Le Liban commémore chaque 25 mai depuis 2 000, “Le Jour de la Libération”, qui est en réalité la date anniversaire du retrait israélien.

Cette période historique est à cheval avec celle de la guerre civile qui s’est déroulé entre 1975 à 1990 dans laquelle Israël s’est impliqué directement à partir de 1978. 

Le 25 mai 2000, le dernier soldat israélien quitta les zones occupées du Liban, à l’exception notable des Fermes de Chébaa et d’autres zones situées au Sud de la Ligne Bleu. Il convient de rappeler que cette ligne bleu est une ligne de démarcation entre le Liban et Israël conformément aux accords d’armistice de 1949 et non la frontière internationalement reconnue qui est constituée par la ligne Paulet-Newcombe de 1923. L’état hébreu reconnait d’ailleurs dans le texte d’armistice de 1949 que le tracé de la frontière est constitué non pas par la ligne bleu mais par la ligne Paulet Newcombe. 

7 villages libanais se trouvent ainsi au sud de la Ligne Bleu. Il s’agit des localités de Malkiya, Kadas, Nabi Yusha, Hunin, Saliha, Tarbikha et d’Abeil el-Qamh dont les habitants sont détenteurs de la nationalité libanaise. 

Par ailleurs, une partie de la zone maritime économique libanaise est désormais revendiquée par Israël. La zone disputée entre les 2 pays est estimée à plus de 800 kilomètres carrés. La ligne Hoff du nom de la proposition américaine que Beyrouth déjà rejeté, accorde 560 kilomètres carrés au Liban et le solde à Tel Aviv. Ce bloc serait riche en ressources pétrolières et gazières.

Aux origines du Conflit: le conflit israélo-palestinien

En 1948, lors de la guerre israélo-palestinienne à la suite de la naissance de l’État d’Israël, environ 140 000 Palestiniens se sont réfugiés au Liban. Cette présence dénaturera les équilibres communautaires du Pays Des Cèdres. 

Dès le 1er janvier 1965, sera organisée une première action du Fatah contre l’Etat hébreu depuis le Sud Liban. D’autres opérations provoqueront une montée des tensions avec Israël d’un côté, et son opération contre l’aéroport international de Beyrouth, le 28 décembre 1968 (ils détruiront l’essentiel de la flotte civile aérienne libanaise), et de l’autre côté, avec les Palestiniens que l’Armée Libanaise tentera tout de même de contrôler.  Chassées suite au septembre noir de Jordanie mais également de Syrie, les forces palestiniennes se regrouperont au Sud Liban. Ces derniers transformeront petit à petit les différents camps palestiniens en forteresse dont l’accès sera rendu difficile aux forces de sécurité libanaises et deviendront de facto, des zones de non-droit qui échappent à l’autorité de l’Etat.

Les opérations militaires israéliennes se multiplient contre le Liban entre 1968 et 1974. Israël exige du Pays des Cèdres qu’il assure la paix sur la frontière en contrôlant l’activité des Palestiniens sur son territoire, ce que les autorités libanaises sont incapables de faire en raison d’un état de faiblesse de ses services sécuritaires et d’une paralysie politique, les milices palestiniennes jouissant du soutien des pays arabes qui menacent le Liban de représailles et d’une partie de la classe politique locale essentiellement sunnite. 

Des problèmes sociaux apparaissent ainsi au-devant de la scène avec l’émergence notable de l’Imam Moussa Sadr, qui incitera la communauté chiite à manifester dès 1970 en réaction aux opérations palestiniennes au Sud Liban et aux représailles israéliennes dont les villages chiites sont les principales victimes collatérales. Le 20 janvier de la même année, la milice Amal sera créé pour défendre les intérêts chiites au Sud Liban.

Suite à la pression des Pays Arabes, les autorités libanaises abdiqueront et laisseront des milices palestiniennes opérer librement suite aux fameux accords du Caire du 3 novembre 1969. Cet accord consacre le droit des fedayins à mener, à partir du territoire libanais, des opérations militaires et des attaques dans le cadre de leur lutte nationale armée et tout en respectant, ajoute le texte, la souveraineté de l’État libanais. Cet accord permet aux Palestiniens de s’organiser militairement au Liban et d’y créer un véritable État dans l’État, les camps palestiniens jouissant d’un statut d’extraterritorialité. 

Un sursaut d’orgueil de l’Armée Libanaise, suite au kidnapping de 3 de ses militaires, se fera le 1er mai 1973, avec le bombardement par l’aviation des positions tenues par l’OLP dans les camps de Bourj Brajné. L’immobilisme des autorités politiques libanaises et notamment gouvernementales manquant à leur solidarité avec l’Institution Militaire, paralysera les Forces de Sécurités libanaises qui seront désormais maintenues à l’écart du conflit afin d’éviter toute dissension interne, laissant la place aux milices palestiniennes et à leurs alliés d’une part notamment au Sud Liban et aux milices d’autodéfense d’autre part. 

