De nouveaux rapports émergent sur les menaces encourues dans le port de Beyrouth. Ainsi, un entrepreneur américain travaillant avec les autorités américaines avait mis en garde contre une possible explosion à l’intérieur de l’enceinte du port, 4 ans avant qu’elle n’interviennent, confirment certaines sources à Washington.

Il aurait ainsi souligné le manque de sécurité des installations portuaires pour le stockage de produits chimiques dangereux dont ceux qui pourraient être à l’origine de l’incendie ou de l’explosion.

Son témoignage a été noté dans un rapport de 4 pages du Département d’Etat des Etats-Unis, jusque là confidentiel, republié par le New York Times. Le département d’état américain n’aurait pas enregistré ce rapport jusqu’à l’explosion du 4 août.

Certains pays, toujours selon la source du quotidien, auraient été surpris et dénoncent le fait que les Etats-Unis aient eu connaissance de cette information sans les informer. Plusieurs représentations diplomatiques occidentales à Beyrouth ont perdu certains de leurs membres, comme l’Allemagne ou encore les Pays-Bas dont l’épouse de l’ambassadeur au Liban est décédée.

Le rapport n’est pas marqué confidentiel mais à contenu sensible.

Ainsi, les Etats-Unis notent que le nom des différents responsables libanais informés de l’existence de nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth. Ce dernier était arrivé en 2013 au Liban. Le rapport indique qu’un consultant américain travaillant pour l’Armée des Etats-Unis et coopérant avec la marine libanaise de 2013 à 2016 avait noté cette présence lors d’une inspection en 2016. Il aurait ainsi informé les responsables du port du stockage inadéquat de nitrate d’ammonium.

Pour l’heure, le New York Times indique qu’il aurait également communiqué immédiatement ses observations aux autorités américaines notamment à l’ambassade des Etats-Unis, au Département d’Etat ou au Pentagone.

Des sources diplomatiques probablement occidentales estiment, selon le quotidien, que les Etats-Unis auraient alors dû informer les autorités libanaises afin qu’elles puissent transférer le nitrate d’ammonium.

Le rapport de l’ambassade américaine au Liban exprime des doutes sérieux quant aux premières explications des autorités officielles libanaises quant à l’origine de l’incendie, notant l’hypothèse à ce que des munitions stockées dans le port aient pu créer la force nécessaire pour permettre l’explosion du nitrate d’ammonium.

La cause du feu de départ est pour l’heure, selon le rapport que s’est procuré le NY Times demeure inconnue, feux d’artifice, munitions ou quelque chose d’autre inconnu à l’heure actuelle.

La publication de ce rapport intervient alors que le secrétaire général du Hezbollah Sayyed Hassan Nasrallah a pour le moment démenti que des armes du mouvement chiite aient été présentes sur les lieu. De source diplomatique, on doute également que le Hezbollah puisse stocker du nitrate d’ammonium sans prendre les précautions d’usage.

Des diplomates américains à Beyrouth et les services de renseignement des Etats-Unis notent que si le Hezbollah contrôle l’aéroport et de nombreux points de passage frontaliers avec la Syrie, il n’utilise pas le port de Beyrouth. Quant aux autorités israéliennes, ils accusent le mouvement chiite d’avoir mis en place des lieux de stockages dans le port. Cependant, le journal indique que l’état hébreu ne possède pas de preuve concluante à ce sujet.

Quant à l’enquête, les autorités libanaises, estime le quotidien, chercheraient à bloquer la possibilité à ce qu’elle soit conduite par une commission internationale pour cacher de plus larges problèmes liés au fait que le port de Beyrouth était contrôlé non pas par le Hezbollah seulement mais par de multiples partis politiques. Il s’agirait de ne pas exposer l’étendue de leurs incompétences et de leurs corruptions. “Tous les partis ont une part dans le port et l’utilisent pour faire entrer ou sortir toute sorte de marchandises, armes, automobiles et cash”, note un analyste de la CIA.