Ces dernières décennies, nous avons vu se développer, après le complexe militaro-industriel, la financiarisation massive de l’économie.

Sur la même lancée, l’industrie informatique s’est mise en place pour conquérir progressivement l’ensemble des secteurs administratifs et de gestion économique. D’outil de service, l’informatique a innervé le cœur de chaque acte en se dématérialisant et se transformant en industrie du numérique et muer de nouveau aujourd’hui pour générer la robotique, l’intelligence artificielle et une future industrie 3D, devenant, dès la première décade du vingt-unième siècle, la première industrie mondiale, ravissant ainsi sa place de leader au complexe militaro-industriel.

Enfin, en l’espace de moins de deux décennies à partir de la fin du vingtième siècle, suite à l’épidémie du sida dans les années quatre-vingts qui a puissamment affecté aussi les pays les plus riches de la planète, l’industrie pharmaceutique a mesuré toute la fortune que le secteur de la santé pouvait générer et engranger de profits pour peu qu’on puisse en user adroitement. Le maître mot qui veut que la santé n’a pas de prix n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd dans cette période où le néolibéralisme avec le principe de la marchandisation des biens communs et la recherche effrénée de richesses devient un but en soi et le paradigme des classes dominantes dans les pays occidentaux. Après avoir été expérimenté au Chili et en Afrique dans les années soixante-dix, il y a pris son envol pour sévir très vite dans le système mondial, à quelques exceptions près. L’exploitation des thérapies du sida a ainsi laissé entrevoir tout l’intérêt dans la création de nouvelles molécules pour peu qu’elles puissent répondre ou se combiner avec les besoins des pays riches. Mais progressivement, cette amorce ne s’est plus limitée à l’invention de nouvelles molécules pour soigner de nouvelles maladies. L’industrie pharmaceutique s’est mise à pratiquer des combinaisons de vieilles molécules ou en rhabiller formellement pour justifier de nouveaux brevets et démultiplier les prix. En l’espace d’une quinzaine d’années de ce type de pratiques, elle est devenue à son tour le premier marché mondial et le plus grand créateur de profits. La progression de cette puissance s’est bien sûr accompagnée d’un lobbyisme systématique, d’une anesthésie des consciences grâce à :

– une politique généreuse de congrès, conférences et autres sources d’activités à l’intention des médecins, entièrement gratuites, tous frais payés, dans des lieux les plus confortables, voire luxueux

– un financement de Fondations et autres ONG privées mais aussi d’organismes publics pour promouvoir des politiques et accompagnements sanitaires

– une main-mise sur l’OMS (Organisation mondiale de la santé) qu’elle finance à quatre-vingts pour cent, inversant ainsi la part de financement entre le public et le privé.

Cette “philanthropie” a permis aux pouvoirs publics de se décharger de certaines contraintes budgétaires, en toute toute bonne conscience, la tête haute et pas mal de retombées collatérales appréciables.

Appréciables surtout en termes de communication et autres avantages non toujours définis, les pouvoirs publics restant chargés des investissements les plus lourds et non lucratifs, à savoir les grandes infrastructures sanitaires, l’éducation et la formation des médecins et autres personnels de santé, les hôpitaux et centres hospitalo-universitaires, la recherche fondamentale,…. tandis qu’aux grandes industries pharmaceutiques mondiales reviennent la recherche appliquée et les profits qui vont avec, et dont une partie sera réinvestie dans une philanthropie qui permettra de mettre les

décideurs sous influence, d’intervenir activement dans leur cursus professionnel, social, administratif et leur rayonnement national et international.

À observer les pratiques politiques au sein des pays riches, émergents (ou même qui ambitionnent de l’être) comme au niveau de la géopolitique mondiale, nous pouvons mieux appréhender la puissance générée par la conjugaison de ces grands secteurs dans leur pénétration de l’activité économique comme dans la gestion des pouvoirs au service de l’ensemble des classes dominantes.

Le complexe militaro-industriel a constitué et continue d’être un puissant facteur de développement économique en même temps qu’un levier essentiel pour le partage du monde. Ses sous produits à usage de répression des populations civiles sont devenus primordiaux pour quadriller, museler et, en cas de besoin, terroriser des populations civiles insurgées contre les pouvoirs en place. Ce sont aussi, comme dans un boomerang, les fruits des guerres de destruction menées contre d’autres pays dans le but de s’emparer de leurs richesses, briser et/ou punir quelques velléités d’indépendance.

