Riad Salameh, governor of Lebanon's central bank, speaks to the Financial Times in his office in Beirut, Lebanon, on October 30, 2017. [Sam Tarling for the Financial Times]

À un moment évoqué, le remplacement du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé ne serait plus à l’ordre du jour. Ce dernier jouirait de protections internes et internationales.

Sur le plan interne, Riad Salamé, pourtant confronté à de vives critiques quant à la politique monétaire suivie, à la surévaluation depuis des années de la livre libanaise, aux opérations d’ingénierie financières qui ont vidé les caisses de la banque centrale mais également aux pertes financières de l’institution publique, serait soutenu par le Patriarche Maronite Béchara Rahi, par le Président de la Chambre des Députés Nabih Berri et par l’ancien Premier Ministre Saad Hariri qui a rappelé à plusieurs reprises, l’immunité dont il jouit dans le cadre de ses fonctions.

On voit d’ailleurs se constituer une alliance entre Nabih Berri et Saad Hariri lui-même qui indique ne pas avoir de problème avec ce dernier après les manifestations.

Le patriarche maronite aurait ainsi estimé devant le Président de la République au cours d’une rencontre qui s’est déroulée hier au Palais Présidentiel de Baabda que le gouverneur de la Banque du Liban constituait une ligne rouge dans un pays où l’appartenance à telle ou telle communauté joue encore un rôle prépondérant au sein des institutions publiques.

Le Président de la Chambre Nabih Berri, dont le nom figure sur la liste des personnes potentiellement exposées à de nouvelles sanctions économiques de la part des Etats-Unis en raison de son alliance avec le Hezbollah, s’est également rangé de cet avis.

D’autre part, certains hommes politiques estiment que toute démission du gouverneur de la BDL pourrait encore aggraver la situation monétaire en raison des menaces de sanction économique de la part des Etats-Unis en cas de renvoi de ce dernier. Aussi, son renvoi alors que des négociations en cours avec le Fonds Monétaire International se déroulent augure du plus mal actuellement.

En effet, les négociations avec le FMI semblent déjà faire face à certaines difficultés portant notamment sur les pertes financières du secteur bancaire privé. Même si le gouverneur de la Banque du Liban et le gouvernement libanais ont finalement convenu d’accorder leurs violons à ce sujet, les discussions semblent pour l’heure toujours faire l’objet de difficultés qui laissent présager du pire.

L’ambassadrice des Etats-unis Dorothy Shea aurait ainsi rappelé au Président de la République que la communauté internationale n’est pas satisfaite par le manque de progrès sur le plan des réformes mais aussi sur le plan des dernières nominations administratives pourtant réclamées par la communauté internationale en vue de réactiver les administrations publiques. Cependant, l’ambassadrice a mis en garde contre la démission forcée de Riad Salamé qui a mis en oeuvre les mesures liées aux sanctions américaines au Liban, sanctions visant le Hezbollah.

Pourtant, même au sein même du gouvernement, le maintien du gouverneur Riad Salamé à son poste se pose. Ce dernier est accusé de n’avoir pas pu remplir sa mission de maintien de la parité de la livre libanaise face au dollar. La Ministre de la Justice Marie Claude Najm avait ainsi même menacé hier, lors du conseil des ministres, d’entamer des poursuites judiciaires à son encontre.

Riad Salamé est aussi visé par les manifestants qui dénoncent sa politique monétaire qui a été fait en fonction des intérêts des banques et non des déposants. Enfin, un certain nombre d’articles circulent concernant sa fortune. Face à ces derniers, il a contre-attaqué en portant plainte contre la journaliste Dima Sadek pour diffamation.

1 COMMENTAIRE

  1. Le Liban est réellement un pays exceptionnel. C’est un des très rares pays sur la planète où la haute trahison est grassement payante.

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