Prologue : De la phobie et de l’Islamophobie

Sur fond de surenchĂšres Ă©lectoralistes exacerbĂ©es par la perspective des prochaines Ă©lections europĂ©ennes, en juin 2024, l’accession au pouvoir en Italie de Mme. Georgia Meloni, prĂ©sidente  du parti d’extrĂȘme droite FrĂšres d’Italie (Fratelli d’Italia, FdI) et du sĂ©isme politique provoquĂ© aux Pays Bas par le triomphe du Parti de la libertĂ© de Geert Wilders, souverainiste et islamophobe, l’islamophobie est devenue un fait pregnant du dĂ©bat public europĂ©en, particuliĂšrement en France qui abrite la plus importante communautĂ© musulmane  d’Europe.

Troquant leur judĂ©ophobie sĂ©culaire contre une islamophobie Ă  forts dividendes Ă©lectoraux, l’alliance entre l’extrĂȘme droite europĂ©enne et IsraĂ«l apparait ainsi  comme une imposture morale de l’alliance des descendants des victimes du gĂ©nocide hitlĂ©rien avec les hĂ©ritiers spirituels de leurs anciens bourreaux.

Parmi ces opĂ©rations mĂ©diatiques, Ă  dividendes Ă©lectoraux, il importe de signaler le dĂ©placement d’une impressionnante dĂ©lĂ©gation de prĂšs de trente-cinq parlementaires et responsables europĂ©ens d’extrĂȘme droite, effectuĂ©e le 18 dĂ©cembre 2010 en IsraĂ«l, durant les vacances de NoĂ«l. La dĂ©lĂ©gation couvrait toute la gamme des sensibilitĂ©s droitiĂšres europĂ©ennes, des populistes de l’UDC aux fascistes suĂ©dois, dont le lien commun Ă©tait une Ă©gale islamophobie, amplifiĂ©e par le passĂ© nazi ou antisĂ©mite avĂ©rĂ© de certains des participants. La dĂ©lĂ©gation Ă©tait composĂ©e des personnalitĂ©s suivantes: Geert Wilders, fondateur du PVV (Partij voor de Vrijheid, Parti pour la LibertĂ©), parti populiste nĂ©erlandais, Filip Dewinter et Frank Creyelman (responsable de la commission des affaires Ă©trangĂšres, Parlement belge), Heinz-Christian Strache (successeur de Jorg HaĂŻder), RenĂ© Stadtkewitz (prĂ©sident du Parti de la LibertĂ© Wilderien, Allemagne), Kent Ekeroth (responsable du Parti des DĂ©mocrates SuĂ©dois), des Suisses et bien Ă©videmment des Danois, dont l’extrĂȘme-droite est ouvertement atlantiste. Lors de cette tournĂ©e, Geert Wilders aura d’ailleurs droit Ă  un entretien personnel avec Avigdor Lieberman, ministre xĂ©nophobe israĂ©lien des Affaires Ă©trangĂšres alors que, de son cĂŽtĂ©, la dĂ©lĂ©gation Ă©tait reçue Ă  la Knesset en loge d’honneur, puis par le maire d’Ashkelon (jumelĂ©e avec Aix en Provence), Ă  l’occasion d’une confĂ©rence organisĂ©e Ă  l’universitĂ© locale, David Buskila, Maire de Sederot (jumelĂ©e avec Antony), membre du parti travailliste, ainsi que par le kahaniste Moshe Feiglin, membre important du Likoud, avant une tournĂ©e en «Samarie».

https://www.madaniya.info/ publie un dossier en cinq volets consacrĂ© Ă  l’islamophobie Ă  l’occasion de la JournĂ©e internationale de lutte contre l’islamophobie fixĂ© par les Nations Unies au 15 mars de chaque annĂ©e.

Ci joint, le premier volet consacrĂ© Ă  l’intervention de RenĂ© Naba Ă  l’occasion d’un colloque tenu Ă  GenĂšve, Ă  l’initiative de l’Institut Scandinave des Droits de l’homme (SIHR), de l’Union des Radios et TĂ©lĂ©visions Musulmanes, du Geneva Center for Democracy and Human Rights et de The Organization for Defending Victims of Violence.