L’informatique et le numérique permettent en amont de ficher et contrôler la population en une toile d’araignée de plus en plus efficace, diminuant et atténuant par là-même une présence policière visible, sauf pour les quartiers et autres lieux non encore policés, au sein d’une nation, une intervention directe, politique ou militaire à l’extérieur lorsque l’on veut contrôler, déstabiliser ou soumettre citoyens et nations. Grâce au numérique, on peut agir aux différents niveaux essentiels de leurs économies et de leur fonctionnement, en maîtriser l’information et influer sur les décisions, sans aucune présence physique directe, juste avec des relais locaux judicieusement recrutés.

La financiarisation de l’économie permet de réduire à l’état de servage des populations et des nations vouées à s’endetter et dont l’activité est centrée sur le remboursement d’une dette qui ne s’épuise jamais et s’amplifie régulièrement, sans parler de la déstabilisation de leur économie avec des manipulations simplifiées et gérées à distance.

Les grandes industries pharmaceutiques, qu’il faudrait nommer dorénavant le complexe pharmaco- sanitaire, disposent d’un moyen qu’aucune dictature ni apprenti dictateur au monde n’auraient jamais osé rêver avoir, à savoir la menace de la maladie, qu’on soit en situation de la subir ou de la transmettre. La pandémie du Covid-19 a montré avec quelle facilité confondante, les personnes sont allées jusqu’à s’enfermer, se shooter à l’égrènement continu du nombre de morts répété en boucle et à longueur de journée, se lover dans leur angoisse bientôt paroxystique jusqu’à la jouissance alors générée par l’assurance de sa sécurité ainsi préservée, et avoir du même coup la bonne conscience de n’être pas un assassin en puissance et d’avoir préservé la vie d’autrui en s’abstenant de lui innoculer le terrible et maléfique virus.

Une obéissance quasiment au doigt et à l’œil, une jouissance ou une auto destruction à force d’angoisse, c’est bien la démonstration de force que le complexe pharmaco-sanitaire vient de réaliser par la grâce de la pandémie en cours, s’imposant comme la puissance avec laquelle il faudra désormais compter.

Oui, c’est vrai, la santé n’a pas de prix. Que ne paierait-on pas, et que ne serait on pas prêt à faire pour la sauvegarder ou la recouvrer ? Surtout quand ce sont des médecins qui nous le conseillent à longueur de journée et d’antenne, quand c’est notre médecin traitant qui nous tient par la main et

nous y guide, qui a à cœur notre bien, qui répond faute de mieux à l’injonction de sa hiérarchie, fait son travail pour rassembler demain des informations, avec ou sans le consentement de son patient, à l’abri de son cabinet médical, transmet ces informations en sachant pertinemment que leur usage ne sera pas strictement médical, mais qui fait son travail comme l’autre faisait le sien, en Allemagne et ailleurs – mais c’était une autre vie, ou c’est un autre monde, n’est-ce pas ? – parce que c’est une immense machinerie où rien ne doit s’arrêter et où les trains doivent arriver à l’heure.

Ces professionnels de confiance, bien mieux placées encore que des parents en qui leurs enfants se donnent en toute confiance, sûrs qu’ils sont leurs protecteurs et héros suprêmes. Et nous leur faisons confiance, et nous les défendons contre vents et marées. Et quand ils nous disent d’une même voix officielle que telle sommité de la recherche médicale est devenue sénile parce qu’elle ose dire que certains vaccins sont inutiles ou sont fabriqués avec certains composants dangereux, les médias, y compris non mainstream, hurlent avec les loups ou au mieux se taisent. Et quand une sommité médicale s’insurge contre certains types de médicaments ou autres normes tout à fait déplacées, c’est le dénigrement systématique et son isolement assuré de la communauté médicale. Idem quand un malotru aussi prestigieux que reconnu dans sa spécialité vient déclamer à qui veut l’entendre que la pandémie qui déferle sur le monde ne fera pas des millions de morts comme nos meilleurs experts sortis de nos plus grandes écoles, et excessivement sélectives et onéreuses s’il vous plaît, nous promettent à longueur de discours, que cette maladie se traite avec des médicaments à trois sous et vieux de tant de décennies, alors là, on frôle l’apoplexie. Quoi ? comment ? Une si belle pandémie qui, plus est, déferle sur le monde riche et non sur quelque coin perdu au milieu de l’Afrique, porteuse donc de centaines de milliards de profits, bien plus lucrative que le sida, qui n’avait finalement rapporté somme toute que des clopinettes face à la déferlante de profits attendus, une si belle pandémie enrayée uniquement par des masques, des gestes barrières raisonnables et des médicaments à trois sous ! Mais il nous ôte notre pain de la bouche, cet énergumène de mes deux, ce malotru accoutré à la Buffalo Bill ou je ne sais quel Don Quichotte à la noix.

