SKeyes dénonce le jugement rendu par le tribunal militaire contre la journaliste Hanin Ghaddar

411

Mercredi 10 janvier 2018, le tribunal militaire a condamné par contumace la journaliste Hanin Ghaddar, chercheuse à l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient, à six mois de prison pour avoir « porté atteinte à l’armée libanaise », lors d’une conférence tenue dans la capitale des États-Unis en mai 2014.

Dans un entretien accordé au Centre SKeyes, l’avocat de la défense, Marwan Sakr, a déclaré ce qui suit : « Le tribunal militaire a rendu un jugement par contumace contre ma cliente, l’accusant d’avoir porté atteinte à l’armée libanaise lors d’une conférence tenue à Washington en 2014 par l’Institut pour la politique du Proche-Orient. À l’époque, ma cliente avait dit que l’armée libanaise faisait une distinction entre le terrorisme sunnite et le terrorisme chiite envers lequel elle se montre tolérante. »

Et d’ajouter : « Dans des cas pareils, il est possible d’interjeter appel, mais nous ne pouvons le faire parce que Hanin se trouve en dehors du pays. »

Le Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture dénonce fermement le jugement rendu contre la journaliste Hanin Ghaddar, et le considère comme le plus dangereux depuis des années puisque prononcé par le tribunal militaire. En effet, la justice militaire s’ingère dans les affaires civiles, puisque le cas de Ghaddar a trait à la liberté d’opinion, et ne relève donc pas de ses compétences. De même, ce verdict est une tentative d’intimider et de museler la liberté d’expression, vu que la justice militaire est en même temps juge et partie, ce qui va à l’encontre du principe de procès équitable.

Avec ce nouveau jugement, les autorités libanaises ressemblent de plus en plus aux régimes autoritaires de la région qui se servent de la justice militaire comme outil de répression en utilisant de piètres arguments. Il est impossible d’aller de l’avant tant que les personnes au pouvoir qui se targuent de défendre la liberté d’expression tolèrent l’application de sanctions militaires aux journalistes qui participent à des colloques.

Par ailleurs, le Centre SKeyes insiste sur le fait que ce jugement, qui fait suite à un nombre non négligeable de violations contre la liberté d’expression, prive le Liban de sa qualité principale de pays des libertés et nécessite la mobilisation de l’ensemble des forces civiles et politiques, pour empêcher le retour du régime sécuritaire qui régnait sous la tutelle syrienne.

SKeyes

Un commentaire?