Par Jaafar Al Bakli, universitaire tunisien, chercheur sur les questions de l’Islam, spécialiste de l’histoire politique des pays arabes, notamment les pays du Golfe; Chroniqueur au quotidien libanais Al Akhbar. Ses contributions au site https://www.madaniya.info/ figure à la fiche auteur. Adaptation en version française René Naba, directeur du site https://www.madaniya.info/


Ce papier est publié à l’occasion du 65ème anniversaire de la visite historique à Damas de Gamal Abdel Nasser à l’occasion de la proclamation de la République Arabe Unie, le 1 er Février 1958, par le président égyptien et son homologue syrien Choukry Al Kouwatly.

La fusion syro-égyptienne a suscité des pulsions mortifères du Roi Saoud à l’encontre de Nasser, qui déjouant la tentative d’assassinat ourdie contre lui a précipité la chute de son rival wahhabite.

L’élimination physique des contestataires de l’ordre royal saoudien, -dont l’illustration la plus récente aura été le dépeçage de l’opposant saoudien Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018, au consulat saoudien à Istanbul-, constitue un mode opératoire privilégié de la dynastie wahhabite.

Le président égyptien Gamal Abdel Nasser, le chef charismatique des Arabes, a failli faire les frais de cette boulimie saoudienne pour les liquidations extrajudiciaires; une pratique en vigueur chez les nouveaux alliés d’Israël.

Ci-joint le récit d’un conseil royal tenu au Palais royal d’Al Nassiryah à Riyad à la suite de la proclamation par Gamal Abdel Nasser de la fusion entre l’Égypte et la Syrie à Damas, en 1958.

L’ambiance était lourde au Palais Al Nassiryah à Riyad. Le discours de Nasser à Damas proclamant la fusion de l’Egypte et de la Syrie au sein d’une «République Arabe Unie» a fait l’effet d’un coup de tonnerre au sein de la dynastie wahhabite.

Le roi Saoud a tenté de détendre l’atmosphère, prenant des nouvelles de chacun des membres de l’assistance. En vain. Jusqu’au tour du Prince Abdallah, l’oncle du Roi.

Contenant mal son courroux, Abdallah, doyen du clan, explose: «Nous sommes dans la merde»! Le visage du  Roi se contracta de stupeur devant la violence de la réponse.

Deux des conseillers du Roi, Cheikh Youssef Yassine et Jamal Al Husseini, s’interposèrent pour retenir l’oncle du Roi, tentant d’atténuer la vivacité de ses propos et faire baisser la tension. Abdallah les repoussa de son chemin.

Tremblant de colère, enroulant son Abaya, il se dirigea vers la porte de sortie en murmurant …«il nous projette à terre,  sous terre, vers l’enfer».

Un lourd silence s’empara de l’assistance, saisie de consternation.

La scène s’est déroulée le 7 Mars 1958. Cette scène, de même que les violents propos de l’oncle du Roi, reflétaient la plus grave crise que la famille royale saoudienne ait eu à affronter depuis la fondation du Royaume en 1929, allant jusqu’à provoquer de profondes divisions au sein de la dynastie wahhabite. Une crise surgit après la découverte d’un complot ourdi par l’Arabie saoudite visant à assassiner Nasser par l’explosion en plein vol de l‘avion du président égyptien.

La colère des princes n’était pas tant motivée par le complot, que par l’implication directe du Roi Saoud dans sa préparation et sa mise en œuvre, ainsi que la mauvaise gestion de l’ensemble de l’opération dans toutes les phases de son exécution. Du grand amateurisme.

Au point que les sommes soustraites par les exécutants avaient asséché les comptes affectés à cette opération.

La fourberie du Roi a été révélée à la face du Monde. Ses réseaux ont été démantelés, ses hommes de paille démasqués, et incarcérés. La dynastie wahhabite était devenue la risée du monde.

1 – Sa Majesté, que Dieu lui donne longue vie, t‘ordonne de faire exploser l’avion.


L’affaire avait débuté des semaines auparavant. Nasser avait atterri à Damas le 24 Février 1958, où un accueil légendaire avait été réservé par la population au nouveau «Président de la République Arabe Unie».

Nasser entreprit une tournée à l’intérieur du pays, dans les grandes provinces, multipliant les discours devant des foules compactes qui se massaient sur son passage, à chacune de ses apparitions, pour le voir, l‘entendre voire même le saluer.