Que malgré toutes les opérations de dénigrement, ce sont des médecins de plus en plus nombreux qui voient leur conscience se révolter et finir par utiliser son protocole, parce que ce sont justement des médecins, qu’ils ne peuvent supporter de voir leurs patients mourir sans rien faire que d’attendre un hypothétique médicament breveté ad hoc, alors l’establishment médical d’en arriver jusqu’à les menacer d’exclusion de la médecine, les chercheurs de service de multiplier les études qui n’aboutissent à aucune conclusion avérée sinon qu’à faire perdre le fil, décourager les esprits les plus critiques et les plus volontaires pour finir par noyer le poisson, exactement comme on bombarde les informations les plus variées, les plus floues et les plus contradictoires pour user la vigilance des téléspectateurs et les noyer dans le doute, la méfiance tous azimuts contre tout et tout le monde et le repli sur soi et sur la toute petite cellule familiale ou amicale au mieux.

Mais il finira bien par prendre sa revanche, le complexe pharmaco-industriel, en se repliant sur un futur vaccin qu’il n’aura même plus besoin d’imposer par tous les moyens vu la méfiance qui se multipliait contre l’abus de leurs usages. Les populations sont aujourd’hui si terrorisées grâce au Covid-19 et aux discours apocalyptiques qui l’ont accompagné que ce sont elles qui vont en réclamer à cor et à cri le moment venu. Les médias mainstream comme les experts de service ne cessent déjà de le répéter à longueur de journée comme la seule solution pour un retour à la “normale” (sic). À la formule des douze vaccins que Big Pharma a réussi à imposer aux enfants des pays riches et aux couches moyennes des pays pauvres, devrons-nous nous préparer à entrer dans un nouveau cycle où de nouveaux vaccins seront imposés aux adultes, pandémie après épidémie, étant entendu que les enfants seraient cette fois épargnés par ce nouveau rouleau compresseur puisque, nous dit-on, ils ne risquent pas grand chose pour eux-mêmes mais seulement d’être les transmetteurs du virus à leurs parents avec ce type de maladie ?

Et aux éventuels adultes encore réticents, irait-on jusqu’à imposer des restrictions de circulation ou l’interdiction de voyager selon le pays tout simplement, ou finiront-ils par s’y soumettre, suite à des pressions psychologiques de toutes sortes, de guerre lasse, après avoir épuisé leur résistance jusqu’au bout ?

Toujours est-il que c’est un boulevard pour une manne financière d’ampleur inédite pour Big Pharma, manne qui deviendra rapidement une véritable rente comme la guerre du Vietnam avait été une véritable planche à billets pour les États-Unis, planche à billets dont ils ne se sont plus d’ailleurs privés d’user et d’abuser grâce à la suprématie du dollar et leur puissance militaire.

La conjugaison de la puissance persuasive du système financier, des complexes militaro-industriel, numérique, avec pour centre les GAFA, et enfin pharmaco-sanitaire avec pour cœur Big Pharma, le tout appuyé par une main-mise quasi intégrale sur les grands médias, permet de mettre en œuvre une capacité démesurée à obtenir un consentement des populations à leurs exigences et aux règles qu’ils édictent et qui, pourtant, les dépossèdent de leurs libertés et signent leur soumission, consentement passif face à la terreur exercée par la violence juridico-militaro-policière (demain distribuée par drones et robots intelligents interposés) ou à la force anesthésiante de la télévision et de médias aux ordres, actif grâce à l’interactivité entre la personne et le numérique (quelle que soit son support ou sa forme).

Règles et exigences centrées sur la recherche du profit maximal pour les oligarchies dominantes, et enrobées des meilleures intentions à l’adresse des populations.

