Le 26 février 2024, le Hezbollah a annoncé avoir abattu un drone israélien violant l’espace aérien libanais, provoquant une nouvelle montée de tension dans la région. Cet incident n’est qu’un énième exemple des violations constantes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU par Israël, qui depuis 2006, maintient une tension aérienne quasi-permanente au-dessus du Liban.

Suite à cette annonce, les forces israéliennes ont mené un raid contre des centres sociaux supposées appartenir au Hezbollah à Baalbeck tuant 2 personnes. Une bombe avait touché notamment un entrepôt de produits alimentaires faisant partie du projet Sajjad du Hezbollah, qui vend à la population de son bastion à des prix inférieurs à ceux du marché, indiquent des témoins sur place.

Cependant, les forces israéliennes accusent le Hezbollah d’avoir basé dans ces positions, un système de défense antiaérien utilisé pour abattre leur drone.

Le communiqué de l’armée israélienne

Ce matin (lundi), le système de défense aérienne “Fronde de David” a intercepté un missile sol-air qui avait été tiré en direction d’un UAV (véhicule aérien sans pilote) de l’Armée de l’Air Israélienne opérant au Liban. Suite au lancement de l’intercepteur, des sirènes ont retenti dans la région d’Alon Tavor, dans le nord d’Israël. Aucune blessure n’a été signalée.

Peu après, un lancement supplémentaire de missile en direction du UAV a été identifié et le UAV est tombé en territoire libanais.

Les Forces de Défense Israéliennes continueront d’opérer pour défendre l’État d’Israël contre la menace de l’organisation terroriste du Hezbollah, y compris dans les opérations aériennes au-dessus du territoire libanais.

Un ciel constamment violé

Depuis la fin de la guerre de 2006, Israël a effectué des milliers de survols du territoire libanais, en violation flagrante de la résolution 1701 qui exige le respect de la ligne bleue, frontière terrestre entre les deux pays, et l’interdiction des vols militaires au-dessus du Liban.

Ces violations, considérées comme des actes de provocation et d’agression par le Hezbollah et le gouvernement libanais, constituent une menace constante pour la stabilité de la région. Elles alimentent les tensions entre les deux parties et risquent de déclencher une nouvelle confrontation militaire.

Cet incident récent soulève de nouvelles questions sur la persistance des tensions dans la région et met en lumière le cycle continu de violations et de représailles qui caractérise les relations israélo-libanaises depuis des décennies. Les violations de l’espace aérien libanais par des drones et des avions militaires israéliens sont fréquemment rapportées par le Liban et la FINUL, ces incursions étant souvent justifiées par Israël comme des mesures de surveillance et de sécurité contre les activités du Hezbollah, qu’Israël considère comme une menace terroriste directe.

La résolution 1701 : un fragile équilibre

Adoptée en 2006, la résolution 1701 a permis de mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Elle a établi un cessez-le-feu et a mis en place un certain nombre de mesures pour garantir la sécurité et la stabilité dans la région.

Cependant, la résolution 1701 est fragile et son application est souvent compromise par les violations israéliennes de l’espace aérien libanais. Ces violations fragilisent la crédibilité de l’ONU et de la communauté internationale, incapables de faire respecter leurs propres décisions.

La position officielle du Liban concernant les violations israéliennes de son espace aérien est de les condamner fermement. Le Liban, à travers ses représentants gouvernementaux et l’armée libanaise, a régulièrement dénoncé ces violations comme étant contraires au droit international et en particulier à la résolution 1701 du Conseil de Sécurité des Nations Unies adoptée en 2006, qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Cette résolution appelle à la cessation complète des hostilités et stipule que la zone située entre la Ligne bleue et le fleuve Litani doit être exempte de toute force armée autre que celle du gouvernement libanais et de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban).