Le Mardi 4 Mars, au soir, épuisé par ses déplacements, Nasser se rend dans sa chambre au Palais des Hôtes à Damas pour prendre du repos. Alors qu’il s’apprêtait à porter son pyjama, un homme déboule dans sa chambre, se figeant, net, devant lui.

L’homme n’était autre que le commandant Abdel Hamid Sarraj, chef des services de renseignement syriens et futur pro consul de Nasser en Syrie durant de l’Unité syro-égyptienne (1958-1961).

Sarraj : Désolé de vous déranger. Mais il s’agit d’une affaire grave dont je dois impérativement vous faire part.
Nasser : Le sujet ne pouvait pas attendre jusqu’à demain?
Sarraj : Non, l’affaire ne pouvait pas attendre.
Nasser, intrigué : Bon. Soit. Dis-moi ce que tu as à me dire. Je Suis à ton écoute.
Sarraj, parlant à voix basse : L’affaire va prendre du temps et concerne le Roi d’Arabie.

Nasser fait signe à son interlocuteur de prendre place. Sarraj approche sa chaise du siège présidentiel.

Pour le mettre à l’aise, Nasser lui indique qu’il va s’allonger sur le lit pour prendre du repos et tenter de récupérer ses forces pendant que l’officier syrien lui relate l’affaire. «Je suis mort de fatigue», lui explique-t-il, en guise d’excuse.

Sarraj: Prenez vos aises, Monsieur le Président. Je ne voulais pas vous inquiéter mais l’affaire est grave.

2- Un groupe de princes se réunit au domicile du Prince Talal Ben Abdel Aziz et demande à Fayçal de devenir ROI


Cauda -Le prince Talal Ben Abdel Aziz, père du prince milliardaire Walid Ben Talal, a été dénommé «le prince rouge» en raison de ses sympathies pro Nasser dans la décennie 1950.

Sarraj (1): Le roi Saoud a pris pour épouse une syrienne, dénommée Oum Khaled (2), dont le père répond au nom d’Assaad Ibrahim.  Cet homme-là m’a contacté il y a quelques jours, via un intermédiaire, le député Aziz Ayad. J’ai accepté de rencontrer le père de l’épouse du Roi qui m’a mis au courant des manigances saoudiennes.

…«Le roi m’a proposé deux millions de livres sterling si j’acceptais de tremper dans une conjuration visant à saborder la fusion égypto-syrienne. J’ai fait mine d’accepter pour tenter de comprendre ce qui se tramait. Le Roi Saoud m’a effectivement transmis la somme de 2 millions de Livres Sterling, en guise d’appât.

A ce niveau du récit, Sarraj s’interrompt pour sortir de son gilet une liasse de papiers qu’il présenta à Nasser. Le président égyptien se redressa de son lit, saisi d’étonnement.

Sarraj: Il s’agit de trois chèques du Roi Saoud qui m’étaient destinés: le premier, en date du 26 février 1958, d’un montant d’un million de Livres Sterling; le deuxième, de 700.000 LS;

Le 3 eme chèque de 200.000 LS, tous trois tirés sur l’Arab Bank Ltd, encaissables à la Midland Bank LTd à Londres. Les Trois chèques étaient tirés au «porteur».

Sarraj précise qu’il disposait en outre d’enregistrements de la voix de l’intermédiaire Assaad Ibrahim lui faisant état de l’offre saoudienne.

Sarraj a présenté en fait des photocopies des chèques car il avait pris soin d’encaisser les chèques via la filiale syrienne de l’Arab Bank, en présence du directeur de l’établissement.

Sarraj explique alors à Nasser pourquoi il manquait 100.000 livres sterling à la somme de 2 millions de LS promise. En fait Sarraj a reçu 1,9 millions de LS.  L’émissaire du Roi a prélevé 100.000 LS  à titre de commissions. Les chèques ont été établis en conséquence de la somme déduite, a-t-il dit.

Nasser est demeuré silencieux, fixant du regard Sarraj.

