L’Association des Banques du Liban souhaite publier un programme de sauvetage concurrent à celui présenté par le gouvernement, préservant une partie des capitaux de leurs actionnaires. Pour rappel, le plan présenté par le gouvernement Hassan Diab prévoit l’approvisionnement de la totalité des capitaux des actionnaires actuels en raison des pertes financières auxquelles fait face ce secteur.

La semaine dernière déjà, l’ABL avait vivement critiqué le plan de sauvetage du Premier Ministre Hassan Diab, estimant qu’il détruirait la confiance envers le système financier, pourtant confronté à des pertes que certains estiment aller jusqu’à 160 milliards de dollars à comparer aux 221 milliards de dépôts présents.

Aussi, le gouvernement libanais envisage une restructuration à la fois du secteur bancaire privé mais aussi de la Banque du Liban elle-même. Les actionnaires des banques privées sont appelés à approvisionner la totalité de leurs capitaux pour couvrir ces pertes, soit 20 milliards de dollars au taux de parité officiel et 8.6 milliards de dollars au taux de parité de 3 500 LL/USD visé par les autorités, selon les modalités du plan de sauvetage qui a pour principal objectif de sauvegarder la majorité si ce n’est pas la totalité des dépôts au final.

Le Président de l’ABL Salim Sfeir estime cependant, que le gouvernement néglige totalement le secteur bancaire et que les banques souhaiteraient “recréer la confiance pour créer un nouveau Liban”. Il indique également que le plan de l’ABL serait présenté d’ici 10 jours sans donner plus de détails à ce sujet.

Il appelle cependant à la préservation d’une partie du capital des actionnaires actuels “pour aider à redémarrer un nouveau cycle économique”, soulignant qu’il est aujourd’hui très difficile pour de nouveaux actionnaires d’entrer dans le système en raison de la situation économique locale et internationale.

L’ABL contre-attaque estimant que l’état considère les banques comme un bouc-émissaire au lieu de prendre ses responsabilités.

Les banques libanaises sont largement critiquées également pour avoir unilatéralement mis en place un contrôle des capitaux depuis le mois de novembre 2019, afin de se préserver contre une possible panique bancaire et alors qu’une crise de liquidité révélait l’ampleur de la crise économique que traverse le Liban. Cependant, ce contrôle des capitaux a paralysé les secteurs privés dont l’industrie par exemple dans lesquels de nombreuses entreprises ont du réduire les salaires afin de préserver l’emploi.

Aussi, elles font l’objet de critiques par rapport au fait qu’elles n’ont pas préservé les dépôts de leurs clientèles, en ne diversifiant pas assez leurs portefeuilles et s’exposant lourdement au risque souverain afin de percevoir d’importants taux d’intérêts dont elles ont bénéficié avec leurs actionnaires durant des années avec la réalisation d’importants profits reversés sous forme de dividendes au détriment de la sécurité des investissements.

Par ailleurs, la détérioration de la parité entre livre libanaise qui est passée de 1 507.5 LL/USD au mois de novembre dernier à 3 200 LL/USD au taux de marché aujourd’hui voire à 4 200 LL/USD au marché noir amenant de nombreux clients à dénoncer l’attitude de leurs banques.

Pour l’heure, les banques libanaises sont confrontées à une hausse de leurs fonds propres rendue nécessaire par une circulaire de la BDL à hauteur de 20% de la totalité de leurs actifs d’ici le mois de juin. Certains actionnaires éprouveraient les plus grandes difficultés à y procéder, ce qui pourrait amener ces établissements soit à la fusion avec des concurrents, soit à la liquidation de leurs activités ou encore à des faillites.

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