Le 13 avril 1975, débutera officiellement la Guerre Civile Libanaise. 

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En 1976, sera fondée l’Armée du Liban Sud (ALS) par des membres de l’armée libanaise. Elle sera essentiellement basée dans la ville de Marjayoun et constituée pour l’essentiel de chrétiens, mais aussi de chiites et de Druzes libanais souhaitant protéger la population civile libanaise face à l’OLP opérant librement au Sud Liban. Elle s’alliera rapidement à l’état hébreu en raison de l’incapacité des autorités libanaises à pouvoir venir au secours de ces populations.

Pendant la guerre civile, côté libanais, avec le mouvement Amal, le PCL qui s’alliera à l’OLP et à divers courants palestiniens face l’état hébreu. Certains de ses membres conduiront des actions conjointes avec les mouvements palestiniens dont des opérations d’infiltration en plein territoire Israélien. À ses côtés, le Parti Baas et le Parti social-national syrien, de rivaux devenus alliés agiront de même.

1978, le début d’occupation israélienne avec l’opération Litani 

Premiers chars israéliens traversant le Litani au Sud Liban en 1978.

3 jours après le massacre de 37 Israéliens dans un bus de Tel Aviv, par des membres de l’OLP infiltrés depuis le Liban, l’Armée israélienne lance l’opération Litani du 14 au . Elle envahit une partie du Liban du Sud et repousse l’OLP au-delà du fleuve Litani, débutant ainsi l’occupation d’une partie du territoire libanais. 

Les troupes de la FINUL hissant pour la première fois le drapeau de l'ONU à Nakoura au Sud Liban en mars 1978.  Source Archives ONU
Les troupes de la FINUL hissant pour la première fois le drapeau de l’ONU à Nakoura au Sud Liban en mars 1978. Source Archives ONU

La résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations unies sera adoptée le 19 mars 1978. Elle fondera notamment la FINUL dont la mission est de s’assurer du retrait des forces israéliennes du Liban, de permettre la sécurité à la frontière et d’aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité effective dans le sud de son territoire.

Côté israélien, on déplore 8 tués et 113 blessés à ses forces, coté palestinien, on déplore 300 à 500 morts parmi les combattants. Le bilan le plus lourd sera cependant celui de la population libanaise: 
1 186 civils libanais furent tués, 285 000 réfugiés seront décomptés et 82 villages furent endommagés dont 6 entièrement détruits.

A l’issue de cet épisode, les forces israéliennes se retireront partiellement du Sud Liban, laissant la place à l’ALS qu’elles équiperont et soutiendront financièrement et logistiquement en lui fournissant des armes. 

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Paix en Galilée ou la fin de l’action militaire de l’OLP au Liban

Dès le lendemain d’un attentat mené le 3 juin 1982 par l’organisation palestinienne Abou Nidal contre l’ambassadeur israélien à Londres Shlomo Argov, les forces israéliennes bombardent les positions de l’OLP -pourtant adversaire du groupe d’Abou Nidal –  au Liban. L’OLP dirigée par Yasser Arafat répliquera à ces bombardement.

Le 6 juin 1982, l’Armée Israélienne mobilisera 76 000 hommes et déclenchera l’opération Paix en Galilée, officiellement pour établir une zone de sécurité de 40km2 à l’intérieur des frontières libanaises en dépit de la présence de la FINUL présente depuis 1978. Face à elle, 15 000 miliciens de l’OLP et 22 000 soldats syriens tenteront de contenir son avance.

Bombardement israéliens sur Beyrouth Ouest. Source Image Twitter

Mais c’est jusqu’à Beyrouth sous l’impulsion du Ministre de la défense israélien Ariel Sharon, que Tsahal avancera pour faire jonction avec les Forces Libanaises de Bachir Gemayel. Les Forces Syriennes présentes depuis 1976 subiront de lourdes pertes à l’issue de combat avec l’armée israélienne. Quant aux forces palestiniennes, elles subiront le siège de Beyrouth-Ouest qui débutera une semaine après le début de l’offensive.

Le siège de la capitale durera du 14 juin au 

Sabra et Chatila et le début du retrait israélien 

Au cours de l’intervention israélienne Paix en Galilée, Bachir Gemayel, considéré comme allié d’Israël, est élu président de la République libanaise. Il sera assassiné trois semaines plus tard, le par un chrétien membre du PSNS (Parti social nationaliste syrien), avant d’avoir pu prêter serment.

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Laissés sans protection, plusieurs centaines de réfugiés palestiniens seront massacrés dans les camps de Sabra et de Chatila en 3 vagues alors que les forces israéliennes contrôlent le périmètre des camps. 