L’officier syrien reprit alors ses révélations: Pour m’encourager, l’émissaire saoudien Assaad Ibrahim m’a montré une lettre manuscrite du Roi Saoud m’assurant qu’il me considérait comme son fils; qu’il ne m’abandonnera jamais et qu’il me traitera de la même manière que son père, le Roi Abdel Aziz, fondateur du royaume, avait traité en son temps Choukry Kouatly (3), le président syrien en exercice au moment de la fusion syro-égyptienne.

Le message royal donnait l’assurance que l’ambassadeur des États Unis à Damas procéderait à la reconnaissance immédiate du nouveau régime, de même que tous les pays amis de l’Amérique.

Dès que je suis entré en possession des chèques, je fus saisi d’impatience. Je ne pouvais pas attendre la levée du jour.

Aux premières lueurs de la journée, je me suis dirigé vers la banque, en compagnie d’officiers fiables. J’ai convoqué le directeur de la filiale syrienne de la banque, Wassef Khaled, son adjoint et plusieurs de ses collaborateurs pour superviser l’opération du retrait des sommes de la Midland Bank, de les virer à un nouveau compte établi en mon nom, et de là vers la Suisse.

Pis, l’émissaire du Roi Saoud m’a confié une charge de dynamite en me demandant de la placer dans votre avion afin qu’elle explose en plein vol.

Un silence régna alors sur la pièce. Rompant le silence, Sarraj  reprit son exposé: L’émissaire de Saoud m’a offert un supplément  de 250.000 livres sterling pour m’acquitter de cette dernière mission (le placement de la charge explosive dans l’avion du président égyptien). «J’ai décliné l‘offre. J’ai chargé l’émissaire du Roi de transmettre mon refus de m’acquitter de cette mission».

Poursuivant mon enquête, j’ai découvert que le camp pro saoudien avait réussi à enrôler un officier de l’armée de l’air syrienne pour tirer sur votre appareil, et, une fois son forfait accompli, de gagner la Turquie en réclamant le droit d’asile politique. Nous avons arrêté l‘officier félon et il subit actuellement un interrogatoire.

3 – Les gens de Médine ont-ils cru à la version propagée contre nous par des envieux ?


Le discours de Nasser à Damas, le 5 Mars 1958, a eu un retentissement considérable. Le président égyptien a révélé à la face au Monde arabe le visage hideux de la dynastie wahhabite. Ses révélations ont fait l’effet d’une secousse tellurique.

Sous le règne de Saoud, le royaume était en faillite du fait des dépenses inconsidérées, d’une politique confuse, des guerres des clans au sein des composantes de la famille royale, du fait de l’autoritarisme excessif du Roi  Saoud qui monopolisait le pouvoir en privilégiant ses enfants au détriment de frères, contrairement aux lois de la primogéniture qui régissent la vie du Royaume.

Le prince Talal demanda alors des nouvelles du Roi. Il lui a été répondu qu’il se reposait dans son palais de Médine. Il téléphona à son frère, lui demandant s’il a été informé des accusations portées par Nasser contre lui. Et si oui, quels étaient ses commentaires?

Saoud fit répondre qu’il ne voyait pas d’objection à la venue de Talal. Le «Prince Rouge» prit aussitôt l’avion à destination de Médine. A son arrivée, il se rendit au palais royal se dirigeant directement à la salle d’audience où il trouva le monarque trônant au milieu des notables de la 2ème ville sainte, notamment le vice-gouverneur de la ville Abdallah Al Sideiry.

Le roi, interpellant son frère cadet et prenant à témoin l’assemblée: Observe par toi-même si les gens de Médine ont gobé les colportages des envieux.

La salle était plongée dans un silence de plomb. Un silence infiniment plus éloquent que le plus grand des discours. Talal saisit alors l’exacte mesure du degré de confusion dans laquelle baignait Saoud.

Puis s‘adressant à son aîné, il l’interpella en ces termes: Majesté, que Dieu te prête longue vie, fais en sorte de nous sauver la face. Si nous laissons sans riposte ce qui se dit, nous serons couverts de honte. La famille Al Saoud compte 5.000 membres. Comment pourra-t-on soutenir le regard des gens, après une telle affaire.

Saoud murmura. Pas grave. Patience. Le bien finira par triompher.
Saoud retourna le lendemain à Riyad pour un conseil de famille, au cours duquel Abdallah, son oncle et doyen de la dynastie, fait sa sortie désormais célèbre.

