La folie au menu.
A regarder de loin, faute d’observer trop près la situation de notre pays et se perdre, de nombreuses personnes changent progressivement de perception. Ce qui se passe inlassablement dans le cadre d’une routine basée sur : L’individualisme fortuit, l’humeur labile, le mépris, l’obscurantisme, le chaos – non organisé – la nonchalance et l’irresponsabilité ne choquent plus que de rares individus. Une population dégoûtée, ouvertement, se révolte profondément. Cependant, des spécimens humains forts, résiliant, résistant pour leur amour de cette terre ont choisi de servir l’humain, cette image unique de Dieu sur terre. Ils ne s’interrogent désormais plus sur la validité de la pensée rationnelle, logique et cohérente, bafouée au nom de la négligence et du clientélisme. Abandonnant ce stérile exercice solitaire de cogitation, ils vont reconnaître la désolante réalité quotidienne suivante: Les concepts de sécurité, souveraineté, droit, obligations n’existent plus que dans les têtes ; rarement sur le terrain.
Les admirables sacrifices de notre vaillante armée et la bonne volonté – increvable – de certains, confirment encore que le Liban peut sortir de sa léthargie par la priorité du facteur humain. Sans lui, tout autre critère de valeurs risque d’être vidé des nécessaires substances suivantes : Le réel respect de la présence de l’autre et de sa différence.
Ainsi, à cause du fossé élargi entre les politiciens et le peuple, certains citoyens désabusés, ne s’attendent plus à comprendre, ils le savent. La santé mentale et émotionnelle est devenue le salut ultime à leurs tristes échelles individuelles. Elle permet d’espérer, d’essayer même en vain, de poursuivre une voie consciencieuse dans un quotidien branlant à tous niveaux, de substituer la mémoire du bon temps passé au marasme dodécaphonique du présent, de fantasmer une république qui autorise ses concitoyens à vivre dans un état avec des responsables bienveillants. Ils seraient disposés à l’écoute, l’appréciation des enfants de la patrie comme les prunelles de leurs objectifs!
Que restera t-il donc du libanais s’il ferme les yeux, étouffe son souffle vital, privilégie le suivisme, la soumission au fait accompli, l’irrationnel au nom de quelques personnes, les stratégies importées et les opportunismes étroits ? Est-ce sa disposition à la sauvegarde ou à un menu macabre ? Celui de la conscience qui perdrait la saveur de la raison pour une table où l’on servirait la folie d’une identité perdue ?
Par Joe Acoury
Libnanews