Le confinement vient donc couronner le long processus de mise en condition des populations européennes et affidées du monde colonial qui intériorisent les mécanismes de leur adhésion à l’esprit de soumission quelles qu’en soient les raisons : discours unilatéraux pour ne pas dire uniformes dans leurs contenus, répétitions sous différentes formes par différents acteurs qui adhèrent par opportunisme ou conviction à ces contenus, déclinaisons riches et variées selon les types de médias et les types d’émission. Cela devient d’autant plus facile et massif que nous assistons depuis quelques décennies à une explosion des médias générée par les progrès technologiques et une pléthore de professionnels de haut niveau d’études grâce au pacte social issu de la seconde guerre mondiale qui a contribué grandement à l’émergence des trente glorieuses qui ont porté à leur tour un développement exponentiel de l’éducation et de la formation de cadres et techniciens en très grand nombre. Denrée bien restreinte jusqu’à la seconde guerre mondiale, les cadres et techniciens supérieurs sortent de plus en plus nombreux de l’enseignement supérieur à partir des années soixante-dix. Ceux-ci trouvent rapidement chaussures à leurs pieds dans le secteur d’activité de leur choix. Fidélisés et chouchoutés par leur employeur au même niveau sinon plus que les artisans du Moyen-Âge par les seigneurs et autres catégories sociales dominantes. Avec leur “production” devenue pléthorique et la spécialisation de plus en plus poussée de leurs métiers, ils commencent à subir une “proletarisation” semblable à celle des artisans confrontés au développement de la machine industrielle à partir du dix-neuvième siècle. Dès lors, il faut se battre, jouer du coude, passer de plus en plus par les grandes écoles, puis par les plus prestigieuses parmi celles-ci pour sortir la tête du lot et éventuellement occuper les premières places, à l’instar des bureaucraties ouvrières au vingtième siècle. Il sera dès lors facile, de recruter et sélectionner au plus près les propagandistes de ce système, ceux qui y adhèrent parfaitement et, mieux encore, ceux qui savent s’y adapter par opportunisme et esprit vénal, ceux-là étant par définition autrement plus

malléables et soumis à toutes les variations de discours et autres intérêts immédiats. Cette capacité d’adaptation au doigt et à l’œil est devenue d’autant plus nécessaire que le “progrès” – et donc le changement – est soumis à un cycle d’évolution qui s’accélère. Jusqu’aux DJ qui traduisent et mettent en musique ce phénomène par une sélection de morceaux de danses variées et de rythmes différents, qui se suivent dans un mouvement saccadé et de plus en plus accéléré. Oui, la formation de ces cadres ne se fait pas seulement à l’intérieur des murs des salles de classes, des ateliers et des amphithéâtres, elle se fait aussi dans les boîtes de nuit, les grandes fêtes initiatiques comme dans les challenges à sensations de plus en plus fortes. Elle se fait aussi dans le mode de vie, le type d’habitation, le quartier, les espaces résidentiels de telle sorte que lorsque l’on se trouve à croiser “les autres” qui ne sont pas encore devenus les “riens”, on arrive éventuellement à les regarder, mais on les voit de moins en moins en réalité.

Cette sélection de hauts cadres supérieurs totalement en phase avec les principes du néolibéralisme inerve bien entendu totalement dans les médias, d’où l’intérêt de leur main-mise aujourd’hui quasi totale par une petite dizaine de milliardaires, avec les conséquences définies plus haut.

Pourtant, pendant qu’elles réussissaient à museler tous les moyens de communications, des espaces de libertés qui échappent encore à leur contrôle se sont constitués à l’ombre des réseaux sociaux dont l’objectif premier était de faire le lit du complexe du numérique. Le printemps arabe a emprunté les voies et les chemins qu’offraient potentiellement ces réseaux pour les élargir et les transformer en boulevards de l’expression libre, bouster l’élaboration et la confrontation des analyses et des théories, la transmission des idées et des messages ainsi que l’organisation des militants mobilisés dans la contestation des pouvoirs en place.

Les réseaux sociaux sont devenus aujourd’hui un véritable “Quartier Latin” à l’échelle mondiale de ce que ce quartier, niché dans le cinquième arrondissement à Paris, a représenté dans les années soixante pour l’éclosion de Mai 68 en France.

