Ce premier décembre entre en vigueur la hausse du dollar douanier qui passe ainsi de 1 507 LL/USD à 15 000 LL/USD suite à une décision commune du ministère des finances et de la Banque du Liban.
Cette hausse, qui intervient dans le cadre du budget 2022 adopté le mois dernier, vise à financer les augmentations des salaires de la fonction publique, les fonctionnaires étant également confrontés à la dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar après 3 ans de crise financière.
Cependant, cette hausse devrait également faire entrer le Liban dans un cercle inflationniste infernal en dépit de l’annonce des autorités du fait que 600 produits considérés comme essentiels en seront exemptés.
Ce passage à la parité officielle de 15 000 LL/USD devrait se poursuivre avec l’adoption de ce taux pour les taxes ou encore d’autres revenus de l’état, ceux des télécoms ou de l’électricité étant eux alignés sur le taux de la plateforme électronique Sayrafa de la Banque du Liban. L’impact de ce passage à cette parité devrait ainsi amener à la poursuite de la dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar.
Si les prix, en 3 ans de crise, décrite comme l’une des pires crises financières depuis la moitié du XIXème siècle par des auteurs d’un rapport de la Banque Mondiale, ont fortement augmenté, de l’ordre de 151% pour la seule année 2021 concernant les marchandises essentielles qui étaient en partie pourtant subventionnées, cette hausse du dollar douanier pourrait amener à une dégradation supplémentaire à elle-seule de 20% à 50% d’ici la fin de l’année 2022.
Cette hausse prévisible de l’inflation devrait encore se poursuivre faute de la conclusion d’un accord définitif avec le Fonds Monétaire International en dépit des promesses du premier ministre sortant Najib Mikati à ce qu’un tel deal soit conclu d’ici la fin de l’année, il y a quelques mois encore, ou encore le fait que les projets de réformes réclamés par l’institution financière internationale sont soit pour l’heure écartés, soit dénaturés dans leur objectif. Cela concerne notamment la loi adoptée concernant la libre concurrence qui instaure un seuil de 30% de part de marché à ne pas dépasser pour les agences exclusives contre 10% à 15% ailleurs ou encore le projet de loi instaurant un contrôle formel des capitaux mais qui offre en réalité une amnistie aux banques et aux actionnaires de celles-ci.