La crise économique au Liban, exacerbée par des décisions politiques controversées et un contexte international difficile, continue de plonger le pays dans une spirale de déclin économique et financier.

La récente décision du gouvernement libanais d’augmenter le salaire minimum à 18 millions de livres libanaises, avec une parité fixée à 89 500 LL/USD, financée par les réserves de la Banque du Liban (BDL), a suscité de vives inquiétudes quant à une possible accélération de l’inflation dans un pays déjà marqué par une crise économique profonde.

Contexte Économique du Liban

Le Liban traverse actuellement une crise économique sans précédent, une situation qui a mis à mal l’économie du pays et a engendré une série de conséquences sociales et financières dévastatrices. Cette crise est caractérisée par une contraction massive de son produit intérieur brut (PIB), un indicateur clé de la santé économique d’un pays. Le PIB du Liban, qui s’élevait à 55 milliards de dollars il y a quatre ans, n’est plus que de 20 milliards de dollars aujourd’hui.

Cette chute drastique du PIB est le reflet d’une économie en déroute, avec une monnaie nationale qui a perdu 98% de sa valeur. Cette dévaluation dramatique de la livre libanaise témoigne d’une perte de confiance dans la stabilité financière du pays et souligne la gravité de la crise économique que traverse le Liban.

Les répercussions de cette crise économique ne se limitent pas au domaine financier. Elles ont également des conséquences sociales et économiques profondes. On constate notamment une augmentation significative de la pauvreté, avec un nombre croissant de Libanais qui peinent à subvenir à leurs besoins essentiels. Plus de 90% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté et plus des deux tiers dans un état de pauvreté extrême. Le taux de chômage a lui aussi grimpé en flèche, tandis que les services de base, tels que les soins de santé et l’éducation, se sont détériorés avec aussi, de nombreux départs à l’étranger. Plus de 400 000 travailleurs qualifiés auraient ainsi quitté le pays des cèdres.

La Décision d’Augmenter le Salaire Minimum

En réponse à la détérioration des conditions de vie, le gouvernement a pris la mesure radicale d’augmenter le salaire minimum à la fois au sein du secteur privé et aussi du secteur public. Cette mesure, bien que visant à soulager les pressions économiques sur les citoyens, soulève des inquiétudes quant à son financement par les réserves de la Banque du Liban, dans un contexte où le pays est en défaut de paiement et où l’économie est déjà extrêmement fragilisée. Les critiques soulignent le risque d’une nouvelle poussée inflationniste, exacerbant encore les difficultés économiques.

Implications et Défis

Cependant, cette augmentation pourrait amener à une nouvelle poussée inflationniste. Le salaire minimum avant la crise était de 600 USD, une somme qui faisait déjà que le travailleur libanais n’était pas compétitif sur le plan international. S’il s’agissait de corriger les salaires et le pouvoir d’achat en prenant en compte la baisse du PIB, le salaire minimum devrait être de 320 USD et non de 200 USD, sans même prendre en compte les augmentations des coûts des matières premières ou encore des problèmes liés à la quasi-absence de système monétaire et financier fiable. Il y a donc une marge que les autorités libanaises auraient pu prendre sans toutefois répondre aux exigences des organismes syndicaux qui demandait à ce que le salaire minimum soit porté à 700 USD par mois.

Par ailleurs, l’utilisation des réserves de la BDL à hauteur de 30 millions de dollars annuellement pour le secteur public pour financer l’augmentation du salaire minimum est particulièrement préoccupante dans le contexte du défaut de paiement du Liban sur sa dette extérieure. Si les réserves monétaires ont quel que peu augmenté depuis le départ de l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, cette situation intervient alors que le Liban est toujours en état de défaut de paiement. Ces augmentations seraient même négatives en réalité si on devait prendre en compte le remboursement de la dette publique, une chose d’autant plus grave que le Liban, en état de défaut de paiement, ne peut recourir à l’emprunt international.

Cette situation met en lumière les limitations de la politique monétaire dans un contexte de crise profonde, où les mesures à court terme peuvent avoir des conséquences à long terme sur la stabilité financière.

Le Rôle du FMI et de l’Aide Internationale

Le Liban traverse actuellement une crise économique majeure et l’une des solutions considérées comme cruciales pour surmonter cette crise est le déblocage de l’aide internationale et du Fonds Monétaire International (FMI). Cette aide donnerait au Liban les moyens financiers nécessaires pour lutter contre les problèmes économiques qu’il rencontre.

Cependant, le processus de déblocage de cette aide est actuellement entravé par l’attitude des autorités libanaises. En effet, le FMI demande un audit complet des finances du Liban. Cette demande est perçue comme une condition préalable à l’octroi de l’aide. Or, les autorités libanaises refusent de procéder à cet audit du secteur public mais également des banques privées ou de nombreuses irrégularités sont à craindre, ce qui bloque la mise en place de l’aide.

Cette situation met en évidence la complexité des défis politiques et économiques auxquels le Liban est confronté. D’une part, le pays a besoin de l’aide internationale pour surmonter sa crise économique. D’autre part, cette aide est conditionnée par une réforme de la gestion des finances publiques, une réforme que les autorités ne semblent pas prêtes à entreprendre.

Pour le Liban, la voie vers la récupération nécessitera une série de réformes structurelles profondes, y compris la restructuration de la dette, la réforme du secteur bancaire, et la mise en œuvre de politiques visant à restaurer la stabilité macroéconomique. L’engagement constructif avec le FMI et d’autres partenaires internationaux sera essentiel pour débloquer l’aide financière nécessaire et pour établir un cadre permettant une croissance économique durable à long terme.

L’expérience du Liban met en lumière les défis auxquels les économies en crise sont confrontées dans un monde de plus en plus interconnecté, où les décisions de politique intérieure ont non seulement des implications locales mais aussi internationales. La résolution de la crise libanaise nécessitera une approche coordonnée qui tient compte des réalités économiques, politiques et sociales complexes du pays.

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