Vendredi, une séance cruciale du cabinet a été annulée de manière inattendue lorsque d’anciens membres des forces armées, profondément affectés par la crise économique, ont bloqué avec détermination les accès au Grand Sérail, symbole du pouvoir politique à Beyrouth. Cette action directe reflète l’exaspération croissante face à l’effondrement économique du Liban, qui plonge des millions de personnes dans le désarroi.

Les retraités, rassemblés sur la place Riad al-Solh, symbole de résistance et de revendication populaire, ont exprimé leur désespoir face à des salaires dérisoires qui ne suffisent plus à couvrir les besoins les plus élémentaires. Cette mobilisation intervient dans un contexte où le salaire moyen dans le secteur public est devenu insuffisant pour subvenir aux besoins de base, beaucoup vivant désormais en dessous du seuil de pauvreté. La dévaluation de la livre libanaise a érodé les économies et les revenus, plongeant une large part de la population dans une précarité économique.

Le gouvernement avait prévu de discuter, lors de cette séance annulée, des ajustements salariaux pour les employés du secteur public, en réponse à une grève du ministère des Finances déclenchée par le gel des primes de productivité décidé par le Premier ministre par intérim, Najib Mikati. Cette mesure avait été prise dans l’attente d’une réforme plus globale des salaires du secteur public, dans un effort de stabilisation économique. Cependant, cette initiative a été perçue comme insuffisante face à l’ampleur de la crise, alimentant la frustration et la colère parmi les employés de différents secteurs, qui voient leur pouvoir d’achat se réduire jour après jour.

Mikati, confronté à cette escalade de la tension, a choisi de reporter la séance, soulignant la complexité de la situation : “J’ai été surpris par l’escalade dans la rue aujourd’hui, et pour éviter un affrontement, j’ai reporté la séance d’aujourd’hui.” Cette déclaration met en lumière le dilemme auquel est confronté le gouvernement libanais, tiraillé entre la nécessité de réformes économiques profondes et la pression populaire pour une amélioration immédiate des conditions de vie.

Focus

Depuis 2019, le taux d’inflation au Liban a connu une augmentation spectaculaire, illustrant l’ampleur de la crise économique que traverse le pays. En 2019, le taux d’inflation était de 3.01%, mais il a ensuite grimpé en flèche pour atteindre 84.86% en 2020, marquant une hausse significative par rapport à l’année précédente. L’année 2021 a vu une augmentation encore plus dramatique, avec un taux d’inflation de 154.76%, ce qui représente une augmentation de 69.89% par rapport à 2020. En 2022, l’inflation a continué de grimper, atteignant 171.2%. Plus récemment, en octobre 2023, le taux d’inflation annuel a accéléré à 215.4%, soulignant les défis économiques persistants auxquels le Liban est confronté, notamment à cause d’une hausse substantielle des coûts de l’éducation, qui ont grimpé jusqu’à 595%​​​​.

En 2020, il a été rapporté que plus de la moitié de la population vivait sous le seuil de pauvreté. Cette proportion a continué d’augmenter, et des rapports récents suggèrent que plus de 80% de la population libanaise pourrait désormais vivre dans la pauvreté, selon des critères incluant l’accès à la nourriture, aux soins de santé, à l’éducation, et aux services de base. La crise a également entraîné une hausse significative de l’extrême pauvreté, avec un nombre croissant de familles incapables de subvenir à leurs besoins les plus élémentaires.

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