De la phobie et de l’Islamophobie

Par RenĂ© Naba, Directeur du site  https://www.madaniya.info/
Membre du groupe consultatif de l’Institut Scandinave des Droits de l’Homme. (SIHR)

De la haine, de la phobie et de l’islamophobie

La haine est un sentiment violent qui pousse Ă  vouloir du mal Ă  quelqu’un et Ă  se rĂ©jouir du mal qui lui arrive. La phobie est, quant Ă  elle, une peur dĂ©mesurĂ©e et irrationnelle, dĂ©clenchĂ©e par une circonstance sans danger.

La haine est condamnable en soi. La phobie se soigne quelle qu’elle soit. De mĂȘme que l’islamophobie, ainsi que la nĂ©grophobie, l’arabophobie, et naturellement la judĂ©ophobie mais aussi la palestinophobie, la plus rĂ©cente pathologie contemporaine que des puristes de la dĂ©mocratie occidentale cherche Ă  Ă©radiquer sous l’infamante accusation d’antisĂ©mitisme, en application de la Loi IRHA en France

Cf ces liens

L’Islamophilie, prĂ©curseur paradoxale de l’Islamophobie

Aussi paradoxal que cela puisse paraĂźtre l’islamophilie a Ă©tĂ© prĂ©curseur de l’Islamophobie.

Il fut un temps pas si lointain, en effet, oĂč le musulman barbu Ă©tait activement courtisĂ© dans la sphĂšre occidentale. Le musulman Ă©tait beau, parĂ© de toutes les vertus et il Ă©tait de bon chic prendre la pose avec un barbu, surtout s’il Ă©tait coiffĂ© d’un turban et armĂ© d’un kalachnikov.

Les djihadistes de la dĂ©cennie 1980 Ă©taient ainsi gratifiĂ©s du glorieux titre de «combattants de la liberté» dans la mesure oĂč leur guerre coĂŻncidait furieusement avec les objectifs de l’OTAN. Ce fut le cas en Afghanistan dans la dĂ©cennie 1980, dans la guerre anti- soviĂ©tique  d’Afghanistan, puis en Bosnie, en TchĂ©tchĂ©nie et mĂȘme, dans la dĂ©cennie 2010, en Libye et en Syrie oĂč la France, seul pays au monde se rĂ©clamant de la laĂŻcitĂ©, fera alliance avec la Turquie et le Qatar, parrains de la confrĂ©rie des FrĂšres Musulmans, pour dĂ©truire ces deux pays arabes Ă  structure rĂ©publicaine, sans endettement extĂ©rieur.

L’Europe, base arriĂšre aux «combattants de la liberté» de l’époque afghane

Sous l’aile protectrice amĂ©ricaine, l’Arabie saoudite a dĂ©ployĂ© la plus grande ONG caritative du monde Ă  des fins prosĂ©lytes, Ă  la conquĂȘte de nouvelles terres de mission, dans la dĂ©cennie 1970-1980, particuliĂšrement l’Europe, Ă  la faveur du boom pĂ©trolier et de la guerre d’Afghanistan. Ce dĂ©ploiement arachnĂ©en s’est dĂ©veloppĂ© par un usage intensif de la politique du chĂ©quier.

Pour une poignĂ©e de dollars, l’Europe en perdra son Ăąme. Elle succombera aux charmes discrets des pĂ©trodollars pour devenir la principale plate-forme de l’Empire mĂ©diatique saoudien, le principal refuge des dirigeants islamistes dĂ©signĂ©s depuis Ă  la vindicte publique, rĂ©ussissant mĂȘme le tour de force d’abriter davantage de dirigeants islamistes que l’ensemble des pays arabes rĂ©unis. Soixante dirigeants islamistes rĂ©sidaient en Europe occidentale depuis la guerre anti soviĂ©tique d’Afghanistan, dans la dĂ©cennie 1980, en sus des deux chefs de file de la confrĂ©rie des FrĂšres Musulmans, SaĂŻd Ramadan (Égypte) en Suisse, et Issam Al Attar (Syrie) Ă  Aix La Chapelle.

Le Royaume saoudien a ainsi dĂ©pensĂ© 87 milliards de dollars entre 1980 et 2000 pour financer le prosĂ©lytisme religieux selon le rite wahhabite Ă  travers le Monde, ciblant en prioritĂ© le Pakistan, la puissance atomique sunnite, officiellement pour contrer l’accession de l’Iran au rang de «puissance du seul nuclĂ©aire», prĂ©cise la revue «Middle East Monitor» dans son Ă©dition de dĂ©cembre 2015, dont la version arabe est publiĂ©e par le journal libanais «Al Akhbar».

