Pour commencer cette semaine avec une bonne bouffée d’air, parlons de cette journée d’hier, de cette petite parenthèse de positivité dans ce laïus prolixe d’ondes négatives que subissent les Libanais depuis quelque temps.
Ce dimanche, Beyrouth a été le théâtre d’une série de manifestations citoyennes, culturelles et ludiques à la fois. L’association Ajialouna en collaboration avec l’ABC, a organisé une journée festive à Verdun dans le cadre de la fête de l’Eid, intitulée Arabesques, animée par des chanteurs, danseurs, artistes, tagueurs, chefs cuisiniers qui ont chacun de leur côté effectué une belle performance, afin de contribuer aux activités éducatives et caritatives de Ajialouna … Un peu plus loin, dans la rue de Hamra, l’association des dames de Tarik el Jdidé a inauguré un événement baptisé 3ich el Hamra, 3ich el Farah, pour la promotion des traditions libanaises, où des artisans et des femmes de la capitale ont exposé leurs produits faits maisons, et les Beyrouthins ont pu profiter de cette ambiance allègre.
Festival de Hamra : 3ich el Hamra, 3ich el Farah
Quittons la capitale vers le Chouf, où le village de Botmé a célébré sa journée traditionnelle sous le chêne de Fernaya ou Oum Charatit. Sous ce chêne vieux de plus de 500 ans qui, selon la légende, aurait subi un incendie qui n’a pas réussi à consumer ses branches et son feuillage, Druzes et Chrétiens se rencontrent et passent une journée rythmée d’activités et de compétitions villageoises traditionnelles, et partagent un repas convivial et fraternel.
Le chêne de Botmé au Chouf Repas champêtre autour du fameux Saj
En allant vers la Beqaa, dans la région de Baalbeck-Hermel, des centaines de personnes se sont réunies au niveau du fleuve de l’Oronte, Al Assi, le temps d’un déjeuner familial dans un des restaurants encadrant le fleuve, pour pêcher des truites, pour nager, ou pour s’adonner à leur sport préféré, le rafting qu’ils n’ont pas eu l’occasion de pratiquer l’année dernière à cause de la situation sécuritaire.
Rafting sur le fleuve Assi
Un peu partout au Liban, du Nord au Sud, les Libanais ont également commémoré la fête de Saint Charbel, un saint personnage local miraculeux, ainsi que Saint Elie le prophète. Ce fut l’occasion de rencontres, messes, déjeuners et dîners en famille, fêtes foraines dans les villages pour célébrer selon les traditions, ces deux solennités, qui dans certaines régions du Nord et du Sud, rassemblent également les Libanais de confessions musulmanes autour des festivités chrétiennes.
Visiteurs devant le tombeau de St Charbel, le jour de sa fête.
Ce dimanche a été une trêve de positivisme en plein dans cette tempête de négativisme qui règne sur le pays des cèdres. Au lendemain d’une série de meurtres, dans un climat d’injustices, d’impunités et de lâcheté collective, avec une classe politique pourrie périmée, dans un pays expiré sans queue ni tête, il existe encore des gens qui se battent pour vivre, pour promouvoir la culture, les loisirs et les activités caritatives, mais surtout, pour prouver qu’ils peuvent encore se réunir avec leurs compatriotes, autour événements rassembleurs, le temps d’une journée…