” Je suis arrivé à l’idée de constructivisme car dans notre champ, nous ne disposons pas,…. d’une définition de la normalité…Nous ne pouvons pas parler de la réalité objectivement existante. Nous avons seulement des images, des interprétations, des suppositions de la réalité…. Cela n’est pas une idée nouvelle : Epictetus, au premier siècle, disait que « ce ne sont pas les choses qui nous préoccupent, mais les idées, les opinions que nous avons des choses ». Il y a là une chose très importante. Toute personne qui souffre dans son existence, qui a des problèmes, souffre de sa propre construction de la réalité.” Paul Watzlawick. 

Extrait de « Entretien avec Paul Watzlawick, La communication, mode de production de la réalité », 1992,http://journals.openedition.org/communicationorganisation/


Que veut dire comprendre ce qui ne va pas quand cela se résume à faire de la responsabilité individuelle la préservation d’une histoire familiale, du lien communautaire et du rapport opportun au système des affaires politiques ? L’identité compassionnelle d’une large majorité de libanais s’est confinée aux promesses d’un avenir meilleur alors que la cohérence intrapersonnelle, qui nous permet d’aller en avant, demeure figée à ses acquis. Il a fallu la misère et l’humiliation extrême pour que la logique citoyenne, vécue et partagée dans tous les espaces géographiques émerge enfin afin de bousculer si justement, un système politique obsolète, des pressions étrangères permanentes et tant de personnes corrompues.

Il a fallu que la mort lente menace toute une population pour pouvoir passer du néant à l’éclosion d’une primauté civile. Elle n’avait jamais été autant prise en compte. Étrangement, chacun appelle le désastre du Liban un problème de pouvoir hanté par ses affaires alors que sans les électeurs il n’aurait jamais vu le jour. Ceux-ci et leurs élus collés à leurs sièges misent sur de nouvelles alliances lors des élections à venir.

Néanmoins, peut-on passer à des étapes effectives et conjointes sans des ateliers de formation à l’interactivité constructive pour que la citoyenneté devienne non pas une perspective mais une sécurité intrapersonnelle en chaque étape à venir ? 

Nous devrions apprendre à percevoir autrement ce qui se passe en nous afin d’énoncer clairement les failles de nos dépendances dans divers contextes alors que le recours obsessionnel aux privilèges promis depuis une histoire de protectorats sert encore à préserver des coutumes féodales. Les besoins extrêmes de toute une population ne se limitent pas aux flagrants dysfonctionnements en tout lieu. Un état de vie “normal” devient l’équivalent d’une mort lente en attendant que “ça” doit changer par le “je” veux grandir selon un comportement proprement citoyen partout où je suis. 

Bravo pour tout franc dialogue sans intermédiaires et pour les voies constructives. Néanmoins, la voix du silence pourrait nous porter à la trajectoire positive,  méta-communicative, souvent négligée de nos jours. Elle est sans commentaire. Ainsi, par le non verbal et l’observation de nos réflexions, la pensée s’éclaircit, se dégage du contexte arbitraire afin de devenir plus personnalisée et sensible. Ainsi le libanais s’approprie des actes issus d’une cohérence nationale au delà des mots “savants” qui entretiennent un vernis social illusoire.

La thérapie de la survie est peut être une réponse à nos drames . Son application concerne principalement les personnes qui souffrent d’avoir lâché leurs repères, dans un monde à distance, en quête d’échanges concrets. Le blocage intérieur se mesure aux appréhensions figées, aux convictions personnelles suspendues, aux contextes de survie extenuants ainsi qu’aux formes multiples de réserves, de susceptibilités et de disqualifications “civilisées” . Il est grand temps d’initier une perception différée de nos frustrations historiques afin de pouvoir distinguer les réelles urgences des fausses et de faire émerger le meilleur de soi. Par l’observation des angoisses extrêmes, on découvre la face du cloisonnement pour que le cercle vicieux de la cogitation régressive s’arrête. 

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