Le Fonds Monétaire International aurait posé des conditions au premier ministre désigné Najib Mikati qui rechercherait à débloquer une partie de l’aide internationale dès que son gouvernement sera formé.

Il s’agirait pour le Liban obtenir entre 3 à 4 milliards de dollars, bien loin des 10 milliards de dollars espérées précédemment et cela sous condition de mettre en place un contrôle formel des capitaux, de restructurer le secteur bancaire et les comptes publics, de mener l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban et d’unifier les taux de change. Cette dernière exigence pourrait avoir de sérieuses répercussions sur le marché local, avec une très forte hausse des prix et une dégradation importante du pouvoir d’achat. En cas de mesures populistes comme une augmentation des salaires, chose qu’avait déjà décidé le gouvernement Mikati II entre 2011 à 2014, un cycle inflationniste infernal et sans contrôle pourrait alors se déclencher avec des conséquences sur la situation sécuritaire.

À cette somme, s’ajouteront les 860 millions de dollars déjà débloqués au titre des droits de tirage spéciaux accordés au Liban par le Fonds Monétaire International. Si cette somme ne s’accompagne pas de conditions particulières, le FMI conseillerait le Liban à ce que les populations les plus vulnérables puissent surtout en bénéficier alors que 75% de la population se trouverait actuellement vivant sous le seuil de pauvreté.

Au Liban même, certaines sources proches des autorités indiquent que cette somme pourrait plutôt servir à contenir la dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar, alors que la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur face au billet vert.

Cette somme, si elle n’est pas directement utilisée pourrait ainsi soutenir le programme de rationnement des personnes les plus vulnérables ou encore servir à contenir les prix en poursuivant pour quelques temps, le programme de subvention à l’électricité et aux générateurs via l’achat de fioul, aux médicaments ou encore à l’achat de farine.

Des réformes macroéconomiques et l’approbation d’un budget 2021 figureront parmi les premières priorité, tout comme la mise en place d’un filet de sauvetage social à destination des populations les plus vulnérables face à la crise économique que traverse le pays des cèdres depuis mai 2019.

Cependant, un facteur limitant, même si son gouvernement pourrait être rapidement composé, il n’aura que 10 mois pour agir avant les élections législatives prévues en 2022, un temps qui pourrait paraitre insuffisament pour certaines réformes majeures réclamées par le FMI ou encore la reconstruction de certaines infrastructures comme le port de Beyrouth.

Autre écurie d’Augias à réformer de manière urgente pour les institutions internationales, les administrations publiques et notamment celles des douanes qui sont sur le devant de la scène après avoir accepté le déchargement du fameux nitrate d’ammonium à l’origine du drame du 4 août 2020.

Par ailleurs, la communauté internationale souhaite mettre en place des mécanismes de surveillance et de contrôle non seulement des progrès accomplis sur le papier mais également sur le terrain afin de s’assurer que l’aide qui sera fournie au Liban ne sera pas détournée. Certains intérêts politiques pourraient cependant considérer cette exigence d’un mauvais oeil.

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