Les autorités libanaises sont de plus en plus coincées sur le plan judiciaire suite au lancement par plusieurs pays de plusieurs procédures.

À celles concernant déjà le plan financier visant un certain nombre de hautes personnalités dont le gouverneur de la Banque du Liban lui-même et un certain nombre de ses proches et d’hommes d’affaires locaux dont des dirigeants des banques, s’ajoutent désormais un autre dossier, celui lié à des actes terroristes dans les années de la guerre civile et pourtant officiellement couvertes par la loi d’amnistie adoptée dans les années 1990.

Ainsi, le Liban aurait reçu la demande de la justice française de coopérer dans le cadre de l’enquête visant les personnes impliquées dans l’attentat du Drakkar, immeuble visé par un camion piégé le 23 octobre 1983. Cette attaque terroriste avait provoqué la mort de 54 militaires français membres de la force internationale en poste au Liban. Les autorités françaises demandent ainsi que 2 personnes, Youssef et Sana Khalil puissent être interrogés. Côté libanais, on fait part d’une certaine surprise liée au timing de cette demande, alors que le dossier remonte à plus de 40 ans, alors que le procureur de la république attend la confirmation de cette demande pour pouvoir y répondre.

Un recours similaire des autorités américaines dans le cadre d’une attaque terroriste ayant provoqué la mort de 241 marines stationnés à proximité de l’aéroport de Beyrouth, ce même jour, pourrait également prochainement parvenir au Liban.

Des sources libanaises estiment que cette demande pourrait être liée à l’absence de progrès sur le plan des autres dossiers, notamment financiers ou encore ceux liés aux enquêtes en cours concernant l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020 et viseraient à faire pression sur les autorités judiciaires – dont certaines sont accusées d’obstruction à la justice voire même d’ingérence politique dans les affaires judiciaires – afin de coopérer avec les instances internationales.

Pour l’heure, si rien n’oblige le Liban à répondre à la demande d’assistance judiciaire française dans le cadre du dossier Drakkar, il devrait cependant y répondre, contraint afin d’éviter toutes les sanctions qui pourraient être imposées en cas de refus.

Ce développement est d’autant plus préoccupant pour les autorités judiciaires libanaises que des enquêteurs européens devraient prochainement revenir au Liban avec à la clé l’interrogatoire prévu du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, accusé de détournement de fonds et de blanchiment d’argent. Si à un certain moment, la mise en examen de celui avait amené certaines personnes à s’interroger sur une possibilité à ce que la justice libanaise puisse refuser de coopérer sous prétexte d’une enquête en cours au Liban même, voire même de manipuler les faits qui sont reprochés au gouverneur de la banque centrale, on estime à l’étranger que “des tentatives très sérieuses sont en cours pour acquitter Salameh à travers la justice libanaise et ainsi saper les enquêtes européennes liées aux délits financiers poursuivis à l’étranger”.

Cependant, ces tentatives seront soldées par un échec, en raison des pressions internationales qui se multiplient.

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