Riad Salamé sur Al Hadath, 24 mai 2021

Le gouverneur de la Banque du Liban annonce son départ à la fin de son mandat qui s’achève en aout prochain dans une interview accordée à  AlQahera News, un média égyptien. Pour rappel, Riad Salamé était gouverneur de la BdL depuis 1993 et à l’origine de la politique de maintien de parité à 1507 LL/USD, une parité surestimée que beaucoup considèrent comme étant à l’origine des tensions monétaires aujourd’hui, la parité réelle dépassant amplement ce taux de change.

Cette information intervient alors qu’une prolongation du mandat de Riad Salamé, confronté à de nombreuses procédures judiciaires pour détournement de fonds ont été ouvertes en France, en Allemagne ou encore en Belgique et au Luxembourg avec la mise en examen de plusieurs de ses proches et que la parité officieuse de la livre libanaise face au dollar s’est fortement dégradée, perdant plus de 98% de sa valeur en 4 ans de crise.

Par ailleurs, aucun candidat ne s’est déclaré pour prendre sa succession en raison de l’énormité de la crise financière considérée comme l’une des pires au monde depuis la moitié du XIXème siècle selon les auteurs d’un rapport de la Banque Mondiale. Cette crise a amené 85% de la population à vivre sous le seuil de pauvreté et même un tiers à être en insécurité alimentaire.

Riad Salamé a également estimé que la crise économique était due à l’instabilité politique en cours et que l’insuffisance des réserves de devises avait provoqué des taux de change parallèles, rendant responsable le gouvernement Diab pour avoir annoncé un état de défaut de paiement, alors que parallèlement les réserves nettes de la BdL seraient négatives depuis 2015.

Les observateurs économiques notent cependant que la première crise de liquidité a eu lieu dès l’été 2019, alors que la BdL avait remboursé à la place du ministère des finances, des eurobonds arrivant à maturité en mai puis en novembre 2019, bien avant qu’un état de défaut ne soit annoncé par les autorités libanaises en avril 2020 et qu’un contrôle des capitaux informel avait été mis en place par les banques dès novembre 2019, amenant les agences de notation à considérer les banques locales en défaut de paiement sélectif.

Riad Salamé a également indiqué que les réserves de change du Liban seraient actuellement estimée à 10 milliards de dollars tout en se déclarant favorable à l’unification de tous les taux de change, une condition nécessaire au déblocage de l’aide internationale via l’achèvement des négociations avec le FMI alors que les observateurs économiques notent que la BdL a mis en place ces dernières annes plusieurs taux de change, un taux de change officiel de 1507 LL/USD porté début février à 15 000 LL/USD mais aussi un taux de retrait des dépôts en lollars porté d’abord à 3900 LL/USD puis à 8 000 LL/USD puis à 12 000 LL/USD ainsi que le taux de change de la plateforme électronique Sayrafa de la BdL, des taux de change multiples à ajouter à celui des marchés parallèles.

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