Ces dernières années, la recherche sur la Sclérose en Plaques a accompli de très importants progrès dans les connaissances des mécanismes en cause dans le développement de la maladie. Ainsi, de nombreux traitements permettent aujourd’hui de contrôler la composante inflammatoire de la maladie. Pour la première fois, une thérapeutique a permis d’agir sur la composante progressive, permettant d’obtenir une amélioration d’une proportion de patients et une diminution du taux de progression de la maladie.

Libnanews a été à la rencontre du Professeur Ayman TOURBAH, professeur des Universités au CHU de Réims, médecin franco-libanais spécialisté en neurologie – Scélorse en plaques ; un entretien réalisé par Zeina EL-Hoss

Professeur Ayman Tourbah, quel a été votre parcours ?

Mon parcours peut se résumer en quelques mots : une formation solide au Collège Notre Dame de Jamhour au Liban jusqu’en seconde, la poursuite de ma scolarité au Collège Saint-Louis de Gonzague à Paris, des études de Médecine et une spécialisation en Neurologie à la Faculté de Médecine et au sein du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, un parcours en recherche à l’INSERM (U134) aboutissant à une thèse de Doctorat en Sciences de la Vie et de la Terre, une formation post-doctorale au Max Planck Institut à Munich, un exercice comme Praticien Hospitalier partagé entre le CHNO des XV-XX et l’Hôpital de la Salpêtrière. Depuis 2006 je suis Professeur des Universités-Praticien Hospitalier au CHU de Reims avec comme mission de mettre en place une structure de Sclérose en Plaques, ce qui aboutira en 2017 à un centre expert dans le cadre du plan ministériel des maladies neurodégénératives.

Avez-vous depuis toujours décidé d’être neurologue ?

J’ai décidé d’orienter ma carrière vers la Neurologie en deuxième année de médecine. La qualité de l’enseignement dont nous avions bénéficié à la Salpêtrière y a largement contribué. De plus il s’agissait à l’époque d’une discipline encore balbutiante aux plans physiopathologique et thérapeutique, ce qui m’a beaucoup séduit, car cela signifiait que tout restait à faire.

Comment vous est venue l’idée de la spécialisation en Sclérose en plaques ?

La spécialisation en maladies démyélinisantes et en sclérose en plaques n’est pas le fruit d’une idée mais de deux rencontres. La première est avec mon Maître, le Professeur Olivier Lyon-Caen, spécialiste reconnu en la matière, qui m’a enseigné non seulement la clinique neurologique, mais aussi l’importance de la qualité des relations humaines. La deuxième est avec ma directrice de recherche, le Dr Madeleine Gumpel, qui a ouvert ma curiosité à la recherche et appris la rigueur du raisonnement et de l’activité scientifique. D’ailleurs je continue à mener ces deux activités de front, et j’y ai ajouté la formation et l’enseignement.

Vous avez écrit deux livres le premier « La sclérose en plaques aujourd’hui et demain»  aux éditions John Libbey le second « Sclérose en plaques Guide à l’usage des patients et de leur entourage » aux éditions Bash. Pourquoi l’écriture ? En quoi cela consiste-t-il exactement ?

Je pourrais répondre que l’écriture est un plaisir qui permet à la fois de faire le point et de délivrer un point de vue. Nous avions constaté à l’époque qu’il y avait un vide réel dans le domaine de la SEP alors qu’il s’agit d’un domaine très prometteur. J’ai voulu à la fois faire le point et dessiner les perspectives d’avenir, mais aussi rédiger un ouvrage destiné aux patients et à leur entourage sous la forme de questions réponses

Et l’AMFL,  Association Médicale Franco-Libanaise dans tout cela ?

L’AMFL est une très belle aventure mise en place en 1989 par le Dr Paul Tyan avec l’aide de beaucoup d’autres. Quand je suis l’investissement du Pr JM Ayoubi, du Dr Georges Nasr et beaucoup d’autres, je me dis que non seulement cette aventure vaut la peine d’être vécue mais aussi poursuivie et perpétuée. Le corps médical français d’origine libanaise et les français amis du Liban se retrouvent deux fois par an pour un congrès. Ils échangent aussi en permanence et préparent le terrain pour les jeunes. Elle rassemble notre “moi” français et notre “moi” libanais.

Cette association organise tous les ans un salon Médical Franco-Libanais ainsi qu’une grande soirée avec un dîner de Gala à L’UNESCO tous les ans au mois de décembre. Dans quel but ?

L’AMFL organise un salon annuel à l’UNESCO et un autre à Beyrouth à l’occasion du 14 Juillet. Le corps médical se retrouve pour la formation médicale continue, pour distinguer des personnalités qui comptent dans le monde franco-libanais, pour primer de jeunes talents libanais, et pour refaire le monde…

Quel avenir pour la sclérose en plaques ? 

Les perspectives qu’offre la recherche en matière de SEP sont très prometteuses. Nous sommes à l’ère de la prise en charge du handicap lié à la maladie et aux prémices de la réparation nerveuse et myélinique. La prise en charge future sera individualisée, globale, et s’appuiera sur les progrès de l’informatique. La meilleure connaissance des interactions entre l’environnement et la susceptibilité génétique permettra peut-être de résoudre l’énigme de l’origine de la maladie, qui est strictement humaine.herche en matière de SEP sont très prometteuses.

Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].

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