Le royaume saoudien a Ă©difiĂ© des centres religieux en Europe pour une superficie de 3.848 m2 Ă  Melilla et Madrid (Espagne), Lisbonne, Rome, Londres, Vienne, GenĂšve ainsi que Mantes La Jolie (rĂ©gion parisienne), sans oublier l’acquisition de chaires universitaires dans des Ă©tablissements de renommĂ©e internationale.

À lui seul, le Roi Fahd, l’homme par excellence des AmĂ©ricains, avait allouĂ© une quote-part des royalties pĂ©troliers au financement du prosĂ©lytisme Ă  travers le Monde, de l’ordre de 1,8 milliards de dollars par an, pendant vingt ans.

Le tropisme des intellectuels pro israĂ©liens Ă  l’égard de l’Islam pĂ©riphĂ©rique.

Les AmĂ©ricains dĂ©testent les Chinois et les Musulmans, mais adorent les OuĂŻghours, pourtant chinois et musulmans, pour la simple raison qu’ils sont anti chinois

Mais le trait commun aux mouvements indĂ©pendantistes islamistes -leur spĂ©cificitĂ©- est leur hostilitĂ© collective aux ennemis de l’OTAN et leur parrainage par des personnalitĂ©s philo sionistes avec, en corollaire, l’occultation du fait national palestinien. Cela vaut pour Al QaĂŻda, dans la dĂ©cennie 1980, les Bosniaques, dans la dĂ©cennie 1990, les TchĂ©tchĂšnes, dans la dĂ©cennie 2000, les groupements islamistes de la dĂ©cennie 2010, dans la sĂ©quence dite du «printemps arabe», et les OuĂŻghours, enfin, dans la dĂ©cennie 2020.

Dans une subtile rĂ©partition des rĂŽles, Bernard Henry LĂ©vy, le fer de lance  mĂ©diatique pro israĂ©lien sur le thĂ©Ăątre europĂ©en, s’est fait le dĂ©fenseur du commandant Massoud Chah et des Arabes Afghans, Bernard Kouchner, des supplĂ©tifs kurdes des AmĂ©ricains et du Darfour, AndrĂ© Glucksmann, lui, s’est  rĂ©servĂ© les TchĂ©tchĂšnes et son fils RaphaĂ«l, les OuĂŻghours. Au point que l’engouement de Gluckman jr pour les OuĂŻghours a suscitĂ© des interrogations pour sa concomitance avec l’attention portĂ©e par les Etats Unis Ă  cette minoritĂ© musulmane de Chine. Au point de penser que les AmĂ©ricains adorent les musulmans chinois, en l’occurrence les OuĂŻghours, proportionnellement Ă  leur dĂ©testation des Chinois et des musulmans.

Ce tropisme trompeur conduira en France chaque notabilitĂ© intellectuelle Ă  disposer de sa minoritĂ© protĂ©gĂ©e, comme la marque de la bonne conscience chronique de la mauvaise conscience, comme une sorte de compensation Ă  son trop grand dĂ©sintĂ©rĂȘt pour les Palestiniens, substituant leur hostilitĂ© aux revendications du noyau central de l’Islam, la Palestine et le Monde arabe, par un soutien Ă  l’Islam pĂ©riphĂ©rique. Et faire, par exemple, du Darfour, un contre-feu mĂ©diatique Ă  Gaza. La guerre du YĂ©men se dĂ©roule Ă  huis clos.

Mais comment expliquer qu’aucune voix de la grande conscience humaine, pas plus Bernard Kouchner, fondateur de «MĂ©decins sans frontiĂšres», que Bernard Henry LĂ©vy, pourtant tous deux prompts Ă  s’égosiller l’un pour le pour le Darfour, l’autre pour le Kurdistan irakien, n’ont pris la peine de dĂ©noncer ce massacre en circuit fermĂ©. Encore moins la troisiĂšme grande conscience, l’hĂ©ritier RaphaĂ«l Glucksmann, le nouveau venu dans la vocifĂ©ration humanitariste pro OuĂŻghours.

