Dalati Ministerial Council.

Le gouvernement libanais a approuvé ce 10 février, le budget 2022 en présence du Président de la République, le général Michel Aoun. Ce budget semble reporter à plus tard de nombreux sujets polémiques, comme les avances nécessaires à l’Electricité du Liban ou encore la hausse des tarifs des télécoms mais également, induit la poursuite du versement d’intérêts aux banques libanaises.

Ainsi, sur le montant de 7 600 milliards de livres prévu dans le projet de budget 2022 pour payer les intérêts de la dette publique, 1 200 milliards de livres sont affectés au remboursement des dettes à long terme envers les institutions internationales, et les 6 400 milliards de livres restants sont affectés pour un tiers au payer les intérêts sur les bons du Trésor en livres portés par les banques, et aux deux tiers pour payer les intérêts sur les bons du Trésor détenus par la Banque du Liban, soit 60% du budget total, cela en excluant même les fonds destinés à l’EDL.

Ainsi, si le premier ministre Najib Mikati évoque un budget pratiquement équilibré, il n’en est en réalité rien.

Par ailleurs, si les autorités libanaises s’étaient pourtant défendues de toute augmentation des charges financières supplémentaires qui pèsent sur la population, fortement impactée par la crise économique, elles ont pourtant mis en place “un droit d’importation” à hauteur de 3% des valeurs entrant au Liban, en étant accompagnée par une hausse du dollar douanier alors que le Pays des cèdres importe 70% de ses besoins. Il est ainsi attendu que les prix continuent à augmenter, même en abrogeant les taxes sur les médicaments ou les matières alimentaires.

Quant aux sommes allouées aux investissements publics, ils n’atteignent que 4.7% du budget total, une somme qui pourrait déjà se révéler être insuffisante pour la maintenance des infrastructures existantes.

Et les négociations avec le FMI rendues encore plus ardues

Pour l’heure, si le gouvernement actuel espère conclure au plus tôt un accord avec le Fonds Monétaire International, le budget présenté répondant selon lui aux exigences de celui-ci, cette perspective reste lointaine, estiment les observateurs, l’institution ayant déjà rejeté le projet des autorités actuelles à imposer une répartition des pertes du secteur bancaire en priorité aux déposants, sous la pression des actionnaires des banques. Le FMI note aussi que les estimations du précédent gouvernement, celui de Hassan Diab, ont déjà été acceptées par ses négociateurs, tout comme la répartition des pertes à l’époque. Ils s’interrogent donc sur la nécessité de relancer ces négociations pourtant déjà achevées sur ce volet.

Toujours au niveau bancaire, le FMI note qu’il est impossible d’appliquer des bail-in spécifiques pour chaque établissement bancaire comme proposé par certains intérêts locaux. Le Fonds annonce en effet, qu’il avait étudié les budgets des 14 plus grandes banques du Liban et indiqué qu’il n’est pas possible d’appliquer des ratios spécifiques pour répartir les pertes sur toutes les banques. Le plan actuel est par conséquent incomplet en termes de création de normes unifiées qui s’appliquent à toutes les banques

Le FMI estime aussi que les estimations des pertes de ce secteur par le gouvernement Mikati III est très largement inférieur au consensus à ce sujet. Sur le plan fiscal, le FMI souligne d’accord l’inégalité des taxes actuelles qui impactent déjà plus les populations vulnérables et non celles qui continuent à pouvoir bénéficier de hauts revenus, même si proportionnellement à la population, celle-ci est désormais moins nombreuse.

Enfin, le FMI souhaite que si une aide est accordée au Pays des Cèdres, cette aide doit être globale avec notamment en ligne de mire, la restructuration du secteur financier et le détricotage des systèmes financiers ayant induit la crise actuelle mais aussi des réformes de fond des administrations publiques qui soulèvent cependant l’opposition des partis politiques et d’intérêts financiers locaux comme ceux des agences exclusives.

Ainsi, les chances du Liban d’obtenir un accord avec le FMI sont désormais faibles, notent les spécialistes qui s’attendent à ce que la valeur de la Livre Libanaise s’effondre une fois que l’effet de “l’aspirine de la Banque du Liban”, qui avait injecté les dernières devises étrangères dont elle dispose, s’estompe.

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