Le gouvernement libanais a souvent porté ces violations à l’attention des Nations Unies, arguant qu’elles menacent la stabilité et la sécurité non seulement du Liban mais de toute la région. Le Liban demande régulièrement à la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses survols de l’espace aérien libanais, lesquels sont considérés comme provocateurs et susceptibles d’escalader les tensions.

En outre, le Liban utilise les canaux diplomatiques et les plateformes internationales pour appeler à une application stricte de la résolution 1701, insistant sur le retrait israélien des territoires libanais encore occupés et la cessation des violations de son espace aérien et de sa souveraineté. Le pays met également l’accent sur la nécessité de résoudre pacifiquement les différends par le dialogue et dans le respect du droit international.

Conséquences et perspectives

L’incident du 26 février 2024 est un rappel de la situation explosive qui règne au Liban et dans la région. La violation de la résolution 1701 par Israël et la riposte du Hezbollah illustrent les dangers d’une escalade militaire aux conséquences imprévisibles.

La communauté internationale doit assumer ses responsabilités et faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses violations de l’espace aérien libanais et respecte la résolution 1701, estime Beyrouth.

Israël a régulièrement violé l’espace aérien libanais, invoquant des motifs de sécurité et de surveillance, notamment pour surveiller les activités du Hezbollah, qu’il considère comme une menace imminente. Ces incursions aériennes ont pour but de suivre le transfert d’armes et le développement d’infrastructures militaires près de sa frontière.

De plus, Israël argue que ces opérations aériennes sont essentielles pour collecter des renseignements afin de prévenir des attaques sur son territoire, que ce soit par des tirs de roquettes ou d’autres formes d’agressions. La présence continue d’avions israéliens dans le ciel libanais est également vue comme une tentative de maintenir une pression stratégique sur le Hezbollah et le gouvernement libanais, visant à limiter les capacités militaires du groupe et à dissuader toute action hostile.

Ces survols servent également d’autres objectifs régionaux, notamment l’utilisation de l’espace aérien libanais pour mener des frappes en Syrie. Israël a lancé plusieurs attaques contre des cibles en Syrie, arguant de la nécessité de contrecarrer la présence militaire iranienne et de prévenir les transferts d’armes au Hezbollah. Par exemple, en janvier 2020, Israël a bombardé des cibles près de Damas, affirmant viser des bases iraniennes. En août 2021, une autre série de frappes israéliennes a visé la région d’Alep, ciblant prétendument des entrepôts d’armes destinés au Hezbollah.

Des incidents qui témoignent d’un échange indirect de messages

Au cours des deux derniers mois, les tensions entre Israël et le Liban ont été marquées par des déclarations fortes de la part de responsables israéliens. Notamment, le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a tenu des propos particulièrement menaçants envers le Liban, affirmant être prêt à “ramener le Liban à l’âge de pierre”. Cohen a critiqué le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le qualifiant de “faible” et affirmant qu’il se “cache comme un rat dans la cave”. Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions accrues à la frontière entre les deux pays, marqué par des incidents de sécurité et des échanges de tirs d’artillerie​​.

Par ailleurs, des responsables israéliens ont exprimé leur volonté d’une réaction militaire de plus grande envergure face aux actions du Hezbollah et des partenaires du Liban, incitant la communauté internationale à exercer une pression sur Beyrouth. Benny Gantz, ancien ministre de la Défense et ex-chef d’état-major, aujourd’hui membre du cabinet de guerre israélien, a souligné l’exigence d’un changement à la frontière nord d’Israël. Il a averti que si le monde et le gouvernement libanais ne prenaient pas de mesures pour empêcher les tirs sur les résidents du nord d’Israël et pour éloigner le Hezbollah de la frontière, les forces de défense israéliennes interviendraient​​.

Côté Hezbollah, au cours des deux derniers mois, les déclarations des responsables du Hezbollah, notamment celles de son leader Sayed Hassan Nasrallah, ont été marquées par une rhétorique forte contre Israël et un soutien affirmé au Hamas dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Nasrallah a prononcé des discours qui ont souligné plusieurs points clés concernant la position du Hezbollah face aux récents développements dans la région.