Pour aller plus loin sur ce thĂšme, cf ce lien

Des Islamophilistes

GĂ©nĂ©ration spontanĂ©e surgie lors de la Guerre de Syrie, en 2010, au fonctionnement rĂ©ticulaire, ils feront office de  «tontons flingueurs» de la bureaucratie française, les drones tueurs de toute pensĂ©e dissidente, au mĂ©pris de la tradition de rigueur et d’objectivitĂ© scientifique de la recherche acadĂ©mique française. Le plus en vue de ces islamophilistes n’est autre que François Burgat. FĂ©brile, vibrionnaire, l’ancien rĂ©sident de Damas Ă  la tĂȘte de l’Institut Français Pour le Proche Orient (IFPO), s’est arrogĂ©, lui, le rĂŽle de chef de meute des islamophilistes se vivant en Bachagha de l’islamologie nĂ©o-colonialiste. Il a ainsi achevĂ© sa carriĂšre, par sa gratification du sobriquet de «Burka», glanĂ© sur le champ de bataille imaginaire de ses fantasmes, pour ses ƓillĂšres idĂ©ologiques et sa dĂ©confiture intellectuelle dans le dĂ©cryptage des soulĂšvements arabes de l’hiver 2011.

De l’ Arabophobie

Contemporaine des guerres d’indĂ©pendance des pays arabes, dans la foulĂ©e de la fin de la II me Guerre mondiale (1939-1945), l’arabophobie s’est accompagnĂ©e d’un tropisme exarcerbĂ© envers les riches pĂ©tromonarchies, de l’Iran, gendarme du Golfe, Ă  l’Arabie saoudite, ravitailleur du systĂšme Ă©nĂ©rgĂ©tique mondiale, aux Rois du Maroc et de Jordanie, les voltigeurs de pointe de la coopĂ©ration clandestine avec l’Etat HĂ©breu; enfin Ă  la Turquie, seul pays musulman membre de l’Otan, quand bien mĂȘme non riverain de l’OcĂ©an atlantique.  De Gamal Abdel Nasser (Égypte), Ă  Hafez Al Assad (Syrie), Ă  Houari Boumediene (AlgĂ©rie), en passant par Yasser Arafat (Palestine) et Hassan Nasrallah (Liban), tous ont eu l’honneur d’assumer la fonction de croquemitaine sans que jamais personne n’ait songĂ© Ă  Ă©tablir un lien entre l’arrogance occidentale et la radicalisation des contestataires de sa suprĂ©matie.

De l’islamophobie

L’islamophobie est un terme polysĂ©mique qui se dĂ©finit Ă©tymologiquement comme la peur ou la crainte de l’islam, mais dont le sens peut aussi dĂ©signer la notion d’une hostilitĂ© envers l’islam ou les musulmans.

Certes l’Islam n’est pas incompatible avec les valeurs du capitalisme et de l’économie libĂ©rale. Certes, nombreuses sont les minoritĂ©s musulmanes persĂ©cutĂ©es Ă  travers le Monde. Qu’elles prennent les armes contre leurs tyrans peut paraĂźtre lĂ©gitime pour faire aboutir leurs revendications. Mais les minoritĂ©s musulmanes n’ont pas le monopole des persĂ©cutions. D’autres minoritĂ©s, -chrĂ©tiennes celles-lĂ - sont persĂ©cutĂ©es par des Musulmans comme en tĂ©moignent les exactions de l’État Islamique (Daech) en Irak et en Syrie.

D’autres minoritĂ©s musulmanes, mais chiites celles-lĂ , sont, elles, persĂ©cutĂ©es par des musulmans, comme c’est le cas depuis quinze ans Ă  BahreĂŻn sans la moindre protestation occidentale. Pour aller plus loin sur ce thĂšme, cf ce lien: https://www.renenaba.com/golfe-la-revolte-oubliee-du-bahrein/

Et de nombreuses populations musulmanes sunnites sont opprimées par leurs propres gouvernants dans le silence complice des états occidentaux. Pourquoi alors une telle impunité? TrÚs simplement pour la simple raison que la minorité musulmane mise en valeur à un moment donné doit répondre à un objectif stratégique.

La crĂ©ance du Monde musulman Ă  l’égard de l’Occident

Partenaire majeur de l’Alliance atlantique durant la guerre froide soviĂ©to-amĂ©ricaine, le Monde musulman dispose d’une dette d’honneur Ă  l’égard de l’Occident, avec la Turquie en sentinelle avancĂ©e de l’Otan sur le flanc sud de l’URSS, amplifiĂ©e par la participation de 50.000 arabo-afghans Ă  la guerre contre l’armĂ©e rouge en Afghanistan, avec en surplus la participation de prĂšs de 2 millions d’arabo africains aux deux guerres mondiales contre l’Allemagne.

