” Inviter les peuples non occidentaux à défendre leur identité culturelle contre les dangers présumés de l’acculturation, c’est les pousser à se constituer en sociétés closes. Dès lors, renfermée sur elle-même, chaque société est régie par son propre système de valeurs, qui ne peut être jugé ni de l’extérieur, car il n’y a pas de critère universel qui le permette, ni de l’intérieur, car les sujets sont privés de tout élément de comparaison”. Sélim Abou, s.j., anthropologue, Recteur émérite, Université Saint-Joseph, Extrait de sa conférence:“L’anthropologie structurale de Claude Lévi-Strauss.” 2009. 

Depuis la promulgation de la constitution du Liban en 1926, le libanais maintient avec une ténacité sans pareille les formes sociales  convenues et les rapports politiques opportuns. Néanmoins, la pratique démocratique nécessite un contenu bien différent. Une éducation responsable favorise l’autonomie à chaque âge ainsi que l’apprentissage des liens conséquents et équilibrés . Sinon, on se familiarise avec un comportement paradoxal. Au lieu de faire face aux inégalités on les tolère et on accepte de cohabiter avec un état de fait ou un contexte inconvenant. Si pour défendre ses droits les plus légitimes le citoyen laisse à d’autres le soin de décider pour lui, comment peut il donc convenir à sa citoyenneté ?  

Des élus continuent d’abuser largement de leur pouvoir au lieu de se restreindre à servir une fonction. L’identité citoyenne proactive a émergé  après un long temps de crises d’égos politiques et de guerres civiles converties en tensions propices. Le libanais exprime plus librement ses revendications et dénonce plus précisément certains représentants.Il s’agira aussi de prévaloir la force d’une juste conscience, l’éthique et la morale en toute prise de décision et de se distancer de l’autosuffisance, du subjectivisme et du provisoire !
Il faudra chercher au delà des justes colères comment construire ensemble et sans controverse l’exemple du citoyen ordinaire. Il s’agira de débattre du rétablissement identitaire et de réviser ces valeurs acquises où ont prévalu l’ordinaire des dépendances multiples. Elles ont mené à la révolte en fin de parcours en attendant de composer les valeurs démocratiques en tout lieu.

“La personne… ayant été élevée dans une atmosphère de scission, a perdu son unité et son intégrité. Pour se retrouver, elle doit guérir le dualisme de sa personne, de sa pensée et de son langage. Elle est habituée à penser…du corps et de l’esprit, de l’organisme et de l’environnement, de soi et de la réalité, comme s’ils étaient des entités opposées.” Extrait de Perls Hefferline and Goodman (1951/1990; 1951/1994). 

La citoyenneté n’est pas un héritage supplémentaire de complaisances. Le passage à l’unité nationale est un projet définitif à prendre totalement en charge par chacun de nous sans se laisser confondre par des inégalités devenues des règles à suivre. La pratique et le suivi d’une cohérence proprement citoyenne ne sont que rarement perçus chez nous comme une fierté démocratique. Là où devra prévaloir surtout l’exigence critique. Cependant, le libanais continue d’accuser un establishment sans se remettre vraiment en question. Aux centaines de miliers de personnes de divers milieux et conditions dans notre pays, les rapports de prévalence et de préservation ont définitivement besoin d’évoluer vers la solution intime. Pour ne plus rester dépendants des politiques dépourvues de confiance on a surtout besoin de résoudre franchement nos propres incohérences afin d’incarner l’indépendance ! 

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