Riad Salamé sur Al Hadath, 24 mai 2021

Le gouverneur de la banque centrale sera interrogé mercredi dans le cadre d’une enquête internationale

Des responsables européens sont arrivés lundi à Beyrouth pour interroger Riad Salamé sur le détournement présumé de plus de 330 millions de dollars de la banque centrale du Liban, a déclaré une source judiciaire à The National.

Il s’agissait de leur deuxième visite dans le cadre d’une enquête internationale sur le gouverneur de longue date de la Banque du Liban. Ils prévoient de parler à M. Salamé mercredi.

Les questions préparées en Europe seront posées par le juge libanais chargé de l’affaire en présence des responsables de l’UE, a ajouté la source.

La commission rogatoire, dans laquelle un juge peut charger un autre d’enquêter et de rechercher des preuves qu’il ne peut pas faire lui-même, fait partie de l’entraide judiciaire entre le Liban et la justice européenne.

Cela relève de la Convention des Nations Unies contre la corruption, ratifiée par le Liban en 2009, qui réglemente la coopération internationale en matière pénale.

L’équipe de visite, qui comprend Aude Buresi, la juge chargée de l’affaire Salamé en France, prévoit de rester au Liban pendant trois jours.

L’audition de M. Salamé est l’ objectif principal du voyage et pourrait prendre plusieurs jours, a indiqué la source.

Le gouverneur n’a pas encore officiellement confirmé sa présence. Il ne s’était pas présenté auparavant à un interrogatoire lié à une enquête sur l’acquisition d’une propriété à Paris, une enquête liée à l’affaire en cours.

En janvier, des enquêteurs français, allemands et luxembourgeois se sont rendus au Liban pour entendre des témoins et recueillir des preuves.

Le voyage a été considéré comme un succès. L’équipe de visite a pu interroger une douzaine de témoins avec l’aide de la justice libanaise, dont des hauts fonctionnaires de la banque centrale, des banquiers de premier plan et un auditeur.

De nouvelles accusations au Liban

Au moins six pays européens enquêtent sur Riad Salamé et son frère Raja sur des allégations d’actes répréhensibles financiers. Il s’agit de la Suisse, de la France, du Luxembourg, de l’Allemagne, de la Belgique et du Liechtenstein.

Ils s’intéressent à Forry, une société dirigée par Raja Salamé, avec laquelle la banque centrale a signé un contrat en 2002 pour vendre ses produits financiers, tels que des certificats de dépôt, des eurobonds et des bons du Trésor.

Les enquêteurs soupçonnent Forry, qui est enregistrée aux îles Vierges, d’être une société écran créée uniquement pour acheminer des fonds détournés vers l’Europe, où le gouverneur et son entourage possèdent des biens valant des millions de dollars.

Les enquêtes européennes n’ont pas encore porté plainte contre les Salamé et les frères ont nié toutes les accusations portées contre eux.

Le mois dernier, le juge libanais Raja Hamoush a inculpé Riad Salamé, son frère Raja et son assistante Marianne Howayek de détournement de fonds, de faux, d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent et de violation du droit fiscal, et a transféré l’affaire au premier juge d’instruction de Beyrouth, Charbel Bou Samra.

Cette décision, basée sur une enquête de 18 mois, fait partie d’une enquête parallèle sur Forry ouverte au Liban en 2021.

Nada Maucourant Atallah
Nada Maucourant Atallah est correspondante au bureau de Beyrouth de The National, un quotidien de langue anglaise publié aux Émirats arabes unis. Elle est une journaliste franco-libanaise avec cinq ans d'expérience au Liban. Elle a auparavant travaillé pour L'Orient-Le Jour, sa version anglaise L’Orient-Today et le journal d'investigation français Mediapart, avec un accent sur les enquêtes financières et politiques. Elle a également fait des reportages pour divers médias français tels que Le Monde Diplomatique et Madame Figaro.

Un commentaire?