Seul Pays Arabe à avoir reconnu le génocide arménien depuis le 11 mai 2000, le Liban héberge la 8ème diaspora arménienne au Monde. La présence arménienne est estimée entre 120 000 à 150 000 personnes. Elle participe activement à la vie économique comme en témoignent de nombreuses entreprises, politique avec la présence de plusieurs députés arméniens au sein du Parlement et des ministres ou encore publique.

Une communauté intégrée à la vie publique mais qui a également su conserver son héritage

Ainsi, la communauté arménienne libanaise est l’une des plus intégrées tout en ayant su conserver son héritage. En témoignent, la présence d’une université arménienne, la seule en dehors de l’Arménie, l’Université d’Haigazian ou la publication de plusieurs journaux en Arménien. Cette communauté a pu ainsi protéger sa langue et ses traditions.
Mais elle dispose tout de même de députés qui se divisent politiquement sur des lignes bien libanaises, des ministres, des artistes, des peintres, des hommes de loi, qui n’ont jamais voulu constituer un état dans un état mais qui se sont mis au service de l’État du Liban.
Cette intégration a réussi comme en témoignent leurs participations à la vie publique libanaise. Ils l’enrichissent dans son quotidien avec un apport indéniable, y compris culturel, littéraire et musical pour ne pas aussi évoquer la vie gastronomique.

Une présence déjà ancienne

La présence arménienne au Liban n’a pas commencé avec le Génocide de la Première Guerre Mondiale qu’on commémore le 24 avril. Déjà dans l’Antiquité, de nombreux auteurs témoignaient du passage de ressortissants arméniens dans une région qui n’était pas encore le Liban tel que nous le connaissons. Déjà, les motifs étaient multiples, guerres et instabilité politique, en raison de persécutions religieuses, ou à la recherche d’opportunités économiques. Ils se rendaient également à Jérusalem en passant par Beyrouth quand l’Arménie est devenue le premier pays à adopter le Christianisme comme religion.

En 1715, des moines arméniens s’installeront à Ghazir dans la région de Jounieh au Nord de Beyrouth. Ils y seront rejoints ensuite par d’autres communautés religieuses arméniennes alors que le Liban était déjà considéré comme un refuge possible et une halte sur la route du Pèlerinage de Jérusalem.

L’essor de la communauté arménienne en dépit du Génocide de 1915

Carte du génocide arménien en 1915. Chaque cercle représente un massacre. Il y en a de trois types de lieux de massacre : les centres de contrôles (en rouge), les postes (en rose) et les camps de concentration et d'extermination (en noir). La taille des cercles indique le nombre relatif d'Arméniens tués. Les épées indiquent les lieux de résistance arménienne : ceux ou elle a été plus forte sont en rouge, et moins forte en noir. Les différentes tailles d'épées ne signifient rien, c'est uniquement dû à un problème de place sur la carte. Les cercles présents en Mer Noire indiquent les Arméniens (principalement des femmes et des enfants) emmenés par bateaux et jetés à la mer.
Carte du génocide arménien en 1915. Chaque cercle représente un massacre. Il y en a de trois types de lieux de massacre : les centres de contrôles (en rouge), les postes (en rose) et les camps de concentration et d’extermination (en noir). La taille des cercles indique le nombre relatif d’Arméniens tués. Les épées indiquent les lieux de résistance arménienne : ceux ou elle a été plus forte sont en rouge, et moins forte en noir. Les différentes tailles d’épées ne signifient rien, c’est uniquement dû à un problème de place sur la carte. Les cercles présents en Mer Noire indiquent les Arméniens (principalement des femmes et des enfants) emmenés par bateaux et jetés à la mer.

Avec le génocide commis par les autorités ottomanes durant la première guerre mondiale, 1,5 million sur les quelque 2 millions d’Arméniens ont été massacrés en Anatolie par les Jeunes Turcs, cette  communauté  s’est considérablement renforcé avec notamment la naissance de véritables localités arméniennes au Liban, dont Bourj Hammoud, à la lisière de la capitale Beyrouth et Aanjar.

Réfugiés arméniens évacués par la Marine française en 1915 à Musa Dagh et transférés à Port-Saïd. Ils viendront s’installer à Aanjar au Liban. Source: Wikipedia

Des orphelins arrivés dans les années 1920, au travers du désert de Syrie et notamment de Deir el Zor où l’on trouve encore les ossements de leurs aïeux, est né une communauté exemplaire, caractérisée par une solidarité ethnique et religieuse remarquable en dépit, parfois de différences politiques, préservant un héritage et une identité culturelle spécifique.
La Mémoire Collective a aussi été transmise, génération après génération, celle du souvenir d’un crime contre l’Humanité qu’on commémore aujourd’hui.

Ces villes d’aujourd’hui étaient de véritables camps de réfugiés que par un dur labeur, ces derniers ont réussi à transformer.

L’apport de la communauté arménienne au Liban est riche, bénéfique et multiple.

Arrivée avant le fameux recensement de 1932, la communauté arménienne présente au Pays des Cèdres a pu bénéficier de la nationalité libanaise et a participé à l’histoire contemporaine de ce Pays, jusqu’à ce que Beyrouth soit considéré comme un foyer national et un refuge dans un Moyen-Orient déstabilisé avant la guerre civile de 1975. Ainsi, les réfugiés arméniens de Syrie, d’Egypte ou d’Irak s’installeront au Pays des Cèdres.

Durant cette Guerre Civile, tout comme les Libanais, une grande partie de cette communauté s’est expatriée réduisant son nombre de plus de moitié.

Un exemple pour le devoir de mémoire pour les libanais

Un de ses apports qu’on souhaite serait ce devoir de mémoire qui manque malheureusement au Liban.

Le signe de la solidarité nait avant tout par la souffrance et la convergence historique entre Arméniens et Libanais d’alors. Cette notion est d’autant plus affirmée par les déclarations même des responsables ottomans d’alors. Le ministre turc de la guerre de l’époque, Enver Pacha, expliquait en 1916 :
« Le gouvernement ne pourra regagner sa liberté et son honneur que lorsque l’Empire turc aura été nettoyé des Arméniens et des Libanais. Nous avons détruit les premiers par le glaive, nous détruirons les seconds par la faim ».
Ces paroles se confirmeront par l’Histoire commune, et le destin commun auquel nos anciens ont du faire face et qui a été soudé par la présence arménienne au Liban.

Les Arméniens commémorent, eux, chaque année, les massacres que leurs aïeux ont subi. Les libanais ont, en effet, eu à souffrir de la perte d’un tiers de la population durant la Première Guerre Mondiale, par une famine imposée par les autorités turques d’alors.
200 000 victimes pour une population totale de 600 000 personnes durant la première guerre mondiale, mortes de maladies ou de faim en raison du blocus imposé à la montagne libanaise par le gouverneur ottoman Jamal Pacha avec la collaboration de certains habitants du Liban.

Et aujourd’hui, les victimes  de cette Grande Famine sont malheureusement poussées vers l’oubli quand les Arméniens se souviennent des leurs.


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