Entre le 29 octobre 1952 et 29 décembre 1953, les Editions Hergé sérialisaient leur 17ème nouveau-né de la série originale « Les Aventures de Tintin », intitulé « On a marché sur la Lune » qui fût par la suite consacré en ouvrage en 1954.

Il faudra rappeler que les-dites Aventures furent originellement adressées  aux lecteurs de 7 à 77 ans.

Entre le 6 mai 2018, fin des élections parlementaires libanaises, et le 31 janvier 2019, les Editions « Commères du Liban »  sérialisent leurs « Potins », jour après jour (7/24), en vue d’un né ancien-nouveau de leur série monotone-ennuyeuse « Les Mésaventures des Libanais » intitulé « On a formé un Gouvernement ».

Par comparaison non conforme, les-dites acrobaties libanaises sont interdites aux moins de …ans non, aux non-confessionnels.

Sur la couverture du livre Hergé figurent la Fusée (engin de transport, pour ceux qui ne le savent pas), le Capitaine Haddock, Tintin et Milou (le canin très responsable) tous trois, vus de dos, en scaphandre spatial, sur sol lunaire avec un horizon-ciel noir avec comme fond de toile un Clair de Lune : la Terre dans le bleu.

En dessins art-déco sur le « tableau » du Gouvernement, figurent la Table Ovale, (« engin » de transport au Paradis des Sinistres) avec, empilés, côte-à-côte, vus sous tout angles, Tournesol, tube à l’oreille, avec son penchant naturel vers l’un peu plus à l’Ouest, Capitaine Haddock, casquette respectueusement sur la table, d’humeur (moins respectueuse) orageuse (avec, en nuée au-dessus de sa tête son expression favorite : mille million de mille sabords !).  Puis viennent la Castafiore, la voix-témoin (mutée) des élections, toute pomponnée avec le nez-en-l’air, Dupond (d), l’air bête naturel, avec chapeau-melon sur tête, Dupont (t), bête au carré, avec sa canne sur table et son chapeau sur ordinateur portable.   Au verso de la table siègent Tintin à l’air dérangé-dégoûté (avec un Sapristi ! en nuée supérieure), Milou quittant son siège avec dédain (en pensant « ces humains !  eh !») puis tout un ramassis d’abonnés, un amassé de nouveau-nés, des vainqueurs de peuple, des vingt c…, un ou deux valables, des étonnés et quelques autres arrivistes-arrivés et leurs laquais (entre-côtes).

Le tout en relief sur parquet lunatique, apposés sur un horizon « Futur-lugubre » avec comme Clair de Lune, figé complètement dans les « bleus », un « Liban Rétabli » souriant (on ne sait pourquoi) s’évanouissant lentement dans le vide du cosmos.

À l’époque, les nouveautés du nouveau-né d’Hergé furent: 1) la découverte d’eau au fin fond de la surface de la lune (prédiction qui sera confirmée plus tard), 2) l’importance iconique de l’empreinte d’un pied humain dans la poussière lunaire et 3) la passe en contrebande du whiskey du capitaine Haddock.

En contrepartie, les banalités des « Commères du Liban » s’accumulent avec : 1) la découverte de la pénurie de l’électricité (invention nouvelle à prouver l’existence, la pénurie ou l’électricité? peu importe étant un vœu qui, pour libanais, ne se réalisera jamais), 2) l’empreinte ironique de gaz et pétrole de mer …(et de père inconnu !) et 3) la passe en contrebande de Lois, Décrets, Offres et Demandes Louches et Ordures de toutes sortes, couleurs, odeurs, origines et destinations.

Quant aux prédictions-promesses, n’y comptez jamais, elles ne sont faites que pour être répétées… à perpétuité.

Pour Hergé, le nouveau bouquin fut le suivi normal du prédécesseur intitulé « Objectif Lune ».                                Depuis lors on avait visité Jules Vernes, secoué la matière grise et ..”au travail”. 

Pour  les « Commères du Liban » ce fut le poursuivi perpétuel entre « le Réveil du Phénix Libanais » et « Après Moi le Déluge », fameux mottos libanais.   On avait visité les Sorcières, ranimé les Dulcinées et ..aux chamailles.

En mode Lune, on a visé un objectif, on a dressé un plan, on a bien exécuté les programmes, on a contourné les difficultés inattendues et enfin, on a fait la conclusion du voyage.   On est revenu sains et satisfaits: Mission Accomplie.

En mode Liban, pour démarrer un gouvernement, on se cale à la case zéro, comme plan on s’affaire à ne rien faire de positif, on se bouscule pour aboutir à nulle part et on repart souvent à zéro, on reste très calé.  Ainsi on perd la notion du temps, on perd le temps de la notion, de la Nation, du peuple et enfin de toute notre existence: Mission à Complices.

Finale de la comparaison: de 7 à 77 ans avec Hergé au moins on s’amuse, on s’inquiète des dangers imminents, on rit, on médite en se comparant aux mortels des humains et, finalement, on finit par sauver les bons.

Avec « Commères du Liban » on vit en mode « inquiétude éternelle », depuis « dorénavant » et jusqu’à « désormais », on se compare aux mortels des animaux faute de leur envier leur vie.  On finit par sauver les mauvais.

Mais, une remarque importante, tout ceci se fait en chantant sur le ton des « Deux Guitares » du feu Aznavour avec comme titre version locale:« Les Deux Bizarres: Promesses et Mensonges » avec un ramage de versets qui résonneraient :  … « …ranimant du fonds des nuits …nos tristes mémoires … je veux vivre comme libanais … pour saouler ma peine, oublier le passé qu’avec vous je traine …allez !..versez promesses fortes… car promesses délivrent…ohh ! versez mensonges encore…hmmm ! que je m’enivre. (Puis plus loin encore)…Tu es promesse aujourd’hui, tu seras mensonge demain et oublié après-demain,…eehh ! ekh ras(*) !… icho ras !  icho mnoga  mnoga  ras ! (qui veut dire en russe – origine de la chanson – répétez une fois ! encore une fois ! encore beaucoup et beaucoup de fois!)… jusqu’à oubli total.                                                                                                                 (*)ekh ras voulant dire en arabe : Tais-toi, ce qui tombe à pic, nous nous dirons donc :

                                                                          Taisons-nous, et c’est ce que nous faisons d’ailleurs.

Oublié après-demain ?  Mais de quoi parlions-nous ? dirait Tournesol.

Mais alors …zut quand-même: « On a formé un Gouvernement. »(*)

(*)À remarquer un amassé de sinistres ne fait nécessairement pas un Gouvernement, et avec les Libanais très rarement.

Pour conclure.  Les Libanais, constitution après constitution, crise après crise, insistent à confirmer la vérité du  dicton de Voltaire que “La politique est le moyen pour des hommes sans principes de diriger des hommes sans mémoire”.

Entretemps, la Chine a été (opération les Aventures Chang’e-4) sur le côté obscur de la Lune, et les Libanais, maîtres obscurantistes (220V-7/24/365) pataugent de plaisir dans le Noir.

Bonne soirée et à la prochaine… si prochaine il y aura dans notre temps.

Hayyan Salim Haidar.                                                                                          Liban, minuit du 31 janvier 2019.

Libanais  endure  si…

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