ci soit passée par les deux autres niveaux, fait parti des objectifs visés. Faire plier le Hezbollah en accusant « son aile armée » de terroriste (prélude à une attaque contre lui, à l’instar des armes de destruction massive en Irak en 2003 et son attaque) et allié du régime syrien ainsi que de la puissance iranienne, c’est de cette manière que l’occident pense affaiblir l’Iran tout en respectant, là aussi, les trois niveaux de soumission économico-financière.

Ce que nous venons d’exposer concernant le lobbying des multinationales ultralibérales occidentales peuvent aussi s’appliquer à d’autres puissances comme la Russie, la Chine qui, elles aussi, cherchent à étendre leurs influences pour s’enrichir, quitte à appliquer la même politique que l’occidentale, ne tenant aucun compte des aspirations des peuples asservis.

Les intérêts des puissants s’affrontent en Syrie aujourd’hui. Le risque de guerre mondial n’est pas à exclure. C’est pour cela que l’armada n’y a pas été envoyée mais des groupuscules extrémistes fondamentalistes et des armes pour se confronter à l’armée régulière syrienne. C’est là, la plus grande des inconnues : Laquelle des puissances dans l’ombre  vaincra, pour quoi faire et à quel prix ? Pour le moment,  plus de 150 000 morts, des millions de réfugiés, une Syrie systématiquement détruite comme pour empêcher toute autre mainmise qu’occidentale.

Au fond, le perpétuel gagnant c’est celui qui s’enrichit en finançant tout le monde, c’est-à-dire les deux bords. C’est une question fondamentale qu’il faut savoir se poser et non toutes les autres qui ne visent qu’à nous détourner des véritables enjeux qui ne sont que financiers. La vie des personnes ne pèse pas lourd face à ces intérêts-là.

Maintenant que nous avons pris conscience des enjeux qui nous gouvernent, que pouvons-nous (devons-nous) faire pour éviter de nous entretuer, empêcher que l’on nous pille et éviter l’implosion ?
Nous pensons qu’il faut associer tous les non véreux de nos politiciens à ceux de la société civile. Peu importe la couleur politique, communautaire ou confessionnelle des uns et des autres, pourvu qu’ils travaillent ensemble pour atteindre les mêmes objectifs, qui sortiront le Liban de l’écueil dans lequel il se trouve.
Pour nous, le choix politique est fait, c’est celui du Courant Patriotique Libre. Il devra regrouper, ou représenter, davantage de sensibilités différentes, pour un mouvement du changement et de la réforme, et sortir des influences, exposées dans cet article, que nous subissons.

1- Confessions of an economic hit man – John Perkins
2- Michel Collon. http://youtu.be/ihL2ApLJS7s

Dr Riad JREIGE
Montpellier – France

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