Le sommet de Baabda a débuté en dépit de l’annonce, ces 2 derniers jours, de l’absence des anciens premiers ministres et de certains dirigeants politiques chrétiens, ainsi que du principal bloc parlementaire sunnite, celui du Courant du Futur ainsi que d’une manifestation de plusieurs douzaines de personnes sur la route menant au Palais Présidentiel.

Les manifestants exigent ainsi l’application de la résolution 1559 du conseil de sécurité de l’ONU prévoyant le désarmement de l’ensemble des milices libanaises.

Cette réunion vise à renforcer la paix civile suite à des manifestations qui ont pris une tournure sectaire, il y a 2 semaines entre les différentes communautés libanaises.

Sont présents, outre le Président de la République à l’origine du sommet, le Président du Parlement Nabih Berri, le Premier Ministre Hassan Diab, le vice-président du Parlement, Elie Ferzli, les dirigeants des blocs parlementaires du Courant Patriotique Libre Gébran Bassil du Hezbollah Mohammed Raad, de l’unité du Mont Liban Talal Arslan, du Parti Tachnaq, Hagop Pakradounian, du PSNS, Assaad Hardan et du PSP représenté par Taymour Joumblatt ainsi que l’ancien Président de la République Michel Sleiman.

Certains prennent avantage de la colère du peuple et de ses demandes légitimes pour générer de la violence et un chaos (Michel Aoun)

S’exprimant à l’ouverture du sommet, le Président de la République Michel Aoun, a indiqué qu’il a appelé tous les partis politiques à participer, considérant que la Paix Civile constitue une ligne rouge. Il a, par ailleurs, indiqué que les incidents de Tripoli, Beyrouth et Ein Remmeneh constituent un avertissement qui a failli provoqué un conflit sectaire sous le prétexte de demandes sociales.

Certains prennent avantage de la colère du peuple et de ses demandes légitimes pour générer de la violence et un chaos et ainsi appliquer des agendas étrangers suspects, juge le chef de l’état.

Le discours du Président de la République

Bienvenue et je remercie votre présence à cette rencontre qui porte un seul titre : la protection de la stabilité et de la paix civile, en particulier avec la situation récente.
C’est pourquoi j’espérais que toutes les parties et les forces politiques se regroupent, la paix civile étant une ligne rouge supposée permettre de rencontrer toutes les volonté pour la fortifier. Il s’agit de la responsabilité de tous et non pas d’un individu, peu importe ses responsabilités, ni un parti ou d’un autre.

Ce qui s’est passé dans la rue ces dernières semaines, notamment à Tripoli, Beyrouth et Ein Remmeneh, doit être un avertissement pour nous tous. Il s’agit de sentir les dangers pesant sur la sécurité et qui ont frappé aux portes de la sédition et des exigences sociales. Il est clair que certains utilisent la colère des gens et leurs revendications légitimes pour générer la violence et le chaos et cela pour réaliser des objectifs externes suspects pensant ainsi obtenir des gains politiques sur la scène domestique.

Nous avons atteint un climat de la guerre civile de manière inquiétante par des préjugés religieux et confessionnels, par l’émergence d’émotions, de la violence et l’atteinte aux biens publics et privés, le mépris des religions et les insultes.

Compte tenu de cette situation sans précédente, et du retour au langage de la guerre civile par lequel le Liban a déjà payé cher par le passé, j’ai dû appeler à cette rencontre nationale pour de mettre fin de manière définitivement à ce manquement sécuritaire.

La différence politique est saine et fondée sur la vie démocratique, mais face au risque de la paix civile, et peu importe les discours, nous ne devons pas laisser une étincelle partir.

Eteindre le feu n’est pas facile surtout s’il est incontrôlable., C’est notre ressort à tous, présents et absents.

Aujourd’hui, notre pays traverse la pire crise financière et économique, et notre peuple vit dans la souffrance quotidienne par crainte. Il s’inquiète pour son avenir, et craint désespérément de perdre son emploi et une vie digne.

Je le dis, peu importe quel sauvetage est possible.
Certains restent à jouer avec la sécurité et la rue, les émotions sectaires et doctrines, à mettre des bâtons dans les roues et à agir avec certaines parties externes qui cherchent à faire du Liban un terrain de confrontation, et à réaliser des gains en affamant les gens, à les intimider et à les étouffant économiquement.

