Cher Dominique de Villepin,
A l’occasion des Municipales de 2008, peut-être vous en souvenez-vous !, je vous avais suggéré de candidater à la Mairie de Paris, convaincu qu’une fois dans la place, vous en feriez un tremplin vers l’Élysée, à l’exemple de notre ami Jacques Chirac. Vous m’aviez répondu que vous aviez alors d’autres objectifs. Par la suite, avec un certain nombre d’amis de la Région, dont François Goulard, je me suis retrouvé à “République solidaire” pour soutenir votre candidature annoncée pour la présidentielle suivante… Hélas, il n’en fut rien. Mais j’ai toujours pensé qu’une autre occasion se présenterait !
Le pays de Lorient comporte 25 communes fort variées sur le plan politique, et c’est effectivement le lieu d’élection du Ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui aimerait bien, nul n’en doute, ne pas être seulement mobilisé pour faire la guerre ! L’ancien Maire de Lorient et actuel Président de la Région Bretagne ne resterait certainement pas indifférent devant une initiative à vocation pacifique qui prendrait son essor dans la rade de Lorient, entre les rives du Scorff et celles du Blavet !
Pourquoi à Lorient ? me direz-vous. Par fidélité sans doute à mon père, que je n’ai pas connu, étant décédé en 1935, des suites de ses blessures de guerre mal soignées, et d’après ma mère, Suzanne Jamet, une Hennebontaise, née à Guiscriff, en plein coeur de la Bretagne, qu’il avait épousée à son retour du Liban, en 1920, il est mort en exprimant ses craintes pour son pays natal et la famille restée sur l’autre rive. Plus tard, bien plus tard, le Patriarche maronite, Paul-Pierre Méouchi, nous accueillant à Bkerké au Liban, m’apprit que nous étions parents ! ” Comme je suis heureux d’accueillir des parents bretons, nous lança-t-il avec un large sourire, et comme je m’étonnais, il me raconta qu’il le tenait de sa grand-mère qui savait tout de la famille “et qui ne racontait pas d’histoires” ! “Les Enkiri me dit-il, sont des Méouchi qui ont quitté la montagne, le djebel méouch, il y a très longtemps, pour aller s’installer en Terre Sainte, à An Nakoura, avant de rejoindre Saint-Jean-d’Acre. Pour les distinguer de ceux restés “là-haut” on les appelait les Nakouri (ceux de An Nakoura) et les Pères qui tenaient le registre de l’état civil ont fini par remplacer le ch par le k pour faire Enkiri”. Je réalisai alors combien mon père avait dû être heureux de retrouver ses vieux parents dans son pays natal qu’il sillonnait en tous sens ; chargé d’une mission en vue de l’affranchir définitivement du “joug ottoman” tout en lui évitant un autre asservissement, qui avait pour nom sionisme que les Anglais victorieux, après les Allemands vaincus, actionnaient pour s’emparer de la Grande Syrie, de Saint-Jean d’Acre à Bassorah ! Et si l’ONU – pourquoi n’en transférerait-on pas le Siège au Liban une fois la paix signée par tous les protagonistes de cette guerre interminable ? – a installé le QG des casques bleus… à Nakoura, n’est-ce pas pour nous y inciter à partir de notre Bretagne que les Phéniciens découvrirent sur “la route de l’étain” ? Sans oublier les propos de Winston Churchill que nous rappelle un Breton de Quiberon, Camille Busson, dans son “Essai impertinent sur l’Histoire de la Bretagne Méridionale” (aux éditions de l’Harmattan) : Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, cher Dominique de Villepin, l’expression de mes sentiments les plus respectueux, et je profite de l’occasion pour vous adresser mes meilleurs voeux pour l’année 2016, en y incluant mes voeux de bonheur pour notre pays et ceux d’une Région qui attendent avec impatience l’avènement d’une coexistence pacifique que le monde entier accueillera avec joie.
Gabriel Enkiri
écrivain, auteur de “Pour de Nouveaux Etats-Unis francophones” et “Si l’Italie était la solution ?”