ceiling inside jameh mosque of yazd
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Hier, branle-bas de combat, l’Arabie saoudite et l’Iran annoncent une normalisation de leurs relations suite à une médiation de la Chine. Surprise pour certains, chose attendue pour d’autres puisque ces derniers mois ont été marqués aussi par le rapprochement entre Pékin et Riyad qui souhaite ainsi trouver une alternative à l’influence américaine au Moyen Orient suite notamment à la mise en cause directe du prince héritier dans l’affaire de l’assassinat de Khashogi par Washington, il y a quelques années.

Cette surprise aussi est un échec pour Israël qui avait fait d’un rapprochement avec l’Arabie saoudite, une priorité dans sa confrontation avec l’Iran. Evidemment, cela aura des conséquences régionales même s’il est encore trop tôt pour en délimiter l’impact.

Parmi les pays les plus concernés par ce rapprochement surprise, évidemment, la Syrie d’une part, avec la normalisation entamée depuis plusieurs mois des relations diplomatiques entre un certain nombre de pays arabes et Damas et concrétisé même par le retour des avions saoudiens dans les aéroports syriens suite au tremblement de terre qui a affecté une partie de ce pays mais aussi le Liban avec le blocage institutionnel lié à l’absence de président de la république depuis la fin du mandat du Général Michel Aoun, le 1er novembre 2022.

Ce blocage institutionnel est d’autant plus grave que se posent aujourd’hui de nombreuses questions et la crédibilité même des institutions politiques face aux défis qui se posent à ce pays notamment sur un plan économique. Le Liban traverse effectivement une grave crise financière que seule la conclusion d’un accord final avec le FMI pourrait amoindrir vue l’étendue des dégâts à l’heure actuelle. Cependant, aucun progrès significatif n’a été accompli depuis la conclusion d’un accord préliminaire avec l’institution internationale. Aucune réforme réelle n’a été mise en place même du temps du mandat présidentiel. Les plans de restructuration de la dette publique ou encore même du secteur financier qui étaient prévus pour novembre 2022 ont été renvoyés aux calendes grecques.

Pourtant, si les choses au premier abord semblent décanter un peu la problématique de la présidentielle libanaise, cela s’avère être moins évident si on approfondi un peu la question, comme en témoigne à juste titre la déclaration du ministre des affaires étrangères saoudien, le prince Faisal bin Farhan, qui ainsi a déclaré ce vendredi que “le Liban a besoin d’un rapprochement libanais, pas d’un rapprochement entre l’Iran et son pays”. Vérité cruelle…

Désormais, les chances de succès des candidatures de Michel Mouawad d’une part mais aussi celle nouvellement officialisée de Sleiman Franjieh semblent appartenir au passé. D’une part, Michel Mouawad – qui étant membre de la commission parlementaire des finances et du budget pourrait être apparenté au parti des banques – n’a jamais été un candidat vraiment sérieux pour la présidence du Liban mais était proposé comme faire-valoir par les partis qui le soutenaient sans réelle chance de réussite et d’autre part, la candidature de Sleiman Franjieh, si elle est soutenue par le mouvement Amal et le Hezbollah, ne bénéficie pas du soutien des principaux partis chrétiens. Par ailleurs, 2 alternatives se posent, celle du commandant de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun et d’autre part, celle du directeur actuel du FMI pour le Moyen Orient et ancien ministre des finances après avoir été chef de cabinet du ministère des finances du temps de Fouad Saniora, Jihad Azour.

Même si certains analystes prétendent que ce rapprochement pourrait augurer d’une solution du type, présidence pour la partie pro-iranienne et premier ministre pour la partie pro-saoudienne, les choses s’avèrent être un peu plus compliquées aujourd’hui, notamment en raison de la complexité de la situation sociale et économique interne au Liban. Si certains espèrent que la conclusion d’un tel accord puisse débloquer une aide économique saoudienne, ils oublient d’une part que le Liban est devenu partie négligeable sur l’échiquier mondial en raison de l’apaisement des relations entre Iran et Arabie saoudite et donc ne constitue plus un terrain d’affrontement majeur et que, que cela soit la France, la Chine, les Etats-Unis ou l’Arabie saoudite, tous ces pays ont conditionné toute aide à un certain nombre de conditions qui jusque là n’ont pas été respectées.

Ces candidatures, en effet, souffrent cependant toutes d’un manque de soutien des partis chrétiens toujours divisés et dont les dirigeants ne s’accordent en aucune manière – pour le moment – sur les modalités d’un quelconque rapprochement. Si des discussions sont donc prévisibles, il est encore trop tôt pour prétendre qu’elles arriveront à un résultat concret et encore beaucoup plus pour identifier le candidat qui en bénéficiera.

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