tents and makeshift houses in the desert area
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Le ministre sortant des déplacés en charge du dossier des réfugiés syriens, Issam Sharaffedine, a accusé le premier ministre Najib Mikati de ne pas souhaiter la rapatriement des réfugiés syriens, en raison de pressions.

Ces propos ont été tenus alors qu’une réunion consacrée à la question avait eu lieu hier au Grand Sérail. Elle avait été marquée par l’absence d’Issam Sharaffedine mais également d’Hector Hajjar, le ministre en charge des affaires sociales.

Sur les ondes d’une radio libanaise, Issam Sharaffeddine a accusé le premier ministre libanais de répondre ainsi favorablement aux “pays donateurs, même aux dépens des Libanais” en raison de ses nombreuses entreprises basées dans certains pays occidentaux.

Le différend ne concernerait pas seulement la question seule des réfugiés syriens mais d’autres dossiers, confirme Issam Sharaffedine, un proche de l’ancien député Talal Arslan alors que Najib Mikati tente de l’écarter de son prochain gouvernement.

La semaine dernière, Issam Sharaffeddine s’était rendu en Syrie pour y rencontrer le ministre syrien de l’administration locale, Hussein Makhlouf afin d’obtenir la rapatriement de 15 réfugiés syriens présents au Liban par mois.

Focus

Le Liban à la 2ème place des pays qui accueillent le plus de réfugiés syriens proportionnellement à la population locale, (Haut Commissariat en charge des réfugiés intitulé Global Trends: Forced Displacement in 2019). Le pays des cèdres compte en plus une importante communauté de réfugiés palestiniens dont la présence a été à l’origine de la guerre civile de 1975 à 1990.

Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés, le Liban compterait 916 156 réfugiés syriens sur son sol fin 2019, contre 949 666, un an plus tôt. 910 600 réfugiés seraient d’origine syrienne.

Pour rappel, un rapport préparé par le Ministère des finances et le Programme des Nations Unies pour le développement en 2020 sur l’impact de la crise des réfugiés syriens sur l’économie libanaise entre 2011 et 2018 estimait à 46.5 milliards de dollars le coût de la présence des réfugiés syriens au Liban, impactant tous les secteurs, dont celui de l’éducation ou encore de l’électricité mais également provoquant une chute du Produit Intérieur Brut alors que le Liban était impacté par une grave crise économique apparue au grand jour en 2019 et caractérisée par une détérioration rapide de la parité entre livre libanaise et dollar. Ainsi, la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur face au billet vert. 82% de la population libanaise vivrait désormais sous le seuil de pauvreté et 36% dans un état d’extrême pauvreté, amenant à des tensions avec les réfugiés syriens.

Cependant, certains partis politiques refusent jusqu’à aujourd’hui d’évoquer le retour des réfugiés syriens en refusant de discuter des procédures nécessaires avec Damas, même si les autorités libanaises ont entériné un plan visant à favoriser ce retour en 2020.

Face à la détérioration des conditions sociales et économiques, certains réfugiés syriens mais également palestiniens voire même des ressortissants libanais tentent l’exode vers l’Europe, notamment via des boat people à destination de Chypre. Plusieurs embarcations ont été ainsi interceptées ces derniers mois.

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