Il y a quelques jours, un individu qui devait briller par son absence lorsque le bon Dieu a distribué le bon sens, a eu «la merveilleuse idée» de prendre en photo un gendarme des FSI affaissé sur sa chaise. Il n’a pas vu les politiciens baignant dans la corruption, il n’a pas vu les tonnes de déchets sous lesquels nous sommes noyés. Il a juste vu ce militaire… et pour une éventuelle poignée de «Likes» et une célébrité éphémère et virtuelle, cette photo a été partagée en masse sur les réseaux sociaux. Un moment de gloire tout aussi grotesque que destructeur. Revers de la médaille, qui a valu le renvoi du gendarme de son poste.
Un geste peut-être estimable si l’on vivait dans la «Cité parfaite», mais on est loin, à des années lumières, de la République de Platon. On est dans un pays où les soldats des institutions militaires et sécuritaires sont sensés être au garde-à-vous 24h sur 24h pour veiller à notre sécurité et à la sécurité des politiciens corrompus, contre un salaire dérisoire, dans des postes et des casernes où le mot confort de base est loin d’être à l’honneur.
Quelques jours plus tard, un ministre richard lors d’une cérémonie culturelle au musée national, s’est laissé allé dans les bras de Morphée, parce qu’il semble bien que la culture et lui font bien deux. Et le photographe Nabil Ismaïl en a pris une belle série de photos. Quelqu’un l’a critiqué ? Blâmé ou réprimandé ?
Une autre ministre a été prise à plusieurs reprises en train de pioncer lors des séances gouvernementales. Quant au parlement ? Plus de 30% des députés ont été pris en photos en train de jouer à des jeux débiles sur leurs portables ou en train de dormir. Sans oublier que 100% des députés touchent leurs salaires d’à peu près 13 millions de livres libanaises sans remuer un cil.
Le pire dans tout cela, c’est de savoir pourquoi l’homme en costume pris par une vedette du virtuel dormait … c’est parce que cela faisait plus de 10 jours qu’il n’a pas fermé les yeux, veillant au chevet de son fils à l’hôpital… aujourd’hui après son licenciement, va-t-il pouvoir subvenir aux dépenses hospitalières de son fils ? …
En somme, ne faudrait-il pas plutôt que nous, peuple assoupi, comateux et éteint, soyons jugés chacun pour notre inertie et notre omerta face à notre classe politique qui pompent notre argent, notre énergie et même l’air pur que l’on respirait jadis, remplacé par les odeurs nauséabondes des ordures ?