Marianne Hoayek est accusée d’avoir reçu des fonds détournés de la banque centrale du Liban

Marianne Hoayek , conseillère principale à la Banque centrale du Liban et ancienne assistante du gouverneur Riad Salamé, a été inculpée de blanchiment d’argent dans le cadre d’une enquête sur le détournement présumé de plus de 330 millions de dollars.

Elle a également été mise en examen pour association de malfaiteurs et placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact et d’exercice à la banque centrale, et obligation de verser une caution de 1,5 million d’euros après son audition devant un juge en France vendredi.

Mme Hoayek , 43 ans, est soupçonnée d’avoir reçu des fonds détournés de la Banque centrale du Liban par l’intermédiaire de Forry Associates, une société détenue par le frère de Riad Salamé, Raja Salamé. Il est soupçonné d’avoir joué un rôle central dans un prétendu stratagème de blanchiment d’argent au sein de la banque centrale.

Les enquêteurs soupçonnent que Forry a été créé pour siphonner de l’argent en prélevant une commission de 0,38 % sur la Banque du Liban chaque fois qu’elle achetait des instruments, notamment des certificats de dépôt, des euro-obligations et des bons du Trésor, sans effectuer aucun service en échange.

L’argent a ensuite été utilisé pour acheter des propriétés coûteuses en Europe, notamment en Allemagne, en France et en Belgique, et au Royaume-Uni appartenant au gouverneur et à ses proches.

“Marianne Hoayek conteste ces accusations et apportera la preuve que ces fonds provenaient principalement des dons de son père”, a déclaré à l’AFP son avocat Mario Stasi. Le défunt père de Mme Hoayek était un riche homme d’affaires.

Selon une demande d’assistance divulguée par des enquêteurs suisses à la justice libanaise en 2021, Mme Hoayek est soupçonnée d’avoir reçu au moins 1,1 million de dollars de Forry par l’intermédiaire de sa société, Rise Invest SA, entre 2008 et 2013.

La Suisse est l’un des six pays européens, avec la France, à enquêter sur les transactions liées au détournement présumé de la banque centrale.

En mars 2022, les autorités françaises, allemandes et luxembourgeoises ont saisi des actifs d’une valeur de 120 millions d’euros (130 millions de dollars) liés à M. Salamé dans le cadre d’une opération coordonnée.

Il s’agit de la troisième mise en examen dans l’enquête française contre le gouverneur depuis que l’affaire a été confiée à la juge Aude Buresi en 2021.

En mars, Marwan Kheireddine , directeur général de la banque libanaise Al Mawarid , a été mis en examen à Paris pour les mêmes chefs d’accusation. Il est soupçonné d’avoir falsifié des documents bancaires pour rendre compte de la richesse de Riad Salamé.

En juillet 2022, Anna Kosakova , 46 ans, la compagne amoureuse de Riad Salamé, a également été mise en examen pour association de malfaiteurs, blanchiment organisé et fraude fiscale aggravée.

Autrefois salué comme le gardien du secteur financier, M. Salamé, 72 ans, fait maintenant face à des accusations croissantes concernant l’effondrement financier du pays.

Il a nié tout acte répréhensible.

Il a déclaré avoir accumulé sa fortune en travaillant pour la banque d’investissement américaine Merrill Lynch avant d’assumer le rôle de gouverneur de la banque centrale en 1993.

Les justices française et allemande ont émis des mandats d’arrêt contre Riad Salamé pour des accusations de blanchiment d’argent et de fraude, ce qui a conduit Interpol à publier une notice rouge en mai.

Il a ensuite été interrogé par un juge libanais à Beyrouth, qui lui a confisqué ses passeports français et libanais et lui a interdit de quitter le pays, sans prendre de décision quant à son éventuelle révocation.

M. Salamé continue d’exercer les fonctions de gouverneur de la banque centrale jusqu’à l’expiration de son mandat en juillet.

Article écrit en anglais par Nada Maucourant Atallah et publié sur https://www.thenationalnews.com/mena/lebanon/2023/07/01/former-aide-of-riad-salameh-charged-in-embezzlement-investigation-in-france/.

Nada Maucourant Atallah
Nada Maucourant Atallah est correspondante au bureau de Beyrouth de The National, un quotidien de langue anglaise publié aux Émirats arabes unis. Elle est une journaliste franco-libanaise avec cinq ans d'expérience au Liban. Elle a auparavant travaillé pour L'Orient-Le Jour, sa version anglaise L’Orient-Today et le journal d'investigation français Mediapart, avec un accent sur les enquêtes financières et politiques. Elle a également fait des reportages pour divers médias français tels que Le Monde Diplomatique et Madame Figaro.

Un commentaire?

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.