Mais, paradoxalement, en dĂ©pit de cette contribution, unique dans l’histoire, l’Islam et les Musulmans constituent une thĂ©matique majeure de la polĂ©mologie contemporaine, dĂ©sormais promus au rĂŽle d’épouvantail dans la production intellectuelle occidentale, alors que les pays musulmans sont les grands perdants de la coopĂ©ration islamo-occidentale.

La Turquie ne dispose mĂȘme pas d’un strapontin au sein de l’Union EuropĂ©enne et pas une parcelle de la Palestine n’a Ă©tĂ© restituĂ©e aux Palestiniens, alors que parallĂšlement, l’opĂ©ration française Serval au Mali, en janvier 2013, pour neutraliser le groupement Ansar Eddine du Qatar, de mĂȘme que l’opĂ©ration Sangaris en RCA, ont affranchi la France de sa dette Ă  l’égard des troupes d’outre mer. En surplomb, les suppliques du Mufti de l’Otan Youssef Qaradawi, pour bombarder des pays arabes (Libye, Syrie), ont libĂ©rĂ© les anciennes puissances coloniales occidentales de leur dette Ă  l’égard des Arabes et des Musulmans.

Le Monde musulman a Ă©tĂ© le dindon de la farce de la stratĂ©gie occidentale et la Palestine, le cadet des soucis des groupements terroristes islamiques.  Autrement dit et plus concrĂštement, l’Occident, dans la plus pure tradition du capitalisme sauvage, aime les Arabes riches, les Musulmans  riches et les Noirs  riches, de mĂȘme que la chair Ă  canon islamiste, mais voue une dĂ©testation absolue au reste la population de cette catĂ©gorie humaine.

La publication des caricatures du prophĂšte de l’Islam 

La publication de caricatures du prophĂšte de l’Islam, cinq ans aprĂšs le raid du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyperpuisance amĂ©ricaine,  le 30 septembre 2005, dans le journal danois Jyllands Poster, a provoquĂ© d’importantes manifestations dans le monde arabe et musulman, exacerbant les tensions.

Le basculement consécutif aux attentats du 11 septembre 2001

Le raid du 11 septembre 2001 sur les symboles de la puissance amĂ©ricaine: L’Hypotonie du Monde arabe.

L’attentat du 11 septembre 2001 contre les symboles de l’hyperpuissance amĂ©ricaine, commis par les anciens pupilles des AmĂ©ricains, a constituĂ© un tournant majeur dans l’opinion occidentale, suscitant une islamophobie gĂ©nĂ©ralisĂ©e, amplifiĂ©e par les attentats terroristes commis dans les grandes capitales europĂ©ennes Ă  la faveur de la sĂ©quence dite du printemps arabe.

Acte fondateur d’une nouvelle forme de subversion trans nationale anti occidentale tout autant qu’un acte de rupture avec l’ordre arabe ancien, le «Mardi Noir» -l’implosion de bombes humaines volantes contre les symboles Ă©conomiques et militaires de la puissance amĂ©ricaine, le Pentagone Ă  Washington et les Tours jumelles du Word Trade Center Ă  New York,- a modifiĂ© radicalement les formes du combat politicio militaire.

La stratĂ©gie cathartique initiĂ©e entre les anciens partenaires essentiels de l’époque de la guerre froide soviĂ©to-amĂ©ricaine, -les islamistes de la mouvance saoudienne anti soviĂ©tique et leur parrain amĂ©ricain- a surtout dĂ©montrĂ© la corrosivitĂ© de l’instrumentalisation abusive de la religion comme arme du combat politique et mis Ă  nu la cĂ©citĂ© politique amĂ©ricaine.

De la prĂ©gnance d’une posture proto-fasciste de discrimination : Le cas de la France

Certes, Donald Trump a dĂ©crĂ©tĂ© un «Muslim Ban» Ă  usage sĂ©lectif, mĂ©nageant les riches pays musulmans, tels l’Arabie saoudite ou les Emirats Arabes Unis, mais frappant d’interdit des pays tels que le YĂ©men, la Syrie, les Palestiniens etc.. Le message subliminal des pays occidentaux au reste du Monde pourrait se dĂ©crypter ainsi: Oui aux capitaux exotiques, non Ă  l’immigration basanĂ©e, particuliĂšrement musulmane, comme a tendu Ă  la dĂ©monter la crise des subprimes, en 2008 et la guerre d’Ukraine, en 2022.

