Le conflit de Gaza, menaçant de s’étendre au Sud du Liban, et les tensions internes israéliennes autour du retour des réfugiés israéliens ou encore de la conscription des ultra-orthodoxes, jettent une lumière crue sur les défis sécuritaires et sociétaux auxquels Israël est confronté. Ces développements récents soulèvent des questions sur la capacité du pays à maintenir son front interne uni tout en gérant les implications d’un conflit régional élargi.

Dommages économiques et déplacement au nord d’Israël

Les colonies de Kiryat Shmouna et Shlomi, situées au nord d’Israël, ont subi de lourdes pertes économiques, exacerbées par les récentes escalades du conflit. Selon le journal “Maariv”, l’activité commerciale a chuté de plus de 70 % entre le 25 février et le 2 mars, avec une portion significative de la population déplacée choisissant de ne pas revenir. Le maire de Kiryat Shmouna a alarmé en indiquant qu’un résident sur quatre déplacé ne reviendrait pas, un chiffre qui pourrait grimper jusqu’à 40 %. Ces statistiques mettent en évidence non seulement l’impact immédiat du conflit sur les communautés frontalières mais aussi les défis à long terme pour la résilience et la reconstruction de ces zones.

Ces informations interviennent alors que, côté israélien, on menace toujours le Liban de conflit ouvert, non seulement avec le Hezbollah, en cas de persistance de la violence au niveau de la ligne bleu. Cependant, de nombreux israéliens refusent de revenir au Nord d’Israël dans la crainte d’une opération du Hezbollah similaire à celle menée par le Hamas, le 7 octobre 2023.

Cependant, les autorités israéliennes estiment qu’un conflit ouvert avec le Liban aurait de sérieuses conséquences illustrées par un nombre important de pertes militaires et civiles, l’incapacité des systèmes de défense à intercepter la majeure partie des missiles qui seront tirés par le Hezbollah en raison de manque de missiles intercepteurs et la destruction d’une partie de son infrastructure avec des menaces sérieuses causées à l’exploitation des ressources pétrolières et gazières, au port de Haïfa et de nombreuses coupures d’électricité.

Par ailleurs, les responsables israéliens soulignent que Tsahal ne possède pas assez d’hommes actuellement pour mener une telle opération militaire, l’essentiel des troupes de chocs étant déjà très usé par le conflit à Gaza, amenant donc à se poser la question concernant la conscription des ultra-orthodoxes juifs jusque là épargnés.

La question de la conscription des ultra-orthodoxes

La conscription des ultra-orthodoxes en Israël est un sujet de discorde majeur, exacerbé par les déclarations récentes du Grand Rabbin séfarade d’Israël, Yitzhak Yosef, qui a menacé d’un exode massif à l’étranger si la loi sur la conscription était appliquée. Cette menace survient alors qu’Israël se rapproche d’une échéance imposée par la Cour Suprême pour justifier pourquoi les ultra-orthodoxes ne sont pas soumis au service militaire, malgré l’expiration d’une loi les en exemptant.

La division profonde au sein de la société israélienne est mise en lumière, non seulement par le débat sur la conscription mais aussi par les implications politiques d’une telle mesure. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a appelé à mettre fin à l’exemption de conscription pour les hommes ultra-orthodoxes, proposant une législation qui ne serait soutenue qu’avec l’aval de ministres centristes, tels que Benny Gantz et Gadi Eisenkot, soulignant les frictions au sein du gouvernement de coalition.

Le Grand Rabbin séfarade d’Israël, Yitzhak Yosef, a récemment cristallisé le sentiment de sa communauté face à la perspective d’une conscription forcée. “Si on nous force à aller à l’armée, nous partirons tous à l’étranger”, a-t-il déclaré, soulignant un fossé de compréhension avec les Israéliens séculiers. Ces propos interviennent alors qu’Israël se rapproche de la date butoir du 24 mars pour justifier auprès de la Cour suprême pourquoi le pays n’intègre pas les ultra-orthodoxes dans l’armée.

La Cour suprême avait ordonné cette explication après avoir entendu des pétitions contre la décision du gouvernement de ne pas enrôler les jeunes hommes fréquentant les yeshivot (institutions d’études religieuses), malgré l’expiration d’une loi les en exemptant. Ce débat sur la conscription des ultra-orthodoxes, qui dure depuis 1998, met en évidence une des questions les plus clivantes de la politique israélienne.

Les Implications d’une Conscription Obligatoire

Si le gouvernement ne parvient pas à passer une loi d’ici le 31 mars, les hommes ultra-orthodoxes seront conscriptés et le financement d’État pour leurs programmes de yeshiva prendra fin. Cette éventualité a conduit à une situation politique tendue, où le Premier ministre Benjamin Netanyahu se retrouve pris entre le marteau et l’enclume, cherchant à apaiser à la fois le droit religieux et les modérés laïques de son gouvernement.

Un front interne divisé

Ces développements internes surviennent à un moment où Israël fait face à une escalade du conflit avec Gaza, s’étendant au Liban, mettant à l’épreuve la solidarité nationale et la capacité du gouvernement à présenter un front uni. La question de la conscription des ultra-orthodoxes, combinée à l’impact économique et social du conflit élargi, révèle les fractures profondes au sein de la société israélienne.

Les efforts pour maintenir la cohésion nationale sont d’autant plus compliqués que le gouvernement doit équilibrer les demandes contradictoires des partis religieux et des modérés séculiers, tout en gérant les répercussions d’un conflit régional. La possibilité d’une crise gouvernementale plane, avec la conscription des ultra-orthodoxes comme point de rupture potentiel.

Newsdesk Libnanews
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