Quarante-huit personnes ont été blessées dans des incidents unanimement condamnés par les autorités religieuses hier, lors des manifestations qui ont pris un caractère religieux. Ainsi, si les protestations qui se sont déroulées à partir de 15 heures ce samedi devaient tout d’abord porter sur la détérioration des conditions sociales et économiques, elles ont rapidement dégénérées en raison de la demande de voir inclus, par les partisans de certains partis essentiellement, la question des armes du Hezbollah.

Les premières alertes à un possible recours à la violence se sont déroulées dans l’après-midi même quand des groupes de partisans d’Amal et du Hezbollah du quartier de Khandak al-Ghamik ont tenté d’en découdre avec certains manifestants au niveau du Ring Fouad Chéhab avant l’intervention rapide des unités de l’Armée Libanaise présentes sur place.

À l’origine de ces incidents, des slogans hostiles au secrétaire général du Hezbollah et à la femme du prophète Mohammed, figure sacrée de la communauté chiite auxquels ont répondu les sympathisants des 2 partis par des slogans en sa faveur et “chiite, chiite, chiite”. Faits aggravants, ces provocations auraient été principalement dû fait de personnes appartenant à la communauté sunnite, indiquent des témoins sur place.

Cette prompte intervention n’a cependant pas suffit à contenir la situation pour longtemps puisque des affrontements ont ensuite eu lieu entre forces anti-émeutes et manifestants au niveau du périmètre du parlement. Finalement, les participants à la manifestation ont fini par se disperser.

Cependant, la Croix Rouge Libanaise a indiqué avoir traité 48 personnes dont 11 qui ont été transportées dans les hôpitaux des alentours.

Pour rappel, certains partis politiques, comme le Parti Kataëb ou les Forces Libanaises ainsi que des manifestants sunnites souhaitaient l’inclusion de demandes concernant l’application de la résolution 1559 du Conseil de Sécurité de l’ONU appelant au désarmement du Hezbollah. Ces exigences étaient auparavant rejetées par la majorité des manifestants, estimant qu’il fallait rassembler et non diviser sur la question des problèmes sociales et économiques auxquels les libanais des différentes communautés religieuses font face ainsi que pour exiger le départ de l’ensemble de la classe politique dans son ensemble, accusée d’avoir mené le Pays des Cèdres à la ruine et d’être totalement corrompue.

Dès jeudi soir, les autorités libanaises avait mis en garde contre de possibles incidents et contre le blocage des routes qui s’est pourtant concrétisé durant la soirée.

Les incidents se sont ensuite poursuivies dans les rues de Beyrouth, notamment à la corniche Mazraa au niveau de la Mosquée Gamal Abdel Nasser, du quartier de Tarik Jadideh où de nombreux coups de feux ont été entendus mais également entre le quartier d’Ein Remmeneh avec la présence de jeunes des Forces Libanaises et de Chiyah, où sont présents Hezbollah et Amal. Le quartier avait été déjà le témoin des premiers incidents de la guerre civile de 1975 à 1990.

Ces 3 incidents ont amené à une intervention des unités de l’Armée Libanaise pour tenter de les contenir.

Par ailleurs, les routes ont été bloquées durant la nuit principalement dans les quartiers sunnites de la capitale mais également à Jieh et Naameh au Sud de la capitale avant d’être rouvert durant la nuit.

Les autorités religieuses et politiques dénoncent ces incidents et mettent en garde contre la discorde civile

Le Président de la République, le Général Aoun, a estimé ce matin que les incidents constituent un signal d’alarme et indique qu’une vie digne ne peut être atteinte par les insultes et les attaques. “Personne ne peut triompher sur l’autre”, souligne le chef de l’état.

Le Premier Ministre Hassan Diab a également dénoncé ces incidents sur Twitter, condamnant dans les termes les plus forts “les slogans sectaires” avant d’appeler la population libanaise, les dirigeant politiques et religieux à exercer leurs sagesses et à coopérer avec l’Armée Libanaise et les services de sécurité.

Nabih Berri dénonce ainsi des incidents à caractère sectaire et religieux, maudissant ceux qui réveillent ce type de tension. La Président de la chambre condamne les insultes aux lieux saints, aux symboles et aux lieux sacrés islamiques et chrétiens, mais également les insultes qui auraient été formulées par certains membres de la communauté sunnite à la femme du prophète, Aisha.

Les dirigeants des 2 communautés sunnites ont également condamnés les incidents et les insultes aux figures religieuses notamment.

Dar el Fatwa a ainsi appelé au calme et a mis en garde contre le piège de la sédition sectaire et religieux. La plus haute autorité sunnite a également dénoncé les insultes à l’épouse du Prophète, estimant que ses auteurs ignorent la véritable valeur de l’islam.

Le Président du Conseil Supérieur Chiite, l’Imam Amir Qabalan a également condamné les insultes estimant qu’il s’agit d’une tentative suspicieuse pour mener à la sédition et ainsi nuire à l’unité nationale et religieuse.

L’ancien Premier Ministre Saad Hariri a souligné l’appel au calme des 2 plus hautes autorités religieuses musulmanes, appelant au calme et à ne pas menacer la paix civile, tout comme le Hezbollah qui a dénoncé tout acte visant à diviser la communauté musulmane et amener à des tensions sectaires.

De même, Gébran Bassil a estimé que la crise a été induite par le système actuel et que l’amélioration de ce dernier est nécessaire. Aussi, la mise en place d’un état civil est nécessaire.

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