Nasrallah a affirmé que le Hezbollah était impliqué dans le conflit dès le lendemain de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, suggérant une entrée en guerre du Hezbollah contre Israël dès le 8 octobre. Il a critiqué les attaques israéliennes contre Gaza, les qualifiant de barbares et accusant les États-Unis de porter la responsabilité de la guerre en cours à Gaza. Nasrallah a également souligné l’indépendance de l’opération du Hamas du 7 octobre par rapport à l’Iran, affirmant qu’elle était exclusivement palestinienne tant dans sa décision que dans son exécution​​​​.
Dans ses discours, Nasrallah n’a pas annoncé de nouvelle escalade significative mais a plutôt condamné les attaques israéliennes et a appelé à un soutien accru envers Gaza de la part des pays arabes et musulmans, incluant des mesures comme la coupure des approvisionnements en pétrole, gaz et nourriture à Israël. Il a insisté sur le fait que le Hezbollah était déjà engagé dans le conflit et a souligné la gravité et l’importance des combats le long de la frontière israélo-libanaise, affirmant que cela ne serait pas suffisant et que ce ne serait pas la fin du conflit​​.

Cependant, les opérations de représailles se poursuivent les unes après autres, notamment après que les forces israéliennes aient assassiné un responsable du Hamas, Saleh al-Arouri, le numéro deux du Hamas. Cet assassinat a eu lieu lors d’une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth le 2 janvier 2024. Cette action a marqué une escalade significative dans les tensions entre Israël et le Hamas, ainsi qu’avec le Hezbollah, qui a une forte présence dans cette région du Liban.

L’interception et l’abattage d’un drone israélien par le Hezbollah ne sont pas des incidents isolés, mais s’inscrivent dans un contexte de confrontation technologique et stratégique entre Israël et le groupe armé libanais. Ces actions révèlent la montée en puissance du Hezbollah dans le domaine de la guerre aérienne non pilotée, démontrant sa capacité à défier la suprématie aérienne d’Israël dans la région. En parallèle, le Hezbollah a lui-même utilisé des drones pour survoler le territoire israélien, soulignant une évolution dans les tactiques militaires et la surveillance.

Un exemple notable de cette escalade a eu lieu en février 2018, lorsque Israël a annoncé avoir intercepté un drone iranien lancé depuis la Syrie, affirmant qu’il s’agissait d’une agression directe qui a provoqué une sérieuse réaction israélienne contre des cibles en Syrie. Bien que cet incident implique directement l’Iran, il reflète la complexité du théâtre d’opérations dans lequel le Hezbollah, allié de l’Iran, joue un rôle actif.

En août 2019, le Hezbollah a revendiqué l’envoi de plusieurs drones vers une zone montagneuse du Golan occupée par Israël, en réponse à une attaque israélienne à Damas qui aurait tué deux de ses membres. Ces drones étaient destinés à des missions de reconnaissance et de collecte de renseignements, illustrant l’utilisation croissante de cette technologie pour des opérations offensives et défensives.

Plus récemment, en juillet 2020, le Hezbollah a affirmé avoir abattu un autre drone israélien qui survolait le Liban, renforçant l’idée que le groupe possède désormais les moyens de contrecarrer les opérations de surveillance israéliennes. Cet incident s’ajoute à une série d’affrontements qui témoignent de l’intensification des tensions entre les deux parties.

Ces exemples montrent que le Hezbollah cherche à établir un nouvel équilibre en développant ses capacités de guerre asymétrique, notamment à travers l’utilisation de drones pour la surveillance, le renseignement et potentiellement pour des attaques. Cette stratégie vise non seulement à contester la domination aérienne israélienne mais aussi à affirmer la présence militaire et la capacité de riposte du groupe dans la région.

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