Bien mal acquis ne profite jamais longtemps, comme dit le proverbe.

Face à la crise, les dirigeants de l’Association des Banques du Liban qui vivaient officiellement dans le déni mais officieusement en connaissance de la crise d’une ampleur cataclysmique, pensaient qu’ils pourraient encore se réfugier à l’étranger et profiter ainsi des biens qu’ils ont acquis… C’était mal calculer leurs coups, la justice internationale les rattrapant comme l’illustre le gel même des biens du gouverneur de la Banque du Liban en France, en Belgique, en Suisse ou encore en Allemagne.

Face à la justice internationale, les prétextes futiles comme ceux liés à une possibilité politisation du dossier ne sont guère possibles comme ligne de défense. Imaginez-vous par exemple prétendre que la justice suisse ou française enquête à la demande d’un certain parti libanais?
De même, les dirigeants des banques ne peuvent aussi prétendre jouir d’une protection des autres partis ….

L’angle d’attaque de la justice internationale semble se faire via le dossier Forry Associates Ltd., impliquant le gouverneur de la Banque du Liban et 14 banques et dirigeants de celles-ci, alors que de manière annexe, les déposants résidant à l’étranger multiplient les procédures de recours en France, en Angleterre ou encore en Allemagne ou en Suisse, face à l’instauration d’un contrôle informel des capitaux en novembre 2019, obligeant les banques locales à verser la totalité des sommes qu’ils détiennent mais qui sont gelés.

Marwan Kheireddine, le premier domino et les autres vont probablement suivre

Suite à l’arrestation, l’inculpation puis la libération de Marwan Kheireddine suite au versement d’une caution de nombreux bruits de couloirs circulent désormais, comme si les langues se sont déliées, après le règne sans partage avec partage bénéfice à l’appui du gouverneur de la Banque du Liban dont le mandat s’achève le 1er août.

En effet, dernières rumeurs en date en provenance de France, Marwan Kheireddine aurait avoué avoir permis au fils de Riad Salamé, Nadi, de disposer d’un compte en livre libanaise, d’avoir changé d’importantes sommes en dollar au taux officiel de 1 507 LL/USD et même de les avoir transféré à l’étranger alors que l’économie libanaise s’écroulait en 2019. Un service rendu pour un autre service rendu à ce qu’il semble puisque la Banque du Liban aurait accordé un soft loan de 300 millions de livres libanaises, équivalent à 200 millions de dollars en 2010 afin d’éviter une mise en faillite de la Banque Al Mawarid.

Autre fait qu’on lui reproche selon les bruits qui circulent mais on ignore s’il s’agit des mêmes comptes, le fait même que les comptes de proches de Riad Salamé soient passés d’une somme initiale déposée de 15 millions de dollars auprès de la Banque Al Mawarid à 150 millions de dollars avant d’être opportunément retirés à la veille de cette même crise, dans ce qui semble s’apparenter à un délit d’initié comme le désignerait la terminologie en Europe, un délit cependant d’un type inconnu au Liban même depuis 30 ans.

Parallèlement, le 22 décembre 2022, Riad Salamé permettait à l’AM Bank, nouveau nom de la Banque Al Mawarid de disposer de la vente de devises étrangères de la Banque du Liban en quasi-exclusivité alors que les licences de change d’OMT ou de BOB finance étaient révoquées et que les autres banques libanaises refusaient.

Entre bonnes gens, on se rend service…

Marwan Kheireddine a été depuis inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour délits aggravés de blanchiment en bande, association de malfaiteurs et détournement de fonds.

Intouchables au Liban en raison des protections politiques dont ils jouissent, d’autres rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux font état d’une prochaine mise en examen en France du président de l’Association des Banques du Liban Salim Sfeir et du Pdg de la Banque Audi, Samir Hanna, et dont les noms figurent aussi dans le cadre du dossier Forry Associates Ltd. dès la semaine prochaine. Et d’autres encore pourraient suivre puisque 14 banques locales sont ainsi accusées d’être plus ou moins impliquées dans le montage financier.

Ils sont ainsi accusés d’avoir transféré avec ou sans connaissance, d’importantes sommes issues de fausses commissions suite à la vente d’Eurobonds à cette société appartenant en réalité au frère du gouverneur de la Banque du Liban Raja Salamé. Cela devra être déterminé avec exactitude par les enquêteurs européens qui semblent être sur la bonne voie. On ne met pas en examen sans preuves tangibles.

Face à des accusations qui pourraient s’avérer fondées, le gouverneur de la Banque du Liban lui-même aurait fait part de ses craintes sans illusion d’une prochaine mise en examen lors du prochain interrogatoire à Paris pour lequel il devrait s’abstenir de s’y rendre le 16 mai prochain.

Parallèlement, des patrons de banques libanaises auraient même désormais repoussé leurs déplacements en France et même en Europe, sur fond d’une crainte de pouvoir se faire arrêter et inculpés à l’image de Marwan Kheireddine.

Voyez-vous, cette fois-ci, face à la justice, brandir une menace de grève générale comme au Liban ne peut se faire.

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