Crédit photo le journal libanais Al Akhbar : « A Bas Riad le voleur. A bas le règne du Dollar ». Banderole des manifestants libanais Jeudi 24 octobre 2019 houspillant Riad Salameh, gouverneur de la Banque du Liban. «Riad, le voleur». A bas le règne de la Banque centrale libanaise et le Liban renaitra

Le 11 août 2020, Alia Ibrahim et Hazem El-Amine de Daraj Media et Tom Stocks, Riad Kobeissi et Rana Sabbagh (OCCRP) ont publié un article d’investigation sur la fortune et le patrimoine du gouverneur de la Banque Centrale du Liban (BDL) Riad Salamé : « Investigating Riad Salame’s wealth in Europe: Companies, Real Estate and “5 Dimensions of Fun”[1] ».

D’après l’article, le gouverneur de la BDL détient des sociétés ayant investi ces dix dernières années plus de 100 millions de dollars à l’étranger, période durant laquelle il encourageait les émigrés et les étrangers à investir au Liban. Rien que ses sociétés luxembourgeoises détenaient un patrimoine de plus de 94 millions de dollars à la fin de l’année 2018.

Ces investissements sont essentiellement dans l’immobilier au Royaume-Uni, en Allemagne et en Belgique. Les biens auraient été acquis grâce à des prêts parfois obtenus sans aucun collatéral.

Riad Salamé a surtout investi au Royaume-Uni où les sociétés britanniques et les sociétés étrangères détenant des actifs peuvent manquer de transparence sur leur actionnariat.

Contacté par les auteurs de l’article, le gouverneur de la Banque Centrale a assuré avoir amassé une fortune (lors de sa carrière bancaire), bâti un patrimoine et avoir reçu des héritages (en 1978 et 1982) avant sa nomination à son poste en 1993. Le 8 avril 2020, lors d’une intervention télévisée, il l’avait estimé à 23 millions de dollars.

Six jours avant l’annonce d’un audit juricomptable (« forensic audit ») de la BDL, une société luxembourgeoise, dont Riad Salamé est l’ultime bénéficiaire/propriétaire, a empoché 11 millions de pounds (environ 14,3 millions de dollars) de la vente d’un actif au Royaume-Uni acquis en 2013.

La plupart des actifs du gouverneur de la BDL appartiennent à des sociétés dont la gestion est confiée à des membres de sa famille (fils, neveux, etc.) ou à des sociétés dans des juridictions offshores nécessitant peu ou pas de transparence sur l’ultime bénéficiaire/propriétaire. L’article cite plusieurs montages et transactions.

Certains avocats accusent Riad Salamé d’avoir violé l’article 20 du Code du Crédit et de la Monnaie. Les investissements opaques, les sociétés offshores, etc. montrent un manque de transparence de la part de quelqu’un considéré comme un « PEP », « political exposed person », une personne exposée politiquement. Cela crée de la suspicion.


[1] https://daraj.com/en/51974/ et https://www.occrp.org/en/investigations/lebanons-offshore-governor.