La première vague a été constituée par des militaires israéliens visant des personnes spécifiques, intellectuels, ingénieurs et médecins palestiniens. Une deuxième vague agira de manière identique. Une troisième vague sera constituée par des membres phalangistes et de l’Armée du Liban Sud. Ils auront pour mission de nettoyer le camps et ainsi couvrir les traces des 2 premières vagues selon la commission d’enquête libanaise. Côté israélien, une enquête officielle rendue publique en février 1983 faite par une commission israélienne dirigée par Itzhak Kahane, le chef de la Cour suprême, a conclu à la responsabilité des phalangistes et à la responsabilité indirecte d’Ariel Sharon.

Au terme de 2 jours de massacres, 700 à 3 500 dont de nombreux enfants et femmes seront tués.

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Suite à ce massacre, les Forces Israéliennes entameront leur retrait de la capitale libanaise. et poursuivront leurs retraits de la Montagne Libanaise, entrainant le Liban dans ce qu’on appelle la Guerre de la Montagne et les massacres par les milices druzes de Walid Joumblatt de milliers de personnes essentiellement de la communauté chrétienne et l’exil du Chouf.

Selon certains bilans, l’Armée Israélienne a perdu 670 soldats lors de cette phase du conflit.

17 825 civils (libanais et arabes) sont morts durant cette guerre dont au moins 10 000 furent des soldats de l’armée syrienne ou des milices palestiniennes.

La zone de sécurité du Sud Liban

L’état hébreu établira une zone de sécurité en 1985 au Sud du Litani avec son allié de l’ALS désormais dirigée par Antoine Lahd jusqu’en 2000, date du retrait israélien de la zone. Cette milice sera en charge de l’administration civile et sera équipée en armes, uniformes et équipements par l’Armée Israélienne. Disposant de jusqu’à 5 000 hommes à son apogée dans les années 1980, l’ALS instaure également un service militaire obligatoire d’un an, poussant de nombreux jeunes à s’exiler pour ne pas servir. 

A Khiam, l’ALS ouvrira un centre de détention où la torture est d’usage courante. 

Un affaiblissement progressif face au Hezbollah

Fait sans précédent, les forces israéliennes font face depuis 1982 à un nouvel ennemi, le Hezbollah, issu d’une scission du mouvement Amal et dont l’existence sera rendue publique en 1985 après la publication de son manifeste fondateur dans le quotidien libanais as-Safir. Ce document appelle à la destruction de l’État d’Israël et constitue un dogme fondamental de l’idéologie du Hezbollah. Hussein Moussavi et Ibrahim el Amine créeront ainsi Amal Islamique qui deviendra la branche militaire du Hezbollah. 

D’abord dirigé par Subhi al-Toufeili puis par Abbas Moussaoui en 1991 qui sera assassiné par Israël en 1992, le groupe sera dirigé à partir de cette date par Hassan Nasrallah. Face aux exactions israéliennes et à celles de leurs alliés, notamment en raison de Khiam, le Hezbollah jouira d’un large soutien parmi la population sudiste. 

Sous son commandement, se multiplieront les actions visant les forces israéliennes et leurs supplétifs de l’ALS de la part du Hezbollah mais aussi des services de renseignement de l’Armée Libanais qui réussiront à infiltrer l’ALS. Ses effectifs baisseront jusqu’à 1 500 combattants, ce qui était insuffisant pour contrôler la zone. Le Hezbollah répliquera à toute attaque israélienne par des tirs de roquettes Katouicha instaurant un équilibre de la terreur.

Ainsi suite à l’assassinat par un missile israélien de 2 hommes à Yater, 20 roquettes seront tirées sur le territoire israélien. Tsahal ripostera en déclenchant le 11 avril 1996, l’opération Raisins de la Colère qui se soldera au final par le bombardement d’un camp de l’ONU où s’étaient réfugiés de nombreux civils. 102 décèderont lors de ce bombardement à Cana, à la suite de quoi sera imposé un cessez-le-feu. 

Face à ce constat d’échec et suite à l’assassinat du numéro 2 de l’ALS, le colonel Akel Hachem, successeur désigné d’Antoine Lahd par le Hezbollah, les autorités israélienne du gouvernement d’Ehud Barak décideront d’un retrait unilatéral sans même en avoir informé ses alliés le 25 mai 2000.

Pris au dépourvu, l’ALS s’effondre et un certain nombre de ses membres tentent de passer en Israël. D’autres seront jugés par l’état libanais pour collaboration avec Israël et enfin certains seront protégés parce qu’ayant collaboré avec les Services de Renseignement de l’Armée Libanaise ou avec le Hezbollah.

Le Hezbollah prend le contrôle des positions israélienne et de l’ALS au Sud Liban.

Cependant, même si le retrait israélien est obtenu ce jour-là, il reste que la zone reste l’objet d’âpres batailles, notamment lors du conflit de 2006. 

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