Plongé dans une grande mélancolie, Saoud se replia dans son palais vivant en reclus et coupa tout contact avec le monde extérieur. Personne ne rentre, personne ne sort du palais.

Puis saisi de fureur, il donne ordre à ses gardes de convoquer le directeur de la filiale saoudienne de l’Arab Bank, menotté, Mousbah Kanaan.  Insulté et humilié devant ses employés, le banquier est tiré de son lieu de travail et conduit, menotté, devant le  Roi.

Mohamad Srour As Sabban, ministre des Finances du Royaume, était témoin de la séance.

La réprimande royale est violente: Comment as-tu pu fournir des chèques à Sarraj, qui s’en sert ensuite contre nous? Tu n’avais pas à lui donner des chèques.

Réponse de Mousbah Kanaan: Je n’ai fait qu’exécuter les ordres du cabinet royal. L’ordre portait la double signature du ministre des Finances, Mohammad Srour As Sabban, et de celle du président de l’Agence Monétaire Saoudienne, qui fait office de Banque centrale, Maatouk Hassanein, qui autorisait la procédure  de virement de la somme indiquée.

Saoud n’a pas paru satisfait de la réponse. Il ordonna l’emprisonnement du banquier et la fermeture de la totalité des filiales de sa banque en Arabie saoudite. Secouée par cette affaire, la bourse a enregistré le coup, suscitant une nervosité.

Un groupe de princes fortunés décida alors d’opérer le retrait de ses avoirs bancaires, aussitôt suivi par leurs concitoyens.

Un vent de panique s’empara alors du secteur bancaire. Pour y couper court, les banques ordonnent la fermeture de tous les établissements du Royaume, suscitant, par contrecoup, des manifestations  des dépositaires exigeant le droit de retirer leurs avoirs.

Le cours de la monnaie chuta drastiquement, passant de 3,75 le riyal saoudien pour un dollar, à 6,50 riyal pour un dollar.

Sur ces entre-faits, un groupe de neuf princes se réunit au palais du Prince Talal dénommé «Al Fakhriya» (la fierté): Abdallah, Abdel Mohsen, Micha’al, Mout’eb, Talal, Machari, Badr, Fawaz et Nawaf. Ils décidèrent de demander à leur frère Faysal d’assumer la charge du pouvoir à la place de Saoud.

Rentrant juste des Etats Unis où il venait de subir une intervention chirurgicale pour une tumeur bénigne à l’estomac, Faysal a paru hésitant.  Il déclina l’offre.

Mais en apprenant que la demande des princes a reçu le renfort de personnalités de poids au sein de la famille royale: le prince Abdallah Ben Abdel Rahman, le doyen de la famille, et le clan Sideiry, «l’homme au visage triste prit subitement de la vigueur» et se ravisa.

NDLR: Constitué de 7 princes issus de la même mère (Faysal, Fahd, Sultan, Nayef, Salmane, Ahmad et Abdel Aziz, ce dernier décédé), le clan Sideiry a monopolisé le pouvoir pendant un demi-siècle plaçant trois de ses membres à la tête du Royaume (Faysal, Fahd et Salmane), avant que Salmane ne renonce à l’observation de la  règle de primogéniture dans la dévolution du pouvoir pour nommer directement Mohamad Ben Salmane, son sixième fils, comme prince héritier, à la place d’Ahmad, le dernier survivant du clan Sideiry – Fin de la Note.

Fayçal conditionna son acceptation par le maintien au trône de son frère Saoud, sous réserve qu’il soit réduit à un rôle protocolaire, dans le souci de préserver l’unité de la famille et d’éviter de graves scissions.

Le 24 Mars 1958, qui correspondait au mois du Ramadan, la famille Al Saoud notifie au Roi sa décision de le déposséder de ses pouvoirs royaux pour le confiner dans un rôle purement honorifique.

Saoud enrage : Vous me prenez pour la Reine d’Angleterre?

Un de ses frères, Mohammad Ben Al Charrayne, réputé pour la rugosité de son caractère, lui répond du tac au tac: Soit tu acceptes, soit tu es dépossédé de la totalité de tes pouvoirs.

Un silence s’empare de la salle.  Fixant son oncle, le doyen de la famille et son frère, il décèle la colère dans leur regard. Il se frappe la tête et se lève de son siège, murmurant «Je consens à transférer mes pouvoirs à Faysal», prenant ainsi acte de sa fin en tant que Roi.