Salués pour leur rôle lors du Printemps arabe par les thuriféraires du néolibéralisme, ils devenus sont un objet de méfiance de plus en plus marquée à partir du moment où ce même “printemps” balbutiant essaime dans le monde occidental et qu’ils s’y prêtent exactement au même rôle. Ainsi se multiplient contre eux les accusations de véhiculer les Fake News, l’apologie du terrorisme et l’antisémitisme, en réalité la parole donnée et amplifiée au citoyen lambda, entendu par là au premier venu pour rester correct, sous prétexte que les informations dignes de ce nom doivent être vérifiées, contrôlées par des spécialistes et autres experts de service, présentées par des spécialistes de l’information et de la communication s’exprimant dans des médias reconnus et bien en phase avec les paradigmes des valeurs universelles de la “Communauté internationale”, c’est à dire des classes dominantes et autres oligarchies occidentales.

Les propriétaires des réseaux sociaux sont alors assignés à mettre au pas les idées véhiculées dans ces réseaux sociaux, les brider, ralentir la diffusion de ce qui ne pourrait être encore l’objet d’une interdiction, bien entendu tout cela sous le prétexte officiel de la lutte contre les Fake News, la haine, … notions floues par excellence et déclinables à l’infini.

Cette oligarchie spécifique, rassemblée dans cette Nouvelle Sainte Alliance, sait mettre au pas ses vilains petits canards. Face aux quelques velléités de résistance contre ce qui leur est apparu comme de la censure et qui pouvait heurter et voir éventuellement s’insurger leurs usagers, les dirigeants de certains de ces réseaux sociaux, sous la pression multiple des pouvoirs publics, des menaces de procès, de nouvelles lois ou réglementations, de moyens divers et variés de persuasion amicale et d’intérêts bien compris, vont progressivement obtempérer et jouer un rôle de plus en plus actif dans cette mise au pas et le freinage de mieux en mieux organisé et efficace de la diffusion de cette “mauvaise herbe” que représente la pensée libre, vivante et réfractaire, voire tout simplement porteuse d’autres espoirs que la recherche du profit maximal comme fondement du contrat social. On assiste ainsi à la traduction dans le fonctionnement des réseaux sociaux de la mise en place des mêmes moyens mis en œuvre dans les zones de guerre : chicanes, check points, tourniquets à passage individuel…

Ainsi, les envois limités à cinq correspondants et à un seul lorsqu’un message a fait l’objet de plusieurs transferts, même par d’autres usagers sur WhatsApp, le partage avec un seul groupe d’une publication, les mesures de restriction de diffusion ou la censure de plus en plus large de certaines émissions, l’interdiction temporaire d’usagers dans Facebook et ses succursales pour ne citer que ces exemples. Tout cela, rappelons le, dans le seul but de bloquer ou ralentir la circulation des idées et des informations, d’encourager l’autocensure, de museler les consciences. Dans le même ordre d’objectifs, des équipes de”modérateurs” de plus en plus nombreuses et sophistiquées techniquement, avec une utilisation qui se renforcera à terme des outils de l’intelligence artificielle, traquent les idées hors des clous de la bien pensance, eux-mêmes soumis à des marges de plus en plus étroites et floues, sous le regard et la surveillance d’on ne sait d’ailleurs trop qui, pour brandir menaces et injonctions à n’importe quelle occasion, histoire de renforcer la vigilance et l’élargissement de l’intolérance à l’égard de ce qui déborde, voire de ce qui pourrait déborder. Ce n’est plus seulement le fait qui est surveillé et contrôlé, mais l’intention ou le simple potentiel. C’est un processus long et complexe qui se déroule progressivement et discrètement, à l’instar de tous les détricotages et les nasses qui ont été organisés et mis en œuvre par les réformes successives pour asseoir le néolibéralisme depuis quatre décennies. Les multinationales du numérique se voient ainsi investies progressivement d’un rôle judiciaire et exécutif, voire quasi législatif alors qu’elles sont indépendantes de tout État et de toute forme démocratique. Pire, elles ont la capacité, par leur puissance immatérielle et la multitude de leurs tentacules, de s’imposer à terme, dans ce domaine aussi, aux États les plus puissants, l’appétit du pouvoir et de l’ivresse de puissance se nourrissant d’eux-mêmes.

Les oligarchies y mettront le temps et les moyens qu’il faudra, elles savent y faire. Ne doutons surtout ni de leurs capacités, ni de leur volonté, et elles ont toujours disposé de deux longueurs d’avance sur ceux et celles qui veulent résister à leurs rouleaux compresseurs, encore plus s’insurger.

Scandre Hachem

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