Alors que le président Emmanuel Macron se rendra au Liban le 1er septembre, « rien n’a changé d’un point de vue politique depuis la démission du gouvernement », estime la présidente du groupe d’amitié au Sénat France-Liban.

Comme il l’avait promis lors de son voyage le 6 août, Emmanuel Macron sera bien de retour au Liban le 1er septembre, jour du centenaire de la création du pays. Il avait été le premier dirigeant à se rendre sur place, après la double explosion du 4 août qui a détruit le port de Beyrouth et ravagé une partie de la ville.

Lors de cette première visite, lors de discours frôlant l’ingérence diront certains, il avait promis un « nouveau pacte politique » aux Libanais, qui sont descendus dans la rue pendant plusieurs jours pour demander la démission de la classe politique au pouvoir.

Rien n’a changé d’un point de vue politique depuis la démission du gouvernement

Le 10 août, Hassan Diab, le Premier ministre, a finalement annoncé sa démission, ainsi que celle de son gouvernement. Michel Aoun est lui toujours à la tête du pays du Cèdre. Emmanuel Macron avait clairement accusé les autorités libanaises d’être corrompues, « un rappel à l’ordre cinglant », estimait la chercheuse libanaise Dima de Clerck.

« Malheureusement, d’un point de vue politique, rien n’a changé depuis la démission du gouvernement », explique Christine Lavarde, présidente du groupe d’amitié interparlementaire France Liban, « la société civile a pris le relais et supplanté l’État ». 

Le risque aujourd’hui est que le Liban disparaisse

« La priorité est de mettre en place une organisation politique afin de remettre en route l’État. Je ne sais pas ce qu’annoncera le président Emmanuel Macron, mais une tutelle sous l’égide de l’ONU dans laquelle la France pourrait jouer un rôle leader pourrait être une bonne chose », poursuit la sénatrice des Hauts-de-Seine.

Le 26 août, sur les ondes de RTL, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, a indiqué l’urgence de mettre en place un « gouvernement de mission » car, a-t-il expliqué, « il n’y a plus de gouvernement, il faut qu’il se reconstitue, vite, le risque aujourd’hui est que le Liban disparaisse ». « Un gouvernement de tutelle sous l’égide de l’ONU pourrait être accepté par toutes les sensibilités », juge pour sa part Christine Lavarde.

Exsangue et privé jusqu’à récemment de sa principale porte d’entrée pour les marchandises importées, le Liban a bénéficié d’une mobilisation internationale inédite.

Entre les destructions et la Covid, les hôpitaux sont toujours saturés

Ainsi, « l’aide alimentaire et sanitaire – médicaments, masques… – est bien arrivée. Maintenant, entre les destructions, et la Covid qui a conduit le pays à se reconfiner pour au moins 15 jours, les hôpitaux sont toujours saturés », explique Christine Lavarde. Plusieurs pays, dont la France, le Maroc ou encore le Qatar, ont installé des hôpitaux de campagne.

Mardi, à Marseille, en présence de Jean-Yves Le Drian, est parti l’Aknoul, un porte-conteneurs affrété par la société CMA-CGM. Ce leader mondial du transport maritime a été fondé par le Franco-libanais Jacques Saadé. Il est aujourd’hui dirigé par son fils, Rodolphe.

L’Aknoul, le troisième bâtiment de ce type à rejoindre le Liban, emporte plus de 2 500 tonnes de matériel de reconstruction, de denrées alimentaires, de produits d’hygiène, ainsi que des véhicules de secours et du matériel médical. Après un mois d’effort, le port de Beyrouth semble à nouveau en mesure d’accueillir les porte-conteneurs.

Christine Lavarde, qui craignait une « famine » au lendemain de la catastrophe, se rendra dans le pays le 20 septembre. À partir de la deuxième semaine de septembre, le groupe a prévu des auditions au Sénat. « Nous auditionnerons des spécialistes du Liban, comme le politologue et géographe François Boustani, l’ambassadeur du Liban en France, ou encore des acteurs qui se sont rendus sur place », précise-t-elle.

Le 4 septembre, sous l’impulsion du groupe d’amitié France Liban, et du président du Sénat Gérard Larcher, très impliqué sur le dossier, un concert de soutien sera donné au Palais du Luxembourg, en présence notamment de personnalités de la diaspora.

Source: www.publicsenat.fr