Alors que le Liban connait une crise économique sans précédente, certains évoquent la possibilité de recourir aux réserves en or. Il convient de voir ce qu’il en est réellement.

De quand datent les réserves d’or du Liban?


Cet or a été acquis entre 1963, date de la création de la Banque du Liban (BDL) à 1975, au début de la guerre civile. Ces achats ont été financés par les surplus budgétaires de cet époque considérée comme l’Âge d’Or du Liban d’ailleurs.

Que représentent les réserves d’or aujourd’hui?


Les réserves d’Or de la Banque du Liban représentent 286,8 tonnes soit  10 116 572 onces.

Aux prix actuels, ces réserves sont estimées à plus de 14 milliards de dollars. Le montant des réserves d’or de la BDL dépend en réalité du cours mondial de cette matière précieuse.

Le pays des cèdres au 20ème rang mondial selon le rapport du FMI en date de juillet 2019.
Le Liban figure au 2ème rang au sein des pays arabe en terme de réserves, après l’Arabie Saoudite qui 323.1 tonnes d’or, au niveau régional, il est également dépassé par la Turquie qui possède 500 tonnes.

Ou se trouve l’or du Liban?


Il n’est pas stocké au siège de la Banque du Liban, ni au Liban mais principalement aux Etats-Unis. Autant que l’on sache, l’or du Liban est présent à New York, au sein de la FED, ainsi qu’à Fort Knox.

Quel est l’intérêt de détenir de l’or aujourd’hui?


Pendant longtemps, l’or a servi de collatéral aux émissions monétaires. C’était l’étalon-or. Entre 1944 et 1971, le cours de l’or était indexé sur celui du dollar américain depuis les accords de Bretton Woods. Après les accords de la Jamaïque de  janvier 1976, les états ont mis fin à ce système étalon-or, confirmant ainsi officiellement l’abandon du rôle légal international de l’or, au profit d’un régime de changes flottants, c’est-à-dire que la parité d’une monnaie est désormais s’établit en fonction des lois et des forces du marché.

Cette période qui s’est achevée a évidemment transformé le rôle que joue l’or au niveau économique. Le principal intérêt est d’ordre psychologique qui consiste à rassurer les investisseurs sur la valeur de leur monnaie dans un système de change flottant. C’est d’ailleurs ce système qui a permis de maintenir la confiance de la population libanaise vis-à-vis de son système bancaire au cours de la guerre civile jusqu’à, il y a peu.

Même si aujourd’hui, des états procèdent à l’achat massif d’or pariant sur un effondrement du système où le dollar joue le rôle de principal moyen d’échange monétaire mondial. Il s’agit notamment du cas de l’Arabie Saoudite, de la Chine ou encore de la Russie et de puissances émergentes, son principal intérêt étant d’une part de ne pas être exposé aux poussées inflationnistes induites par les déficits budgétaires des Etats-Unis mais aussi d’échapper à de possibles sanctions économiques, le cas échéant, sanctions dont on connait les conséquences au Liban.
Il y a donc un double acte de souveraineté, à la fois économique mais aussi politique.

Le Liban étant en crise, pourquoi ne pas y recourir?


Investir dans l’or est aussi pérenniser l’avenir. L’or n’a pas vocation à rester éternellement mais doit permettre de passer des moments durs comme ceux que le Liban affronte aujourd’hui.

Cependant, vouloir n’est pas pouvoir.

Il existe un certain nombre d’obstacles techniques et également psychologiques.
Pour vendre l’or que possède le Liban, il faudrait que les 2/3 des députés soient présents et approuvent cette vente, un quorum est certainement introuvable vue les circonstances actuelles.
Aussi, la vente de l’or signifierait la fin du système monétaire libanais tel qu’on le connait et l’effondrement total de son système financier. Il s’agit d’une arme de dernier recours, une bombe atomique, dont l’utilisation pourrait s’avérer plus dangereuse au niveau de ses conséquences pour l’économie libanaise que son maintien comme outil de dissuasion.

Dernier point, lorsque l’Allemagne a décidé de rapatrier son or des Etats-Unis après beaucoup de difficultés a finalement fait accepter cela à la FED, il semblerait que les numéros de série des lingots d’or rapatriés ne correspondent pas aux livres de comptes.
La question qui se pose donc serait de savoir si la FED héberge toujours l’or libanais ou si elle l’a pas déjà vendu et cette question a notamment un impact politique au Liban et sera probablement l’objet d’un véto américain en raison de l’influence des Etats-Unis dans la région et sur le plan local.

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