Le Président de la République Libanaise, le Général Michel Aoun, a convoqué ce samedi 9 novembre, les membres exécutifs du Syndicat des Banques du Liban et le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé, pour évoquer la situation économique et les risques actuels.

Sont également présents les ministres sortants des finances, Ali Hassan Khalil, de l’économie Mansour Bteich, également banquier et le ministre en charge des affaires présidentielles Salim Jreissati et en l’absence remarquée du Premier Ministre sortant, Saad Hariri.

Cette réunion intervient dans un climat économique rendu tendu par une pénurie de devises étrangères indispensables pour l’achat à l’étranger de nombreuses marchandises. Ainsi, les propriétaires de station essence, encore les minoteries ou les imposteurs de médicaments menacent d’appeler à la grève générale. En cause, le refus des banques à leurs fournir les montants nécessaires en dollar afin de fournir le marché local. Ils sont donc obligés d’acheter des devises étrangères auprès des changeurs à des taux plus élevés – parfois à 1 800 LL/USD que le taux officiel de 1511.5 LL/USD.

Cette pénurie se poursuit en dépit de la réouverture des établissements bancaires après 3 semaines de fermeture suite au mouvement de manifestations qui ont débuté dans la nuit du 17 au 18 octobre. Parmi les demandes des manifestants, la démission de la classe politique dans son ensemble, accusée de corruption et d’avoir mené le Liban à la quasi-faillite financière, alors que les notations des émissions obligataires ont été dégradées par l’agence Moody’s en début de semaine. Cette dernière considère que, si les réserves monétaires sont officiellement à 38 milliards de dollars, les réserves nettes utilisables par la Banque du Liban n’atteindraient que 5 à 10 milliards de dollars. Cette somme pourrait servir à l’achat de matières premières, blé, essence ou médicaments pour un montant de 4 milliards de dollars annuellement selon les besoins actuels du Pays des Cèdres, conformément à la circulaire 530 qu’elle a publié au début du mois dernier.

La Banque du Liban est également sur la sellette, en raison des opérations d’ingénierie financière de la Banque centrale, qui ont créé un taux de change parallèle, poussant le prix du dollar bien au-delà de la parité officielle de la Livre Libanaise, provoquant des soucis pour importer les marchandises nécessaires, le Liban étant un pays principalement importateur.

Par ailleurs, en mai dernier, la BDL a remboursé, à la place du Ministère des Finances, la somme de 1.15 milliards de dollars d’obligations arrivées à maturité. Il serait question qu’elle fasse de même, le 28 novembre prochain, déboursant la somme de 1.5 milliards de dollars pour le remboursement d’obligations arrivées à maturité et de 500 millions de dollars au titre du service de la dette publique, ponctionnant encore plus ses réserves et rendant la défense de la parité entre Livre Libanaise et dollar difficile à maintenir, estiment les experts.

De leur part, les banques libanaises semblent rencontrer des difficultés en raison de la pénurie de devises étrangères, même si les risques de faillite semblent pour l’heure être écartés.

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