Si nous pensons que l’effondrement exclut quelqu’un, nous nous trompons.
La faim et le chômage n’ont pas une couleur sectaire ou politique, nous sommes tous importants.
La violence dans la rue n’est que des fils qu’on fait bouger pendant une heure et on arrête de bouger de notre plein gré.

Nous ignorons les leçons du passé récent, ainsi que les leçons de la région. .

Face aux défis décisifs du Liban, compte tenu de la situation interne, des vagues sévères qui frappent notre pays et des dangers connus induits par la loi (réglementation américaine) CAESAR, l’unité est nécessaire.

Aujourd’hui, l’objectif de cette réunion est de renforcer cette unité.
La différence d’opinion est un droit humain et un catalyseur intellectuel, mais nous devons être une main face à la sédition et protéger la paix civile afin de ne pas entrer dans un tunnel sans en sortir.
Cela est la vraie ligne rouge et l n’y aura pas de clémence envers ceux qui essaient de la franchir.

Le Discours du Premier Ministre Hassan Diab

Je tiens tout d’abord à remercier le président de la république Michel Aoun pour cet appel qui porte un haut degré de responsabilité nationale pour encourager la rencontre des libanais dans un dialogue qui vise à mettre fin à la sédition et à chercher à sortir des crises profondes qui affectent le Liban.

Les libanais regarde avec inquiétude vers le futur, car le présent est confus, et parce que les conditions économiques, sociales et de vie sont noires, douloureuses. L’égoïsme social est sourd pour condamner les personnes coupables, à reconnaître les causes et la douleur.

Oui… Le pays n’est pas bien
Comment le pays peut être bien alors que les citoyens ont faim ?

Oui… Cela une description de la réalité quotidienne.
L’application des solutions est une responsabilité nationale et non seulement la responsabilité d’un gouvernement qui est venu pour sauver face à la crise.

Le gouvernement a réussi à atténuer et à contenir ses conséquences (de la crise), lorsqu’il a décidé d’arrêter de payer la dette. La somme à payer cette année atteignait environ 4.6 milliards de dollars cette année

Imaginez le résultat sur les réserves monétaires, si nous avions payé cette somme!

Les solutions ne sont pas seulement de la responsabilité des gouvernements précédents qui cachaient la crise. Ce gouvernement est venu révéler avec courage et transparence les chiffres des pertes financières accumulés dans le cadre d’un plan financier de sauvetage qui est le premier de l’histoire du Liban.

Tout le monde est intéressé à contribuer à sauver le Liban.
Nous n’avons pas de temps pour les enchères, les réglements des comptes et les gains politiques.

Il ne restera rien dans le pays, si ces batailles “gratuites” continuent.

Nous traversons une étape décisive de l’histoire du Liban, qui nécessite des efforts concertés, l’intérêt du pays et la logique de l’État pour atténuer les dégâts qui pourraient être catastrophiques.

Laissez-moi parler franchement
Les libanais ne s’attendent pas à ce que cette rencontre soit productive.

Aux yeux des libanais, cette rencontre sera comme avant, et après la situation sera similaire et peut-être pire.
Aujourd’hui, les libanais ne s’intéressent qu’à une seule chose : combien coûte le dollar ? N’est ce pas la vérité?

Les libanais ne vérifieront pas les mots inclus dans nos discours. Ce qu’on dit n’a plus d’importance. Ils comptent seulement ce qu’on va faire.
Je reconnais que nos paroles n’ont aucune valeur si nous ne le traduisons pas en actes qui allègent les libanais du fardeaux quotidien.

Les libanais veulent se protéger des prix qui augmentent, obtenir l’électricité (24h sur 24) et préserver la sécurité et la stabilité.

Les libanais veulent que la justice agisse contre la corruption et les corrompus.
Les libanais souhaitent que la Banque du Liban régle le taux de change du dollar face à la livre libanaise et préserve la valeur de leurs salaires et de leurs économies.

C’est ce que veulent les libanais. C’est ce que nous sommes tous censés faire et en être responsables.

À partir de cela, j’invite les participant à cette rencontre au début d’une vaste action nationale, qui aboutira à la création d’une commission de suivi parlementaire, en la présence toutes les forces politiques, du mouvement de la société civile,

Que dieu nous aide pour le bien du Liban et des libanais pour traverser cette épreuve difficile.

Vive le Liban