Notes


1 – Nasser informe le 25 Février 1958 ses collaborateurs des révélations de Sarraj et des détails du complot. Mohamad Hassanein Heykal, Directeur de l’influent quotidien égyptien «Al Ahram» et confident du président égyptien était présent à cette réunion. Il suppliera le chef des services de renseignements syriens d’enregistrer ses propos sur une cassette. Trente ans plus tard, rédigeant ses mémoires, il s’appuiera sur les enregistrements de Sarraj pour relater cette séquence. Heykal a pu ainsi reconstituer tous les détails de cette séquence dans un ouvrage intitulé «Les années d’ébullition», notamment le complot du Roi Saoud contre Gamal Abdel Nasser. Ce passage est mentionné dans les pages 299-305 de son livre.

2 – Oum Khaled. De son vrai nom, Jamilé Assaad Ibrahim Merhi, elle est la 9eme épouse du Roi Saoud qui en avait 44 au total. Jeune tige de grande beauté, Saoud l’épousa alors qu’elle était mineure, âgée de 12 ans.

La famille Al Saoud, notamment son père, le Roi Abdel Aziz, fondateur du Royaume, et ses frères prisaient les jeunes filles syriennes réputées pour leur grande beauté et veillaient à s’en doter pour leur Harem tant pour améliorer la qualité de leurs descendances que pour améliorer leur image de marque en s’affichant avec de belles épouses. Jamilé a donné huit enfants à Saoud, dont l’aîné Khaled, deviendra le chef de la garde nationale saoudienne, la garde prétorienne du régime, sous le règne de son père.

Assaad Ibrahim, son père et intermédiaire avec l’officier supérieur syrien, était d’une grande pauvreté. Originaire de Lattaquié, il était connu comme un voleur d’ânes, qu’il revendait pour subvenir à ses besoins. Il fut même emprisonné pour ce délit. La chance finit par sourire à Assaad, (dont le prénom signifie littéralement « heureux” ) avec le mariage de sa fille avec le Roi Saoud, à l’époque prince héritier, devenant d’un coup un homme de grande fortune.

3 – Choucri Kouatly

Premier Président de la République syrienne post-indépendance (1943), Choucri Kouatly était, par malchance et en dépit de son nationalisme, un féal du royaume saoudien. Plus que de besoin.

Ses relations avec le Roi Abdel Aziz et ses enfants, étaient étroites. Il gravitait dans leur giron depuis 1926. Plusieurs membres de sa famille exerçaient des activités commerciales fructueuses en Arabie.

Kouwatly était partisan de la restauration de la Monarchie en Syrie, dans la décennie 1930. Il a même soutenu la candidature de Fayçal Ben Abdel Aziz au poste de Roi de Syrie, mais échouera dans son projet. Faysal succédera à Saoud et fera usage de l’arme de pétrole lors de la guerre d’octobre 1973. Ces faits sont mentionnés dans l’ouvrage  «Syria and Lebanon under French Mandate»  de Stephen Hemsley Longrigg –traduction en langue arabe Pierre Akl, Maison d‘édition Dar Al Haqiqa.

Lorsque Nasser demanda à Sarraj d’aviser Kouatly du complot ourdi contre lui par le Roi d’Arabie, l’officier syrien s’est montré très réticent, craignant que «le citoyen arabe N°1», titre que lui avait attribué Nasser au moment de la fusion syro-égyptienne, n‘alerte ses amis saoudiens de cette grave affaire.

De surcroît les relations entre Sarraj et Kouatly n’étaient pas empreintes d’une grande chaleur.  Sarraj était parfaitement informé de la nature des relations Kouatly -Al Saoud.

Nasser insista. Les craintes de Sarraj étaient fondées. Kouatly avait bel et bien alerté les Saoudiens, les assurant que Nasser était au fait de leurs menées.

Sarraj s’est étranglé de colère lorsque son officier d’ordonnance lui a remis un message chiffré adressé par l’ambassade de d’Arabie saoudite à Damas, à la Cour Royale saoudienne et intercepté par les services syriens qui mentionnait laconiquement: «L’immeuble est virusé».

La version arabe du récit, sur ce lien

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