De loin, cette vieille ville ou medina semble contempler l’horizon méditerranéen. La couleur beige jaunâtre de ses pierres et son Château de la Mer reposant sur un lit de sable a quelques mètres du rivage nous rappellent son passé chargé d’au moins trois mille ans d’histoire.
Il faut s’aventurer dans ses allées étroites parfois sombres et humides pour détecter son passé et admirer son architecture sans oublier ses anciens métiers que les artisans perpétuent obstinément. En regardant cette vieille ville nous ressentons une forte sobriété qui se dégage de ses constructions en pierre Ramléh. Ici, les périodes se côtoient en toute discrétion. Croisés, Mamelouks et Ottomans ont tous laissé leurs empreintes. Souvent des pierres romaines plus anciennes sont intégrées dans les murs et rappellent l’âge antique de la ville. Aujourd’hui, des fondations privées maintiennent à travers la restauration de différents quartiers ce mélange fascinant. Ainsi des beaux monuments sont secoués de leur long engourdissement pour révéler leur beauté. Il faut toujours lever la tête et regarder vers le haut pour découvrir les fenêtres des habitations. Elles sont fermées par un grillage en bois pour empêcher les regards intrus des passants. Un élément architectural fort respecté dans les anciennes villes arabes.
Mais c’est l’odeur du « street food »traditionnel comme le fallafel, les fèves et les pois chiches aromatisés au cumin et coriandre qui attirent les visiteurs par le nez ! Les petits restaurants spécialisés sont toujours bondés de grands et petits. Dans les allées souvent étroites nous trouvons les vendeurs ambulants de pâtisseries, les boulangeries, les épiciers mais aussi les artisans de loukoums. Ils ne sont pas nombreux peut-être trois à faire à main et selon la méthode traditionnelle cette confiserie tant appréciée jadis dans tout l’empire ottoman. Faite à base d’amidon et de sucre, son cœur moelleux est souvent parfumé ou fourré de fruits secs. Il semblait qu’à l’origine ces petits cubes saupoudrés de sucre glace aurait un effet médicinal et soulagerait la gorge d’où leur nom en arabe Rahat el Halkoun. Dans une minuscule boutique située face à la Cathédrale Saint Nicolas des Grecs Orthodoxes, cette confiserie est vendue en nouvelles versions au chocolat ou épices. La vieille ville sidonienne ressemble aujourd’hui à un écrin où des coutumes gastronomiques, sociales et architecturales nous surprennent agréablement au tournant des allées.