La visite imminente du président chypriote Nikos Christodoulides et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Beyrouth pour discuter d’un potentiel paquet d’aide aux réfugiés syriens présents au Liban pourrait être cruciale. Cependant, sans un engagement soutenu et coordonné de la communauté internationale, la situation des réfugiés syriens au Liban risque de s’aggraver, poussant encore plus d’individus à entreprendre des voyages périlleux en quête de sécurité et de stabilité.

Face à l’augmentation des arrivées de réfugiés sur l’île de Chypre, les autorités chypriotes ont suspendu le traitement des demandes d’asile de ressortissants syriens. Cette décision souligne l’urgence de trouver des solutions régionales et internationales à une crise qui s’étend bien au-delà des frontières syriennes ou libanaises.

Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, une crise humanitaire majeure s’est déployée à travers le Moyen-Orient. La Syrie, ravagée par plus d’une décennie de conflits, a vu une partie substantielle de sa population fuir vers les pays voisins, dont le Liban. Ce dernier, confronté à ses propres tourments économiques et politiques, se trouve aujourd’hui à un carrefour critique, particulièrement avec la réduction annoncée des aides internationales destinées aux réfugiés syriens.

La guerre civile en Syrie a éclaté en mars 2011, suite à des manifestations pacifiques demandant des réformes démocratiques, qui ont été brutalement réprimées par le gouvernement de Bashar al-Assad. Ce qui a commencé comme un soulèvement populaire s’est rapidement transformé en un conflit armé complexe, impliquant divers groupes rebelles, des forces gouvernementales, et des interventions étrangères. Le conflit a non seulement déstabilisé la région mais a également causé une destruction massive des infrastructures et une crise humanitaire aiguë.

Des réfugiés économiques plus que politiques

Cependant, avant même le début de la guerre, la Syrie connaissait des difficultés économiques, exacerbées par des années de sécheresse et de mauvaise gestion des ressources. La guerre a aggravé ces problèmes, entraînant une chute drastique du PIB, une inflation galopante et un effondrement des services publics. L’économie syrienne, autrefois diversifiée, est aujourd’hui en ruines, avec une grande partie de la population dépendante de l’aide humanitaire pour sa survie. La majorité des réfugiés présents au Liban sont ainsi avant tout des réfugiés économiques et non économiques.

En effet, le Liban, malgré sa petite taille et ses propres crises, a accueilli un nombre disproportionné de réfugiés. On estime à près de 1.5 million le nombre de Syriens ayant trouvé refuge au Liban, une nation de seulement 6 millions d’habitants. Cette situation a mis une pression immense sur les ressources libanaises et a exacerbé les tensions sociales et économiques dans le pays.

La pression s’accroit sur Chypre

Selon Amy Pope, directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations, environ 3 000 Syriens ont quitté le Liban depuis janvier pour se rendre à Chypre, fuyant non seulement le conflit syrien mais aussi les conditions de vie de plus en plus précaires au Liban. Cette migration est en hausse par rapport à l’année précédente, où 4 500 personnes avaient effectué le même voyage sur toute l’année.

La réduction des aides internationales est en partie due à une “fatigue du donateur”, exacerbée par l’augmentation des conflits mondiaux qui redirigent l’attention et les ressources ailleurs. Cette diminution d’aide arrive à un moment où le Liban traverse une crise économique dévastatrice, avec une monnaie en chute libre et un chômage en hausse. Les réfugiés syriens, déjà vulnérables, se trouvent ainsi doublement impactés, perdant à la fois leur sécurité économique et leur sécurité physique.

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