Monnaie libanaise : L’erreur de trop …

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Le Liban n’est pas à une catastrophe près, de n’importe quelle nature qu’elle puisse être : écologique, sociale, économique, humanitaire, et la liste est longue. Ce billet ne traitera ni de réfugiés syriens, ni de terroristes, ni d’armes illégales, ni d’espionnage, encore moins d’indépendance … mais d’un billet, et pas n’importe lequel …

Sur les réseaux sociaux, à quelques jours d’une commémoration nationale marquante, une image frisant le ridicule à tous les niveaux circule … Il est difficile de juger s’il faudrait en rire ou en pleurer.

Un billet, à l’image de la situation actuelle, de l’État en cafouillis, pour la souveraineté septuagénaire de ce pauvre Liban. Le résultat offre aux yeux du peuple libanais le comble du mauvais goût sur tous les plans, avec de surcroît, une faute d’orthographe tout simplement inacceptable : 70 ans « d’IndépendEnce ».

Oui, c’est la faute de trop. Et non, ce n’est pas « Maaléchi *», c’est grave !

C’est grave parce que ceci veut dire qu’il y a des individus qui occuperaient injustement un poste que beaucoup de Libanais compétents au chômage auraient pu occuper et fournir des résultats de loin plus louables.

C’est grave parce qu’il y a même les paraphes du gouverneur et du vice-gouverneur de la BDL, ce qui veut dire que ce billet est passé par X personnes pour en arriver là. Que ce soit une version bêta qui aurait droit encore à une ultime phase de correction, ceci est inacceptable. Que ce soit une erreur d’inattention, c’est d’autant plus inadmissible lorsqu’on arrive à cette étape du travail.

C’est grave, parce qu’une telle composition avec autant d’éléments hétéroclites et hétérogènes, plaqués avec une incohérence inouïe, que ce soit pour les couleurs, la typographie ou le symbolisme, aurait été gratifiée, dans n’importe quelle faculté des Beaux-Arts qui se respecte, d’un F foudroyant.

C’est surtout grave, parce que de l’Indépendance, on n’en a pas seulement oublié l’orthographe, mais la notion, le principe et sa réelle valeur, au point de ne plus savoir l’illustrer – et non seulement l’écrire –  même dans un vulgaire papier-monnaie.

Mais … cela restera pas grave du tout pour beaucoup. Tout comme le Français qui se détruit chaque jour dans les articles de l’agence nationale de presse, mais ceci est un autre sujet…

Tellement habitué à la dégradation et la dépréciation, le peuple libanais n’a pas de problèmes à ce que, dans tous les organismes publics ou privés, les incompétents conservent leur poste et prospèrent, tout comme il n’a aucun inconvénient à ce que les fraudeurs demeurent impunis et s’enrichissent. Les Libanais n’ont pas de problèmes non plus à ce que n’importe qui fasse n’importe quoi, que les opportunités de travail soient inexistantes et que les éléments doués et talentueux attendent leur tour devant les ambassades, s’ils ne sont pas déjà à l’Étranger.

Continuons à macérer dans la lie de tous les jours. Mais indignons-nous … Lorsqu’une panne d’Internet risque de se produire … parce que le virtuel est vital, puisqu’il semble réconforter notre peuple qui a peur de faire face à sa réalité … qui ressemble en tous points à ce brouillon de 50000 L.L.

* Expression libanaise très courante pour dire que ce n’est pas grave.

Pour mémoire Nouvelles séries d’Euros : Europe n’est pas grecque, mais phénicienne !

Par Marie-Josée R.

Marie Josée Rizkallah
Marie-Josée Rizkallah est une artiste libanaise originaire de Deir-el-Qamar. Versée dans le domaine de l’écriture depuis l’enfance, elle est l’auteur de trois recueils de poèmes et possède des écrits dans plusieurs ouvrages collectifs ainsi que dans la presse nationale et internationale. Écrivain bénévole sur le média citoyen Libnanews depuis 2006, dont elle est également cofondatrice, profondément engagée dans la sauvegarde du patrimoine libanais et dans la promotion de l'identité et de l’héritage culturel du Liban, elle a fondé l'association I.C.H.T.A.R. (Identité.Culture.Histoire.Traditions.Arts.Racines) pour le Patrimoine Libanais dont elle est actuellement présidente. Elle défend également des causes nationales qui lui touchent au cœur, loin des équations politiques étriquées. Marie-Josée est également artiste peintre et iconographe de profession, et donne des cours et des conférences sur l'Histoire et la Théologie de l'Icône ainsi que l'Expression artistique. Pour plus de détails, visitez son site: mariejoseerizkallah.com son blog: mjliban.wordpress.com et la page FB d'ICHTAR : https://www.facebook.com/I.C.H.T.A.R.lb/

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