Le cas de la France

Au sein des pays occidentaux, la France se distingue particuliĂšrement. Il fut un temps oĂč la France par la voix du MarĂ©chal Hubert Lyautey, «MarĂ©chal de l’Islam», avait prĂ©conisĂ© un «Califat Occidental».

La mal nommĂ©e «Ad Dawla Al Habiba», (l’Etat bien aimĂ©)- se vivait comme la «premiĂšre puissance de l’Islam arabe», face Ă  la Grande Bretagne, «premiĂšre puissance musulmane au Monde» avec l’Union Indienne englobant davantage de musulmans que la totalitĂ© des pays musulmans rĂ©unis, sous l’autoritĂ© française.

La France se vivait, en ces temps-lĂ ,  vizir Ă  la place du vizir, calife Ă  la place du calife, survivance d’une islamologie coloniale.

Mais la guerre de Syrie s’est rĂ©percutĂ©e tragiquement sur la France, le chef de file de la coalition islamo-occidentale, avec le double attentat contre Charlie Hebdo et le Bataclan. Ce double carnage a fait l’effet d’un Ă©lectrochoc tragique  en ce que ce crime odieux a Ă©tĂ© la rĂ©sultante d’un tĂ©lescopage tragique d’une double fuite: La fuite de la RĂ©publique et la fuite des paumĂ©s de l’Islam. Et rĂ©vĂ©lĂ© au monde mĂ©dusĂ© la face hideuse de «la patrie de la dĂ©claration des droits de l’homme.

Cette  France lĂ   se dĂ©bat dans les remugles de son histoire, Ă  l’arriĂšre plan d’un dĂ©bat nausĂ©abond sur le voile, la burqa, le «sĂ©paratisme», «le grand remplacement», «l’équipe de France black black black risĂ©e de l’Europe» qui propulse nĂ©anmoins Ă  l’AcadĂ©mie Française l’auteur de cette saillie raciste, Alain Finkielkraut, des «territoires perdus de la RĂ©publique» du seul pays se rĂ©clamant de la laĂŻcitĂ© mais nĂ©anmoins un des principaux soutiens des groupements terroristes islamistes dans les guerres contre la Libye et la Syrie. Un dĂ©bat cyclique. Un dĂ©bat inĂ©puisable mais si Ă©puisant pour un pays animĂ© d’une vision invraisemblablement Ă©gocentrique, la France, en ce qu’il rĂ©vĂšle et sa fragilitĂ© et la friabilitĂ© de sa sociĂ©tĂ©.

L’Islam en Occident, particuliĂšrement en Europe, est le premier groupement ethnico religieux identitaire sĂ©dimentĂ© hors de la sphĂšre grĂ©co romaine et judĂ©o-chrĂ©tienne. Ce n’est pas tant l’Islam qui fait peur, mais son positionnement gĂ©ostratĂ©gique. Religion de dimension planĂ©taire, en phase ascendante, alors que la chrĂ©tientĂ© en Occident est en reflux du fait de la laicisation des sociĂ©tĂ©s, l’Islam se dĂ©ploie sur le flanc sud de l’OTAN, tout au long de la façade mĂ©ridionale de la MĂ©diterranĂ©e, aux confins de la Russie et de la Chine.  Une mer humaine musulmane de 1,5 milliards de personnes de Tombouctou Ă  Kaboul, dont la continuitĂ© est entravĂ©e par une enclave exogĂšne: le foyer Balfour en Palestine. Ce n’est donc pas tant l’Islam qui est phobique, mais son continium stratĂ©gique. Le Muslim Green Belt. LĂ  rĂ©side le danger. VoilĂ  le repoussoir.

Pour aller plus loin sur ce thĂšme, cf ce lien

ReneNaba
RenĂ© Naba | Journaliste, Ecrivain, En partenariat avec https;//www.Madaniya.info Français d’origine libanaise, jouissant d’une double culture franco arabe, natif d’Afrique, juriste de formation et journaliste de profession ayant opĂ©rĂ© pendant 40 ans au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe, l’auteur dont l’expĂ©rience internationale s’articule sur trois continents (Afrique Europe Asie) a Ă©tĂ© la premiĂšre personne d’origine arabe Ă  exercer, bien avant la diversitĂ©, des responsabilitĂ©s journalistiques sur le Monde arabo-musulman au sein d’une grande entreprise de presse française de dimension mondiale.

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