La GAFI, ou Groupe d’Action Financière, est une organisation intergouvernementale créée en 1989 par les pays du G7 pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Son rôle principal est d’établir des normes internationales pour prévenir ces activités illégales et de surveiller la conformité des pays membres à ces normes. La GAFI évalue régulièrement les systèmes de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT) des pays et publie des rapports détaillés sur leurs progrès.

Pourquoi le Liban risque l’inclusion dans la liste grise de la GAFI?

Le Liban a été sous surveillance de la GAFI depuis plusieurs années, principalement en raison de lacunes dans son cadre réglementaire et de l’inefficacité de ses mesures de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Un des principaux défis du Liban est la taille significative de son économie en espèces. Le pays dispose d’un marché où les transactions en espèces prédominent, ce qui complique la traçabilité des flux financiers et offre un environnement propice aux activités illicites.

L’économie libanaise est fortement dollarisée, et beaucoup d’opérations se font en dehors du système bancaire formel. Cela rend difficile pour les autorités de suivre l’origine et la destination des fonds, augmentant ainsi le risque de blanchiment. De plus, les crises économiques et politiques récentes ont affaibli les institutions financières et réglementaires du pays, exacerbant encore les risques.

Cela est d’une part due au système financier et bancaire qui refuse de se restructurer en dépit d’une involvalité, amenant à une perte de confiance des déposants et d’autre part, aux mesures de la Banque du Liban permettant la compensation des transactions en dollar à travers elle et non par les banques correspondantes qui sont ainsi écartées des vérifications de la légitimité des fonds qui transitent .

Conséquences de l’inclusion du Liban dans la liste grise de la GAFI

L’inclusion du Liban dans la liste grise de la GAFI aurait plusieurs conséquences importantes pour l’économie du pays, notamment en ce qui concerne les transferts financiers et les relations bancaires internationales. Voici quelques-unes de ces conséquences:

Transferts financiers

L’accès aux marchés financiers internationaux pourrait devenir plus compliqué et plus coûteux pour le Liban. Les banques étrangères pourraient imposer des conditions plus strictes ou choisir de ne pas traiter avec des banques libanaises par crainte de non-conformité aux normes de la GAFI.

Banques correspondantes

Les relations de correspondance bancaire, essentielles pour les transactions internationales, pourraient être affectées. Les banques correspondantes étrangères pourraient réévaluer leur collaboration avec les banques libanaises, limitant ainsi l’accès de ces dernières aux services bancaires internationaux.

Les transferts en dollar frais par exemple seront rendus très difficiles.

Transferts d’argent

Les transferts d’argent vers et depuis le Liban pourraient être soumis à des contrôles plus stricts et à des délais plus longs, affectant les particuliers et les entreprises dépendant de ces flux.

Importation

Les importateurs libanais pourraient faire face à des difficultés accrues et à des coûts plus élevés pour obtenir des financements étrangers ou ouvrir des lettres de crédit, ce qui pourrait entraîner des retards dans les chaînes d’approvisionnement et une augmentation des coûts d’importation.

Inflation

L’augmentation des coûts de transaction et les difficultés d’importation pourraient contribuer à une inflation accrue, exacerbant les défis économiques déjà sévères auxquels le Liban est confronté, surtout dans un contexte de crise économique et de dévaluation de la monnaie.

Impact Économique et Social

L’inclusion dans la liste grise de la GAFI peut avoir un impact économique dévastateur sur un pays déjà en proie à des difficultés économiques, comme le Liban. Cela peut entraîner une fuite des capitaux, une réduction de l’investissement étranger, et un resserrement du crédit, exacerbant la récession. D’un point de vue social, l’augmentation potentielle du coût de la vie et la réduction des opportunités économiques peuvent mener à une détérioration de la qualité de vie et à une augmentation des tensions sociales.

Comment éviter l’inclusion du Liban dans la liste grise de la GAFI?

Pour éviter l’inclusion du Liban dans la liste grise de la GAFI et restaurer la crédibilité de son système financier, le pays doit entreprendre des réformes significatives et structurées, en particulier dans la restructuration de ses banques et l’amélioration de la réglementation financière. Voici quelques stratégies clés qui pourraient être adoptées:

1. Renforcement de la réglementation et de la surveillance financière

  • Adopter des normes internationales: Le Liban devrait intégrer pleinement les recommandations de la GAFI dans sa législation nationale, notamment en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
  • Améliorer la transparence: Renforcer les exigences en matière de déclaration des transactions financières, y compris celles en espèces, et s’assurer que les informations sur les bénéficiaires effectifs des entreprises et trusts sont accessibles et fiables.
  • Renforcer la capacité des autorités de régulation: Augmenter les ressources et la formation des régulateurs financiers et des unités de renseignement financier pour qu’ils puissent effectuer des supervisions et des investigations efficaces.

2. Restructuration du secteur bancaire

  • Assainissement des bilans bancaires: Réaliser des audits indépendants sur les banques pour évaluer et traiter les actifs non performants, garantissant ainsi une image fidèle de leur situation financière.
  • Consolidation bancaire: Encourager la fusion de banques plus petites avec des entités plus grandes et plus stables pour consolider le secteur et améliorer sa viabilité économique.
  • Amélioration de la gestion des risques: Mettre en place des pratiques de gestion des risques plus strictes et des cadres de conformité améliorés pour surveiller et gérer les risques de manière proactive.

3. Réforme législative

  • Modernisation des lois: Réviser et moderniser les lois bancaires pour inclure des dispositions strictes sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, en accord avec les normes internationales.
  • Législation anti-corruption: Adopter des lois fortes contre la corruption pour améliorer la transparence et la responsabilité, en particulier dans les secteurs public et financier.

4. Coopération internationale

  • Engagement actif avec la GAFI: Collaborer étroitement avec la GAFI pour s’assurer que toutes les recommandations sont rapidement mises en œuvre.
  • Participation aux forums internationaux: Participer activement aux forums internationaux sur la régulation financière pour s’assurer que le Liban reste à jour sur les meilleures pratiques et les évolutions réglementaires globales.

5. Sensibilisation et formation

  • Éducation sur la LBC/FT: Organiser des programmes de formation réguliers pour les employés du secteur financier, les fonctionnaires et les entreprises sur les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, et sur les obligations réglementaires et légales.
  • Campagnes de sensibilisation publique: Sensibiliser le public aux risques du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme et encourager la collaboration citoyenne dans la détection et la prévention de ces crimes.

En adoptant ces mesures, le Liban peut non seulement éviter l’inclusion dans la liste grise de la GAFI, mais aussi améliorer la stabilité et la réputation de son système financier. Cela pourrait faciliter l’accès aux marchés financiers internationaux, attirer les investissements étrangers et favoriser une croissance économique plus stable à long terme.

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