À Beyrouth, 25% des appartements construits après 1996 sont vides en raison de l’absence de locataires ou même de propriétaires qui désirent y résider, selon une étude effectuée par l’Institut Issam Fares de l’AUB.

Les investisseurs préfèrent garder des immeubles vides au lieu d’en baisser les prix pour plusieurs raisons.

L’absence d’un retour sur investissement tout d’abord, les prix au mètre carré étant élevés, le yield locatif est plus bas que les sommes déboursées pour un loyer. (et cela en dépit de la fin des locations dites anciennes). Les propriétaires espèrent donc plutôt les vendre que les mettre sur le marché locatif. D’autre part, le coût au mètre carré étant plus élevé en terme de proportion que le pouvoir d’achat, la demande interne, locale n’est pas qu’elle soit inexistante pour ces prix mais que les clients potentiels n’en ont pas les moyens. L’offre est trop donc élevée par rapport à la demande.

Toute incitation à construire depuis 2000 a été une incitation à la bulle spéculative dans le secteur de l’immobilier en l’absence de demande réelle pour des prix trop élevés. Une première bulle spéculative était déjà présente en 2000 quand le marché comptait plus de 10 milliards de dollars d’invendus sur un plan national.Pourtant, les autorités publiques poursuivaient leur politique, celle consistant à être absentes, à poursuivre le fait d’accorder des permis de construire, à ne pas réguler un marché ou plutôt à le réguler dans l’intérêt non pas des consommateurs ou des clients potentiels mais dans l’intérêt des promoteurs et des spéculateurs.

Cette crise immobilière est l’un des facteurs ayant le plus contribué à la détérioration de la situation économique après une sorte de sursaut dans les années 2005 – 2010 en raison de l’augmentation de l’investissement dans ce secteur.

Le fait est qu’on doit arrêter aujourd’hui d’accorder des permis de construire en attendant que les stocks d’immobiliers disponibles puissent retomber à des niveaux normaux. La BDL notamment doit arrêter de fournir des prêts à l’achat d’appartements sur plan mais promouvoir des appartements déjà construits. Nous devons écouler un stock important pour dégonfler la baudruche.

Sur un autre plan, l’état est ici en faillite fonctionnelle. Il aurait dû mieux réguler le secteur et notamment en l’adaptant au type de demande réelle, qui était non pas pour un marché à l’achat mais un marché locatif, l’adapter également au pouvoir d’achat des consommateurs, moins d’immeubles à fort coût et plus d’immeubles dont le prix au mètre carré était plus adapté à leur pouvoir d’achat.

Quand on le disait, quand on le soulignait déjà il y a quelques années, ce n’est pas avec des arguments économiques que les interlocuteurs répondaient mais disons-voir “patriotiques”. Un des promoteurs qui a depuis fait faillite d’ailleurs, m’avait simplement répondu que – je cite – je n’étais pas patriotique et même je n’aimais pas le Liban. C’était en 2013.
La mise en faillite de sa société, qui a d’ailleurs fait grand bruit à l’époque, devrait l’inciter aujourd’hui à voir que j’avais raison et qu’il avait tort.

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