Une maladie mortelle menace les pins parasol historiques du Liban par Bouchra Doueihi

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Que ce soit au fond des forêts du Liban, dans le seul Horsh de Beyrouth, ou entre les zones résidentielles, le pin parasol, connu sous le nom de pin de pierre, est menacé. Et alors que certains pins grippés présentent des symptômes de branches mourantes, d’autres ont succombé au « Syndrome du cône sec », laissant les cônes de pin vides de leur graine lucrative.

Une maladie qui affaisse les branches des arbres, décolle leurs aiguilles – en les rendant rouges, jaunes ou oranges – avant de les tuer lentement, se propage.

Selon le site Web environnemental Green area, des chenilles qui se nourrissent des aiguilles de pins, plus connues sous le nom de « chenilles processionnaires du pin », sont parmi les principaux agents parasites de cette maladie. Le déclin du nombre de leur prédateur, à savoir l’oiseau coucou, permet à leur population d’augmenter, d’étouffer les arbres.

Lorsque les larves des chenilles processionnaires attaquent les pins, elles peuvent les déformer sévèrement, les affaiblir et les rendre plus sensibles aux attaques d’autres insectes ravageurs ou même à des maladies, ou encore aux stress environnementalcausés par la sécheresse ou l’humidité excessive.

La chenille processionnaire du pin (localement connue sous le nom de Doudet el Sandal ou Jommar), comme sa parente proche, la chenille processionnaires du chêne, tire son nom de son habitude distinctive de se déplacer dans les processions de queue à tête. Ces vers de terre poilus provoquent également des allergies graves et du coup, représentent un risque pour la santé publique car elles ont des milliers de cheveux qui contiennent une protéine urticante ou irritante appelée thaumétopeine. Ces cheveux peuvent être soufflés par le vent et quand ils entrent en contact avec des personnes et des animaux, entraînent des irritations cutanées douloureuses et plus gravement, des réactions allergiques chez certaines personnes et animaux.

Bien que les oiseaux de coucou ne soient pas des espèces en voie de disparition au niveau mondial, au Liban, ils sont inscrits sur la liste des oiseaux rares. Puisque même s’ils ne sont pas considérés comme des oiseaux de jeu, les chasseurs libanais les abattent de toute façon, exécutant fièrement le slogan «si l’oiseau vole, l’oiseau meurt ». Par contre, si les chasseurs choisissent de les manger, ils pourraient être empoisonnés à cause des chenilles dont ces oiseaux se nourrissent ce qui nécessitera dans certains cas leur hospitalisation. Donc l’on se demande pourquoi les tuer à la base. Le sport de mettre à mort d’autres espèces vivantes reste une énigme à résoudre…

Les oiseaux de coucou sont insectivores et de ce fait, ils aident les agriculteurs à se débarrasser des insectes, des vers et des chenilles et ils consomment également des espèces velues nocives évitées par d’autres oiseaux. Comme la plupart des oiseaux insectivores, ils contribuent à réduire l’utilisation des pesticides.

Aussi, une espèce du scarabée d’écorce attaquent des arbres plus âgés et plus faibles, c’est le cas des arbres a Horsh Beyrouth. Ces scarabées forment une relation symbiotique avec un certain type de champignons, surmontant les défenses chimiques des arbres. Leurs coléoptères portent les spores fongiques dans des structures spéciales, infectant peu à peu et tuant les arbres. Notons que les hivers Libanais plus chauds, provoqués par les changements climatiques et la montée des températures, leur permettent de prospérer.

Plus les arbres meurent, plus les conditions sont favorables pour les incendies de forêt. Dans ce sens, les coléoptères de feu et d’écorce s’enferment dans une boucle de rétroaction malveillante, avec les feux mêmes, qui de ce fait, invitent les coléoptères à dévorer les arbres affaiblis, créant du carburant pour les incendies futurs.

Le Liban est déjà mal équipé lorsqu’il s’agit de faire face aux incendies de forêt. Avec l’été au coin de la rue, les ravageurs et les maladies qui affectent les pins doivent rapidement être abordés.

Aussi, Le déclin des pins de pierre du Liban a des conséquences au-delà de l’environnement, surtout dans les zones rurales qui dépendent financièrement des arbres, et ou les noix pommes de pin de ces arbres sont une source de revenu secondaire pour beaucoup.

Selon un groupe d’experts d’ingénierie Libanais, les pièges qui ont été mis en place pour les insectes ont vu leur population diminuer d’environ 50 pour cent au cours de l’année écoulée, par contre le taux de perte de forêt de pins n’a pas encore ralenti, avec des chiffres de 2016 marquant le décès maximal. Et alors qu’une récolte d’environ 3 tonnes de cônes de pin était prévue pour chaque année, récemment, les récoltes ne dépassaient plus 250 kilogrammes donc un peu moins de vingt pour cent.

La recherche sur le traitement de Syndrome du cône sec a commencé récemment et il faudra peut-être du temps avant de donner des conclusions précises. Pendant ce temps, il est recommandé aux producteurs de pin et aux municipalités d’éliminer les arbres morts des forêts afin d’empêcher la propagation des insectes, une intervention soutenue par le ministère de l’Agriculture.

Bouchra Doueihi

Bouchra Doueihi
Avocate à la cour, humaniste et adepte de la course de fond, cofondatrice de l’association Libanaise Women in Law Power –WILPower qui promeut le développement professionnel des femmes juristes, avocates, et étudiantes en droit au Moyen-Orient et dans la région du Golfe

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