Sur son compte Twitter, le Dr Fouad Abou Nader a écrit le 29 septembre dernier : « La Banque du Liban va modifier la parité officielle entre le dollar et la livre à 15 000 livres pour 1 dollar. Cela signifie que les banques libanaises vont officiellement être en faillite à cette annonce car leurs bilans et comptes de résultats devront utiliser ce nouveau taux officiel. »

« Il faut adopter un plan global accepté par le FMI englobant la restructuration bancaire et l’audit juricomptable de la Banque du Liban et des 14 plus grandes banques. »

Depuis trente ans, le Liban est gouverné par « le parti des banques » qui regroupe la BDL (la Banque Centrale libanaise), l’ABL (Association des Banques du Liban qui rassemble les actionnaires et dirigeants des grandes banques libanaises), les hauts-responsables de la Chambre des Députés, d’anciens Premiers ministres et des députés (notamment ceux de la Commission des Finances et du Budget), ainsi que les propriétaires de certains médias. Durant la première partie de son règne, il a partagé le pouvoir avec le tuteur syrien et ses parains saoudien et américain. Durant la seconde partie de son règne, il partage le pouvoir avec le Hezbollah. 

L’annonce prochaine de la faillite des banques est un pas vers le démantèlement de la bancocratie, ce gouvernement des banques, par les banques et pour les banques. 

Le 26 septembre dernier, Samir Geagea a déclaré dans l’émission Vision 2030 d’Albert Kostanian sur LBCI que : 

« Si nous faisons venir un président pouvant rétablir la confiance alors nous pourrons nous passer du Fonds monétaire international, car ce président est capable de mettre en œuvre des réformes et de restituer des fonds d’aide au Liban pour rétablir l’État. »

Le 29 septembre dernier, son numéro deux, Georges Adwane, président de la Commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, critiquée par le FMI, a déclaré dans l’émission Sar el Wa2t de Marcel Ghanem sur MTV que :

« Négocier avec le FMI était une erreur et l’est toujours. »

« Les négociations avec le FMI ont mal démarré et ils se sont rapidement soumis à ses conditions. »

Hier, le Dr Fouad Abou Nader a réagi ainsi :

« Ceux qui prétendent que nous pouvons nous passer du FMI se trompent et trompent le peuple. Les réformes que cette institution internationale exige sont un passage obligé et il faut les engager au plus vite. »

En fait, ceux qui prétendent que le Liban peut se passer du FMI veulent en réalité éviter les réformes et la restructuration bancaire. Ceux-ci sont les membres du parti des banques toujours dans le déni comme le président (Samir Geagea) et le vice-président (Georges Adwane) du parti des Forces libanaises qu’on pourrait donc rebaptiser le « parti des Forces bancaires ».  

D’ailleurs, les députés de ce parti ont voté aux élections présidentielles du 29 septembre dernier en faveur du député Michel Moawad, membre (depuis 2018) de la Commission parlementaire aux Finances et au Budget, également visée par le FMI (qui accuse ladite commission d’empêcher les réformes et d’avoir saboté le plan Lazard en 2020) et membre, on l’a dit, de la coalition baptisée « parti des banques ». On comprend mieux pourquoi les chefs du parti des Forces libanaises pensent que leur candidat à la présidentielle pourra rétablir la confiance et éviter ainsi le FMI. 

Certains médias continuent de relayer la propagande du parti des banques, essayant de faire croire aux Libanais que la crise financière est due à un défaut sur les eurobonds (pour les exonérer) et que le FMI est dangereux (pour éviter les réformes et la restructuration).

Le co-fondateur de Libnanews l’économiste François Bacha[1] rappelle aussi que le parti des Forces libanaises a été un parti de gouvernement entre 2005 et 2020, « une des périodes critiques de dégradation des finances publiques » selon le FMI et est donc l’un des responsables « de la gabegie qui a eu lieu dans les finances publiques alors »


[1] https://libnanews.com/en/les-forces-libanaises-multiplient-les-declarations-contre-le-fmi/

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